Noyades :
la faute à l’imprudence… et à l’État
Face à l’augmentation du nombre
de noyades, le gouvernement a mis en garde : « Il y a des morts évitables
dans un épisode caniculaire », a ainsi expliqué Édouard Philippe, «
parce que la chaleur, la tension parfois, fait prendre des risques. »
Une
enquête de Santé publique France a noté une hausse du nombre de noyades
accidentelles, passées de 1 266 en 2015 à 1 649 en 2018 (+ 30 %). Chaque
été, 400 à 500 personnes meurent en se noyant. À qui la faute ?
L’immense
majorité des noyades a lieu en cours d’eau, en plan d’eau ou en mer, seules
5 % des noyades ayant lieu dans les piscines collectives, où se baigner
est plus sûr. Les noyades sont pour la plupart évitables. En France, une
personne sur six déclare ne pas savoir nager. Cela concerne d’abord les plus
âgés : 35 % des 65-75 ans, contre 5 % des 15-24 ans. Mais ces
taux dissimulent d’importantes inégalités sociales et géographiques.
En
Seine-Saint-Denis par exemple, un des départements les plus pauvres de France,
seul un enfant sur deux sait nager à l’entrée en classe de sixième. Apprendre à
nager nécessite au bas mot 30 heures de pratique pour un enfant. Cela n’est pas
énorme. Il faut pour cela des maîtres-nageurs mais aussi des créneaux de nage
pour les écoliers, les collégiens, les lycéens. Or les communes populaires sont
souvent les moins bien loties en piscines. Construire et faire fonctionner une
piscine coûte de l’argent, surtout dans une période où les dotations de l’État
aux collectivités locales sont réduites.
Mais, en
comparaison avec d’autres dépenses publiques, par exemple les sommes colossales
investies pour les Jeux olympiques de 2024, celles qu’il faudrait engager pour
construire des piscines sont faibles. Autrement dit, c’est l’État et ses choix
contre les plus pauvres qui est d’abord responsable du manque de piscines, de
maîtres-nageurs, et donc de l’insuffisante maîtrise de la nage par une partie
de la population.
Michel BONDELET (Lutte ouvrière n°2657)
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