Pouvoir
d’achat : la prétendue hausse cache mal la baisse
« Du jamais vu depuis douze ans »,
répètent en boucle les médias en annonçant les prévisions sur le pouvoir
d’achat des ménages pour 2019. Selon l’Insee, celui-ci devrait augmenter de 1,6
%, et peut-être même de 2 % au milieu de l’année.
Un autre institut parle, lui,
d’une hausse « ressentie » de 2,4 % ! Que signifie ce
jargon ? Habituellement utilisé pour parler de la température, le ressenti
ne concerne que sa perception, mais ne la modifie pas. Et puis comment peut-on
prévoir une amélioration du pouvoir d’achat alors qu’il n’y a aucune contrainte
imposée aux prix à la consommation ni aucune obligation faite aux entreprises
d’augmenter les salaires ? Les chiffres lancés ne sont qu’un écran de
fumée pour masquer la réalité alors qu’il devient de plus en plus dur de
boucler les fins de mois.
Les mesures prises ces derniers
mois par le gouvernement et les entreprises auraient des conséquences positives
sur le pouvoir d’achat, dit-on, comme si les travailleurs étaient incapables de
faire leurs comptes. Or, chacun a pu constater que derrière chaque annonce se
cache une entourloupe. La prime exceptionnelle évoquée par le président n’est
versée que par une minorité d’entreprises ; la suppression de la hausse de
la CSG ne touchera que les retraités vivant seuls et percevant moins de 2 000
euros mensuels ; la prétendue augmentation de 100 euros du smic ne vaut
que pour une partie des salariés qui le touchent, les autres devant se satisfaire
d’une revalorisation de 1,54 %, soit moins que l’inflation ; la
défiscalisation des heures supplémentaires n’intervient que si l’on en fait,
etc. Quant au gel du prix de l’électricité et à la baisse de celui du gaz, ils
arrivent après des années de hausse et chacun sait que cela ne durera qu’un
temps.
En revanche, si le gouvernement
se vante des hausses annoncées, il fait silence sur la baisse des aides, telles
que les APL amputées de 5 euros, sur l’indemnisation du chômage de plus en plus
restrictive, les pensions de retraite et les salaires des fonctionnaires
bloqués, les médicaments moins ou non remboursés. Autant de ponctions qui
frappent les moins bien lotis.
Et les hausses de prix, elles,
sont bien réelles. Les dépenses dites contraintes telles que le loyer, l’eau,
les transports, qu’ils soient en commun ou individuels, les cantines scolaires,
tout cela ne fait qu’augmenter. La nourriture ne baisse pas de prix, acheter de
la viande ou des fruits et légumes, même de saison, nécessite de se priver par
ailleurs.
Alors, que Macron et ses soutiens
réservent leur leçon sur la prétendue hausse du pouvoir d’achat à leur petit
cercle de privilégiés, il leur sera impossible de duper les travailleurs, eux
qui affrontent quotidiennement les difficultés financières.
Marianne
LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2631)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire