dimanche 24 février 2019

Argenteuil - Pôle Héloïse - enquêtes publiques, on se prépare (3)


La « reconquête des berges », nous, on y croit !


Le projet « Cap Héloïse » annoncé en mars 2016 par Georges Mothron a été initié par son prédécesseur Philippe Doucet. L’ironie de l’histoire est que ce dernier avait fait un temps une campagne tonitruante sur le thème de la « reconquête des berges », en y mettant les moyens. Ainsi des banderoles sur le sujet fleurirent partout. Nous nous amusâmes alors à tenter de les compter. 100 ? Plus de de 100 ?


         Mais pourquoi une localisation de ce projet immobilier à cet endroit, sur la berge argenteuillaise de la Seine, alors que bien des espaces pouvait l’accueillir sur la commune ?

         Si ce projet, demain, se concrétisait, il hypothéquerait à jamais l’avenir de cette berge fluviale dont le cheminement a été largement brutalisé depuis un demi-siècle, au point qu’Argenteuil marque une rupture de continuité profonde à hauteur de la ville au niveau du chemin des berges de la Seine qui mène d’Epinay-sur-Seine à Chatou.

         Même l’opération profondément négative de la construction de la N311, aujourd’hui D311, dans les années 1970, qui a créé une sorte de mur entre l’espace de cette ville d’Argenteuil marquée par la Seine et son fleuve, ne représente toujours pas un obstacle à jamais insurmontable pour la reconquête d’un lien direct avec la berge. Cette quatre-voies est un mur qui peut disparaître. Une voie unique dans chaque sens avec des feux pourrait ainsi permettre, et à coût faible, non seulement un passage simplifié, mais de regagner un véritable espace de berge piétonnier.

         Aujourd’hui, l’espace légué par l’histoire, entre fleuve et espace urbanisé, n’a pas encore été irrémédiablement détruit. Dans sa partie nord, il est aujourd’hui encore largement conservé entre « musée » d’Argenteuil et Parc des berges, et dans sa partie sud, par « L’île » qui n’a, à ce jour, subi, depuis les années 1970, que des constructions qui n’ont pas remis fondamentalement en question sa nature « naturelle » originale préexistante.


         Cette nature est celle d’une île dont le caractère insulaire n’a été supprimé que dans la première moitié du XIXème siècle par le comblement du bras de Seine qui le séparait de la rive où depuis un millénaire une urbanisation s’était faite en bord de fleuve, entre activité de transport sur celui-ci et production agricole d’un territoire important qui fit d’Argenteuil dès le début des temps modernes un bourg important.

         C’est ce comblement qui fit de l’espace de ce qui fut appelé néanmoins jusqu’à aujourd’hui « L’île » à la fois un espace lié à la ville mais qui n’en conservait pas moins des caractéristiques liées à son lien avec le fleuve et la marque fondamentale de tout espace marqué par l’eau : l’extrême fragilité. (à suivre)

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