samedi 16 mars 2019

Elections européennes : Lutte ouvrière dans les élections européennes (3) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de mars-avril 2019


Lutte ouvrière dans les élections européennes (3) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de mars-avril 2019 sur papier ((2,5 euros) ou :

https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2019/03/09/lutte-ouvriere-dans-les-elections-europeennes_117795.html

Contre le grand capital, le camp des travailleurs

Lutte ouvrière se présente dans ces élections pour faire entendre les intérêts matériels et politiques de la classe ouvrière. Cela commence par les exigences vitales face à la crise de l’économie capitaliste qui pousse des masses croissantes vers le dénuement et vers la misère. Nous nous présentons pour montrer que même ces exigences les plus élémentaires ne peuvent être satisfaites sans remettre en cause le capitalisme et le règne de la grande bourgeoisie sur la société.
Nous nous présentons pour défendre le droit élémentaire des classes populaires à une vie digne de ce 21e siècle, sur le plan matériel comme sur celui, immatériel, de la dignité humaine.
Même pour imposer ce droit, il faut exproprier la classe capitaliste, lui enlever la propriété des grandes usines, des banques, des chaînes de distribution, des grands moyens de production et les mettre à la disposition de la collectivité.
La classe ouvrière ne pourra accéder à la conscience claire de cette nécessité qu’au travers de luttes pour sa survie. Mais, pour que ces luttes ne soient pas détournées vers des voies de garage ou, pire encore, n’alimentent pas des forces politiques violemment hostiles à la classe ouvrière, il faut aux travailleurs un programme de lutte, des objectifs et une organisation. Il faut un parti ouvrier révolutionnaire.
Pendant la courte période où le mouvement des gilets jaunes se développait et portait le désespoir et la révolte des catégories parmi les plus écrasées du monde du travail – ouvriers de petites entreprises, retraités, chômeurs – il a soulevé une multitude de problèmes. Ces questions, largement popularisées, doivent nous guider dans la formulation concrète de nos interventions.
Les gros contingents de la classe ouvrière, ceux des grandes entreprises, ne se sont pas mis en mouvement. Mais ils se sont retrouvés dans les problèmes soulevés, car c’étaient aussi les leurs. D’où la sympathie dont le mouvement a bénéficié parmi les travailleurs.
D’où aussi le nombre de travailleurs, y compris de grosses entreprises, qui étaient attirés vers les ronds-points et dans les manifestations.
D’où les discussions que tout cela a entraînées, rompant avec le climat de résignation, ne serait-ce que du fait que certains ont osé! Cela a été lapport principal du mouvement des gilets jaunes.
Qu’en restera-t-il au fil du temps, de la stabilisation et du recul du mouvement?
Les problèmes posés demeurent et les mouvements de contestation à venir – il y en aura inévitablement devant les attaques de la bourgeoisie – tourneront autour des mêmes questions, dès lors qu’ils entraîneront telle ou telle catégorie du monde du travail.
Problèmes liés au chômage et au pouvoir d’achat des salariés comme des retraités. Questions liées aux injustices sociales, à l’inégalité croissante entre le monde des exploités et celui des exploiteurs. Questions autour de la politique du gouvernement et de l’absence de transparence de ses décisions.
Les questions posées sont déjà récupérées, et le seront de plus en plus, par des courants politiques représentant diverses options pour la bourgeoisie, allant de la gauche réformiste à la Mélenchon à l’extrême droite dans toutes ses variantes, y compris les plus ouvertement fascistes. En apportant leurs propres réponses, tous ces courants interpréteront, affadiront et transformeront les questions.
Le mouvement a fait émerger un certain nombre de «militants gilets jaunes», dont certains navaient aucun engagement politique antérieur, et d’autres qui, même s’ils en avaient un, s’en étaient éloignés. Ce noyau militant a un rôle manifeste dans l’organisation du mouvement, dans sa durée. Beaucoup ont été dégoûtés des partis institutionnels. Ils ont été cependant amenés à des préoccupations politiques dans un contexte dominé par des idées, au mieux, réformistes, mais, plus encore, réactionnaires. Le mouvement en lui-même pousse à la politisation. Mais il n’y a pas de génération spontanée dans les idées et dans les programmes. Contester l’ordre établi ne dit pas ce qu’il faut mettre à la place et qui le fera. Ces militants se trouvent dans une impasse. S’ils parviennent à constituer une force politique, ne serait-ce qu’en présentant une liste gilets jaunes aux élections européennes – ce qui n’est pas acquis –, cela peut donner, dans des genres différents, le Mouvement 5 étoiles d’Italie ou Podemos d’Espagne.
Pour les communistes révolutionnaires, la campagne des élections européennes peut et doit être une occasion de donner aux questions posées par le mouvement des réponses correspondant aux intérêts de la majorité exploitée ou opprimée de la population. Des réponses que le mouvement ne pouvait pas apporter en raison de sa composition sociale et des politiques proposées par les forces qui essayaient d’y jouer un rôle, dans la plupart des cas sous le masque de l’apolitisme.
Le pouvoir d’achat semblait être le dénominateur commun de la contestation. Mais cette revendication fut dès le début piégée par le fait que sa satisfaction opposait les petits patrons engagés dans le mouvement et les salariés, à commencer par les leurs.
Instinctivement, les gilets jaunes ont cherché à résoudre cette contradiction en l’ignorant, c’est-à-dire en évitant ce qui fâche. Mais l’apolitisme, largement partagé par nombre de gilets jaunes de bonne foi, ne pouvait être une garantie de développement pour le mouvement. Il en était au contraire un des principaux freins. Il a permis notamment à l’extrême droite d’avancer masquée et de cacher ses perspectives antiouvrières.
Les classes exploitées ne peuvent pas prendre conscience de leurs intérêts politiques en s’interdisant de les poser, de crainte que cela divise le mouvement.
Toutes les classes populaires subissent le poids écrasant du grand capital sur la société. Mais il est impossible de prendre conscience de cette réalité-là, d’en tirer toutes les conclusions sur les rapports entre classes, de comprendre en quoi les intérêts des classes populaires diffèrent et s’opposent, en quoi ils coïncident et comment ils peuvent déboucher sur des perspectives communes, en s’interdisant de parler des classes sociales ou de l’exploitation, toutes choses jugées comme «politiques».
La contestation embrassant des couches populaires diverses ne peut déboucher sur une perspective commune, unifiant toutes les catégories populaires victimes de la dictature du grand capital, que si la classe ouvrière se mobilise en tant que telle.
La classe ouvrière est au cœur du système capitaliste. Elle est la seule que la propriété privée ne lie à aucun aspect de ce système et qui peut pousser la contestation du système jusqu’à le mettre à bas.
Elle ne pourra le faire qu’en agissant là où elle est forte, là où sont concentrés les principaux contingents des travailleurs: dans les grandes entreprises, celles de la production mais aussi de la finance, du transport, de la grande distribution. Mais ce faisant, elle devra être la meilleure combattante, la porte-parole de toutes les catégories sociales victimes de l’ordre capitaliste. Elle ne pourra le faire que sous son propre drapeau, avec ses propres exigences et ses propres moyens.
(A suivre)



Vendredi 29 mars
Meeting
Paris
À 20h30
Grande salle de la Mutualité - 24, rue Saint-Victor - Paris 5e
Entrée libre
Un départ est prévu à 19 heures d’Argenteuil
Rendez-vous :
« Café des 2 gares » gare d’Argenteuil sortie Orgemont

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