Assurance
chômage : de nouvelles attaques
La réforme des allocations
chômage a d’abord un objectif, fixé par le gouvernement : économiser au minimum
3,4 milliards d’euros entre novembre 2019 et la fin de l’année 2021.
La réforme a été préparée par une
série d’arguments contre les gens privés d’emploi. En particulier, la prétendue
baisse du chômage permet de justifier un durcissement des conditions d’accès à
son indemnisation. Le gouvernement ne cesse de répéter que les demandeurs
d’emploi refusent des emplois parce que les allocations qu’on leur verse
seraient trop importantes.
Sur la base de ces fables, le
gouvernement vient de trancher en imposant de nouvelles conditions pour être
indemnisé. Il faudra avoir travaillé six mois sur les 24 mois écoulés, au lieu
de quatre mois sur les 28 écoulés, soit une proportion plus importante. Voilà
de quoi écarter des dizaines de milliers de travailleurs de la possibilité
d’avoir une allocation chômage.
Le projet est aussi d’imposer des
conditions beaucoup plus dures pour recharger ses droits au chômage. Alors
qu’il fallait 150 heures de travail, il en faudra six fois plus.
C’est aussi le montant de
l’allocation qui est revu à la baisse par le biais d’un changement du calcul
qui concernera en particulier tous ceux qui travaillent quelques jours par
mois. Les indemnités chômage seront calculées sur le revenu mensuel moyen, et
non sur les jours travaillés dans le mois. Cette seule mesure rapportera 590
millions d’euros sur trois ans, selon la ministre.
Un tiers des ruptures de contrat
proviennent de contrats de moins d’un jour, preuve que ce ne sont pas les
travailleurs qui courent après les contrats dits courts. Les pénaliser en plus
sur ce qu’ils toucheront chaque mois, c’est leur faire subir une double peine.
Pour faire bonne mesure, quelques
sanctions contre une partie des patrons usant de ces contrats courts sont en
discussion. Dans sept secteurs uniquement, et dans les entreprises de plus de
10 salariés, la cotisation chômage patronale augmentera de 0,95 % au
maximum sur les contrats de moins d’un mois. En sens inverse, ceux qui usent de
contrats de plus d’un mois bénéficieront d’une baisse de leur cotisation de
1,05 % maximum. Cependant la ministre Muriel Pénicaud a annoncé que les
discussions avec le patronat vont continuer et il est probable que de nouveaux
secteurs obtiendront des aménagements supplémentaires.
Le gouvernement introduit aussi
la dégressivité des allocations pour les cadres ayant touché mensuellement plus
de 4 500 euros brut. Au bout de sept mois de chômage, leur allocation
baisserait de 30 %. Outre qu’elle est purement démagogique, cette mesure
prépare la dégressivité de toutes les allocations, y compris les plus
misérables.
Une des rares mesures positives
annoncées concernera une toute petite partie des démissionnaires, qui malgré
tout avoir travaillé cinq ans dans la même entreprise pour prétendre à une
allocation. Les indépendants, eux, se verront accorder 800 euros pendant six
mois.
Alors que chaque semaine des
suppressions d’emplois sont annoncées, cette réforme est une attaque en règle
contre les chômeurs et en réalité, contre tous les travailleurs. Il ne faut pas
la laisser passer.
Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2655)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire