samedi 18 janvier 2020

Louvre, Léonard de Vinci et la grève


Un grand moment de lutte de classe… et de solitude


Nous avions réservé en octobre pour l’exposition Léonard de Vinci au Louvre. C’était pour hier matin à 9 heures 30. Arrivés à 9 heures, nous avions bien vu qu’il y avait quelque chose d’inhabituel. Le Louvre était bloqué complètement, pour la première fois depuis le début du mouvement pour le retrait de la réforme Macron.
         C’est la première fois que nous avons côtoyé un public aussi hostile. S’il y avait des personnes solidaires du mouvement, elles étaient bien silencieuses (cela dit, des reportages en montraient hier au soir). Le ton était hargneux contre les grévistes. S’ils l’avaient pu, certains, hors d’eux, les auraient frappés avec joie.
         Cela m’a rappelé mes lectures à propos de la Commune de Paris, lorsque les Communards enchaînés se firent injuriés sur la route de Versailles et reçurent du monde bourgeois les coups d’ombrelle et des crachats que le mouvement des travailleurs prenant le pouvoir avait tellement inquiétés.
         Ce public de vieux, je ne les caractériserais pas d’anciens, réactionnaire, consomme la culture comme les vins fins, pour elle-même. Que les travailleurs se battent et mettent un instant un obstacle sur leur route, on le voit devenir enragé.
         Pour le gros de ces gens-là, que savent-ils de la retraite des travailleurs. Leur retraite, c’est non seulement celle de leur situation de dominants, leurs actions et leurs immeubles.
         Prolétaires, nous n’avons pas l’occasion de côtoyer ce monde. C’était une première, et donc un certain moment de solitude.
         Après avoir assuré les grévistes de notre soutien, nous sommes repartis vers Saint-Lazare.
         Léonard nous pardonnera. Ses tableaux et ses croquis, ce sera pour une autre vie. Mais comme le disait un jeune interrogé : "Les œuvres de Léonard seront toujours là, mais la culture... ". DM

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