Italie :
Se défendre du virus, mais aussi de l’après-virus
18 Mars 2020
Cet article émane de nos
camarades de l’Internazionale (Italie – UCI)
Le coronavirus, exigerait, étant
donné sa diffusion mondiale, la mise en commun des connaissances et des moyens
des laboratoires de tous les pays du monde. Cette affirmation n’est pas
particulièrement originale mais relève du simple bon sens. Qu’est-ce qui
l’empêche ? Deux piliers de l’ordre social mondial : les États
nationaux et une économie basée sur le profit dans laquelle les grandes entreprises,
y compris celles du secteur pharmaceutique, sont occupées à faire la guerre les
unes aux autres.
Il est vrai que la recherche d’un
vaccin a mis en branle les centres de recherche du monde entier. Mais ce grand
travail essentiel, dans lequel sont impliqués les meilleurs scientifiques, est
freiné par les limites des moyens que chaque État, aussi riche soit-il, peut y
consacrer. D’après le fonds de gestion AB Bernstein, quatre grandes entreprises
multinationales se partagent 85 % du marché mondial des vaccins. La mise
au point d’un vaccin, comme le Gardasil pour le papillomavirus, par le groupe
germano-américain Merck, lui rapporte plus d’un milliard de dollars par an. On
comprend donc que pour protéger leurs brevets, les géants pharmaceutiques
restent le plus possible sur la réserve quant aux progrès réels de leurs
laboratoires de recherche.
De leur côté, les gouvernants et
les classes dirigeantes en général sont préoccupés par les désordres que
l’expansion de l’épidémie pourrait provoquer. Par ailleurs, le virus ne
semblant pas disposé à les épargner eux-mêmes, ils le perçoivent comme une
menace les concernant directement. Comme face à toutes les catastrophes
naturelles, ils cherchent aussi à créer un climat d’unité nationale pour
renforcer le pouvoir du gouvernement et mettre en sourdine les difficultés
sociales que plusieurs années de crise économique ont entraînées pour les
travailleurs et les couches les plus pauvres des différents pays. Cet appel à
la solidarité nationale est de plus en plus souvent accompagné d’attaques
contre « les autres ». En Italie, certains s’en prennent aux autres
pays européens, comme la France et l’Allemagne, auxquels ils souhaitent quasi
ouvertement une propagation du virus aussi virulente qu’elle peut l’être ici.
Mais il faut bien faire face à la
réalité. En Italie, les coupes budgétaires de 37 milliards en dix ans dans le
secteur de la Santé ont représenté 70 000 lits supprimés, 359 secteurs
fermés et de nombreux hôpitaux petits et moyens fermés. Comme l’a dit le
spécialiste des maladies infectieuses Massimo Galli dans une interview
télévisée : « On ne peut pas refuser d’acheter un parapluie au prétexte
qu’il ne pleut pas parce que, tôt ou tard, il finira par pleuvoir ».
Des journalistes bien payés
tentent maintenant d’expliquer que les économies sur la Santé sont le résultat
des mesures prises par les différents gouvernements pour soulager la
pauvreté : des quatre-vingt euros du gouvernement Renzi au revenu de
citoyenneté et à la possibilité de prendre sa retraite à 60 ans avec 40 annuités
du gouvernement Ligue-5 Étoiles. Mais cela ne représente que quelques miettes
par rapport aux énormes profits et à l’accumulation démesurée de richesses par
la minorité privilégiée du pays. Mais comme d’habitude, et toujours grâce à la
collaboration active des « éditorialistes », les profits et les
rentes sont exclus de toutes les analyses et de tous les raisonnements tandis
qu’on nous répète jusqu’à la nausée que « chacun doit faire sa
part ».
Le dernier décret du Conseil des
ministres a étendu à toute l’Italie les mesures restrictives limitées à
l’origine à la Lombardie et aux régions du Nord. De nombreuses voix s’élèvent
maintenant de toutes parts pour réclamer le blocage total des activités
économiques et commerciales, à l’exception de celles liées à l’alimentation et
au secteur pharmaceutique et sanitaire. Les dégâts économiques sont d’ores et
déjà énormes et le gouvernement promet différentes formes de
« soutien » à ceux qui restent sans revenus.
Les travailleurs, en particulier
ceux des petites entreprises, doivent exiger la réalisation de ces promesses.
L’interdiction de rassemblement du décret gouvernemental ne doit pas empêcher
l’organisation et la vigilance des travailleurs. Pendant quelques semaines, il
ne sera pas possible de se réunir, ni d’organiser des assemblées générales.
Mais la technologie nous donne les moyens de nous retrouver et d’échanger des
informations.
Nous devons empêcher que se
prépare un « après-épidémie » payé par les travailleurs, avec plus de
travailleurs licenciés et des droits encore plus restreints pour ceux qui
restent au travail.
11 mars 2020
L’Internazionale
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