Lutte ouvrière
dans les élections européennes (3) La suite de l’article de notre revue Lutte
de classe de mars-avril 2019 sur papier ((2,5 euros) ou :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2019/03/09/lutte-ouvriere-dans-les-elections-europeennes_117795.html
Contre le grand capital, le camp des
travailleurs
Nous nous présentons pour
défendre le droit élémentaire des classes populaires à une vie digne de ce 21e
siècle, sur le plan matériel comme sur celui, immatériel, de la dignité
humaine.
Même pour imposer ce droit, il
faut exproprier la classe capitaliste, lui enlever la propriété des grandes
usines, des banques, des chaînes de distribution, des grands moyens de
production et les mettre à la disposition de la collectivité.
La classe ouvrière ne pourra
accéder à la conscience claire de cette nécessité qu’au travers de luttes pour
sa survie. Mais, pour que ces luttes ne soient pas détournées vers des voies de
garage ou, pire encore, n’alimentent pas des forces politiques violemment
hostiles à la classe ouvrière, il faut aux travailleurs un programme de lutte,
des objectifs et une organisation. Il faut un parti ouvrier révolutionnaire.
Pendant la courte période où le
mouvement des gilets jaunes se développait et portait le désespoir et la
révolte des catégories parmi les plus écrasées du monde du travail – ouvriers
de petites entreprises, retraités, chômeurs – il a soulevé une multitude de
problèmes. Ces questions, largement popularisées, doivent nous guider dans la
formulation concrète de nos interventions.
Les gros contingents de la classe
ouvrière, ceux des grandes entreprises, ne se sont pas mis en mouvement. Mais
ils se sont retrouvés dans les problèmes soulevés, car c’étaient aussi les
leurs. D’où la sympathie dont le mouvement a bénéficié parmi les travailleurs.
D’où aussi le nombre de travailleurs,
y compris de grosses entreprises, qui étaient attirés vers les ronds-points et
dans les manifestations.
D’où les discussions que tout
cela a entraînées, rompant avec le climat de résignation, ne serait-ce que du
fait que certains ont osé ! Cela a été l’apport principal du mouvement des gilets
jaunes.
Qu’en restera-t-il au fil du
temps, de la stabilisation et du recul du mouvement ?
Les problèmes posés demeurent et
les mouvements de contestation à venir – il y en aura inévitablement devant les
attaques de la bourgeoisie – tourneront autour des mêmes questions, dès lors
qu’ils entraîneront telle ou telle catégorie du monde du travail.
Problèmes liés au chômage et au
pouvoir d’achat des salariés comme des retraités. Questions liées aux
injustices sociales, à l’inégalité croissante entre le monde des exploités et
celui des exploiteurs. Questions autour de la politique du gouvernement et de
l’absence de transparence de ses décisions.
Les questions posées sont déjà
récupérées, et le seront de plus en plus, par des courants politiques
représentant diverses options pour la bourgeoisie, allant de la gauche
réformiste à la Mélenchon à l’extrême droite dans toutes ses variantes, y
compris les plus ouvertement fascistes. En apportant leurs propres réponses, tous
ces courants interpréteront, affadiront et transformeront les questions.
Le mouvement a fait émerger un
certain nombre de « militants gilets jaunes », dont certains n’avaient aucun engagement politique antérieur,
et d’autres qui, même s’ils en avaient un, s’en étaient éloignés. Ce noyau
militant a un rôle manifeste dans l’organisation du mouvement, dans sa durée.
Beaucoup ont été dégoûtés des partis institutionnels. Ils ont été cependant
amenés à des préoccupations politiques dans un contexte dominé par des idées,
au mieux, réformistes, mais, plus encore, réactionnaires. Le mouvement en
lui-même pousse à la politisation. Mais il n’y a pas de génération spontanée
dans les idées et dans les programmes. Contester l’ordre établi ne dit pas ce
qu’il faut mettre à la place et qui le fera. Ces militants se trouvent dans une
impasse. S’ils parviennent à constituer une force politique, ne serait-ce qu’en
présentant une liste gilets jaunes aux élections européennes – ce qui n’est pas
acquis –, cela peut donner, dans des genres différents, le Mouvement 5 étoiles
d’Italie ou Podemos d’Espagne.
Pour les communistes
révolutionnaires, la campagne des élections européennes peut et doit être une
occasion de donner aux questions posées par le mouvement des réponses correspondant
aux intérêts de la majorité exploitée ou opprimée de la population. Des
réponses que le mouvement ne pouvait pas apporter en raison de sa composition
sociale et des politiques proposées par les forces qui essayaient d’y jouer un
rôle, dans la plupart des cas sous le masque de l’apolitisme.
Le pouvoir d’achat semblait être
le dénominateur commun de la contestation. Mais cette revendication fut dès le
début piégée par le fait que sa satisfaction opposait les petits patrons
engagés dans le mouvement et les salariés, à commencer par les leurs.
Instinctivement, les gilets
jaunes ont cherché à résoudre cette contradiction en l’ignorant, c’est-à-dire
en évitant ce qui fâche. Mais l’apolitisme, largement partagé par nombre de
gilets jaunes de bonne foi, ne pouvait être une garantie de développement pour
le mouvement. Il en était au contraire un des principaux freins. Il a permis
notamment à l’extrême droite d’avancer masquée et de cacher ses perspectives
antiouvrières.
Les classes exploitées ne peuvent
pas prendre conscience de leurs intérêts politiques en s’interdisant de les
poser, de crainte que cela divise le mouvement.
Toutes les classes populaires
subissent le poids écrasant du grand capital sur la société. Mais il est
impossible de prendre conscience de cette réalité-là, d’en tirer toutes les
conclusions sur les rapports entre classes, de comprendre en quoi les intérêts
des classes populaires diffèrent et s’opposent, en quoi ils coïncident et
comment ils peuvent déboucher sur des perspectives communes, en s’interdisant
de parler des classes sociales ou de l’exploitation, toutes choses jugées comme
« politiques ».
La contestation embrassant des
couches populaires diverses ne peut déboucher sur une perspective commune,
unifiant toutes les catégories populaires victimes de la dictature du grand
capital, que si la classe ouvrière se mobilise en tant que telle.
La classe ouvrière est au cœur du
système capitaliste. Elle est la seule que la propriété privée ne lie à aucun
aspect de ce système et qui peut pousser la contestation du système jusqu’à le
mettre à bas.
Elle ne pourra le faire qu’en
agissant là où elle est forte, là où sont concentrés les principaux contingents
des travailleurs : dans les grandes entreprises,
celles de la production mais aussi de la finance, du transport, de la grande
distribution. Mais ce faisant, elle devra être la meilleure combattante, la
porte-parole de toutes les catégories sociales victimes de l’ordre capitaliste.
Elle ne pourra le faire que sous son propre drapeau, avec ses propres exigences
et ses propres moyens.
Vendredi 29 mars
Meeting
Paris
À 20h30
Grande
salle de la Mutualité - 24, rue Saint-Victor - Paris 5e
Entrée
libre
Un départ
est prévu à 19 heures d’Argenteuil
Rendez-vous :
« Café
des 2 gares » gare d’Argenteuil sortie Orgemont
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