La « reconquête des berges », nous, on y croit !
Le projet « Cap
Héloïse » annoncé en mars 2016 par Georges Mothron a été initié par son
prédécesseur Philippe Doucet. L’ironie de l’histoire est que ce dernier avait
fait un temps une campagne tonitruante sur le thème de la « reconquête des
berges », en y mettant les moyens. Ainsi des banderoles sur le sujet
fleurirent partout. Nous nous amusâmes alors à tenter de les compter.
100 ? Plus de de 100 ?
Mais
pourquoi une localisation de ce projet immobilier à cet endroit, sur la berge
argenteuillaise de la Seine, alors que bien des espaces pouvait l’accueillir
sur la commune ?
Si
ce projet, demain, se concrétisait, il hypothéquerait à jamais l’avenir de
cette berge fluviale dont le cheminement a été largement brutalisé depuis un
demi-siècle, au point qu’Argenteuil marque une rupture de continuité profonde à
hauteur de la ville au niveau du chemin des berges de la Seine qui mène
d’Epinay-sur-Seine à Chatou.
Même
l’opération profondément négative de la construction de la N311, aujourd’hui
D311, dans les années 1970, qui a créé une sorte de mur entre l’espace de cette
ville d’Argenteuil marquée par la Seine et son fleuve, ne représente toujours
pas un obstacle à jamais insurmontable pour la reconquête d’un lien direct avec
la berge. Cette quatre-voies est un mur qui peut disparaître. Une voie unique
dans chaque sens avec des feux pourrait ainsi permettre, et à coût faible, non
seulement un passage simplifié, mais de regagner un véritable espace de berge
piétonnier.
Aujourd’hui,
l’espace légué par l’histoire, entre fleuve et espace urbanisé, n’a pas encore
été irrémédiablement détruit. Dans sa partie nord, il est aujourd’hui encore
largement conservé entre « musée » d’Argenteuil et Parc des berges,
et dans sa partie sud, par « L’île » qui n’a, à ce jour, subi, depuis
les années 1970, que des constructions qui n’ont pas remis fondamentalement en
question sa nature « naturelle » originale préexistante.
Cette
nature est celle d’une île dont le caractère insulaire n’a été supprimé que
dans la première moitié du XIXème siècle par le comblement du bras de Seine qui
le séparait de la rive où depuis un millénaire une urbanisation s’était faite
en bord de fleuve, entre activité de transport sur celui-ci et production
agricole d’un territoire important qui fit d’Argenteuil dès le début des temps
modernes un bourg important.
C’est
ce comblement qui fit de l’espace de ce qui fut appelé néanmoins jusqu’à
aujourd’hui « L’île » à la fois un espace lié à la ville mais qui n’en
conservait pas moins des caractéristiques liées à son lien avec le fleuve et la
marque fondamentale de tout espace marqué par l’eau : l’extrême fragilité. (à
suivre)
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