mardi 16 avril 2019

Algérie, Soudan : des leçons et un avertissement pour les travailleurs


Algérie, Soudan : des leçons et un avertissement pour les travailleurs

La montagne du « Grand débat » a donc accouché de la souris de quelques mesures annoncées par Macron lundi soir. Médias et politologues auront beau peser le peu qu’elles apportent aux plus démunis et en faire le centre de l’actualité, cela ne changera rien au fait que la vie devient de plus en plus difficile pour un nombre toujours plus grand d’exploités et à l’abandon croissant de tous les services qu’on dit encore publics : hôpitaux, écoles, Ehpad… Et tout cela pendant que les grandes fortunes continuent à s’accroître, au détriment des classes populaires.

Et même le peu que le pouvoir a lâché aux plus démunis ne l’a été que parce que le mouvement des gilets jaunes a témoigné de la colère de ceux qui ne possèdent pas de capitaux leur permettant de parasiter le travail de la classe ouvrière.

Ce que le mouvement de protestation a montré ici, en France, nous est montré, avec une ampleur bien plus puissante, en Algérie et au Soudan, où la vie est bien plus difficile encore pour les exploités et où aux inégalités s’ajoute une dictature ouverte : seule la réaction venue d’en bas peut faire reculer le pouvoir exercé au profit exclusif des grands possédants.

En Algérie, après des semaines de manifestations qui ont commencé en février, la population a obtenu la démission de Bouteflika, qui était au pouvoir depuis vingt ans. Le nouveau gouvernement a promis la tenue d’un scrutin présidentiel le 4 juillet prochain. Il espère ainsi canaliser l’aspiration au changement exprimée par la population et faire élire un homme qui assurerait la continuité du régime. Les manifestations qui viennent d’avoir lieu dans tout le pays le 12 avril montrent que la majorité de la population ne veut pas se contenter d’un ravalement de façade et refuse d’accorder la moindre confiance à ceux qui ont dirigé le pays avec Bouteflika en réprimant toute opposition.

Au Soudan, depuis quatre mois, des manifestations se déroulaient contre le renchérissement des produits de première nécessité. Malgré la répression, elles n’ont cessé de s’amplifier. Finalement, le 11 avril, l’armée a décidé de lâcher le dictateur en place depuis 30 ans, organisant un coup d’État pour mettre en place un « Conseil militaire de transition ».

Les travailleurs et les classes populaires qui se sont mobilisées  massivement en Algérie et au Soudan contre la dictature ont montré qu’en luttant collectivement et d’une façon déterminée, ils représentent une force énorme.

Mais ce qui se passe aussi bien en Algérie qu’au Soudan nous montre aussi que cette force ne peut être efficace qu’à condition d’être guidée par une politique qui se place du point de vue des intérêts de classe des exploités. Cela nécessite que les exploités se donnent une organisation représentant à la fois ces intérêts et une perspective pour l’ensemble de la société.

La grande bourgeoisie, les classes privilégiées ont à leur disposition un arsenal politique et des forces de répression pour défendre leur domination. Ces serviteurs politiques ou militaires ont les moyens d’inventer une multitude de subterfuges pour tromper la majorité pauvre de la population et tenter de la conduire vers des voies de garage. Et si ces subterfuges ne suffisent pas, ils feront appel à la répression. En Algérie, de façon encore un peu déguisée, au Soudan de façon brutale, c’est l’état-major de l’armée qui joue le rôle de centre dirigeant pour offrir une solution à la classe dominante.

Eh bien, la principale leçon à en tirer pour les classes exploitées, et avant tout pour le prolétariat, c’est qu’il faut qu’elles disposent d’organisations susceptibles de devenir un état-major face à ceux de la bourgeoisie, à commencer par un parti en lequel elles se reconnaissent et qui sache opposer aux choix politiques de la bourgeoisie une politique favorable aux masses populaires.

L’autre leçon, c’est que la classe privilégiée n’abandonne jamais sans combattre. « Qui a du fer a du pain » disait Blanqui, un grand révolutionnaire du 19ème siècle parlant de l’armement des classes opprimées. Ce qui s’est passé en Égypte est l’illustration de ce que font les oppresseurs à un peuple désarmé.

La lutte que mènent aujourd’hui les travailleurs en Algérie et au Soudan, c’est aussi la nôtre, travailleurs de France, celle que nous avons à mener pour renverser le pouvoir politique et économique de la classe privilégiée et pour mettre fin à la mainmise du grand capital sur la vie de la société.

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