Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder, un siècle après le Congrès de Tours de décembre 1920, la naissance du parti communiste en France. Le texte de cet exposé est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposons à partir d’aujourd’hui en feuilleton sur notre blog « lo argenteuil »
Le jeune parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme
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Avant le congrès de Tours : des années décisives
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Grèves en France en 1919
En France il n’y eut pas de vague révolutionnaire. Malgré le 1,4 million de morts, les « gueules cassées », la destruction de régions entières, l’endettement monstrueux et l’inflation qui en résultait, la France se retrouvait en novembre 1918 du côté des vainqueurs. L’ivresse de la victoire donna un répit à la bourgeoisie française.
Pour autant, la guerre avait politisé toute une génération de travailleurs et de jeunes intellectuels. Ces jeunes « nés de la guerre » ne voulaient plus du capitalisme responsable de la boucherie mondiale. Malgré l’armistice, la France poursuivait la guerre contre l’Armée rouge, en Ukraine, en Roumanie, en Pologne. En avril 1919, des mutineries éclatèrent dans la flotte française de la mer Noire.
La vie chère, les lenteurs de la démobilisation, la poursuite de l’exploitation dans les usines, déclenchèrent au printemps 1919, une vague de grèves, dans les mines de Lorraine, dans la confection au Havre et surtout dans la métallurgie parisienne. Pour tenter de les juguler Clemenceau concéda la journée de 8 heures et mit en place des conventions collectives à négocier entre patronat et dirigeants syndicaux. Cela ne suffit pas. En juin 1919, 160 000 ouvriers métallurgistes étaient encore en grève.
Ces grèves étaient minoritaires mais très politiques. En juin, Pierre Monatte écrivait : « De mécontentement en mécontentement, de grève en grève, de grève mi-corporative et mi-politique à grève purement politique, on va tout droit à la faillite de la bourgeoisie, c’est-à-dire à la révolution. » Mais Monatte se trompait sur un point : ces grèves ne pouvaient pas aller àla révolution spontanément. La direction de la CGT, Léon Jouhaux en tête, fit tout pour que ces grèves ne se généralisent pas. Elle ne permit pas que les travailleurs prennent confiance dans leur force collective.
Trotsky précisait : « Ces grèves spontanées qui tendent à se transformer en initiatives révolutionnaires ne peuvent mener à la victoire sans l’existence d’une organisation révolutionnaire authentique qui ne mente pas aux travailleurs, qui ne les trompe pas, qui ne les enferme pas dans les cloaques du parlementarisme ou de la collaboration de classes, mais les conduise, sans dévier d’un pouce, vers le but final.[1] »
1 Trotsky, Le socialisme français à la veille de la révolution, 20 novembre 1919
(Demain : Avant le congrès de Tours : des années décisives, Les révolutionnaires, divisés et dispersés dans la SFIO et dans la CGT)
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