Carburants
: la recherche d’un éteignoir
La réalité et la profondeur de la
colère à propos des prix des carburants ont été ressenties par Macron lui-même.
En effet, tout en continuant à affirmer qu’il n’y avait pas d’alternative aux
taxes, le président parle désormais de passer la prime énergie de 150 à 200
euros par an et incite les régions à imiter le chèque essence inventé dans les
Hauts-de-France.
Ces mesures ne vont pas très
loin. La prime énergie ne permet pas aux 3,7 millions de foyers qui la touchent
de se chauffer correctement, il suffit de consulter sa facture pour le
constater. La région Hauts-de-France verse 100 euros par mois aux salariés
touchant moins de deux fois le smic, habitant à plus de trente kilomètres de
leur lieu de travail et n’ayant d’autre solution pour s’y rendre que la voiture
particulière. Cela concerne 43 000 personnes, dans une région où il y a 1,4
million de salariés actifs. L’effort de la région est donc assez parcimonieux.
Celui de l’État le serait encore plus, car Macron propose en fait que les
régions payent, le gouvernement se contentant de défiscaliser la prime.
Il reste que, par rapport aux
attitudes bravaches de ses ministres injuriant les salariés qui utilisent leur
automobile, le président a marqué un recul. Il est vrai que la protestation
contre la hausse des prix de l’énergie semble s’approfondir, au point que les
chaînes d’hypermarchés, qui rançonnent à longueur d’année leurs fournisseurs et
leurs clients, font leur publicité sur l’essence à prix coûtant, un mois
durant. Une campagne dont on parle beaucoup plus et qui coûte beaucoup moins
cher que des heures de spots payants à la télévision.
Les partis de droite et d’extrême
droite ont également enfourché ce cheval. Pour eux, s’apitoyer sur le sort des
petites gens lorsqu’on est dans l’opposition est aussi naturel que les
étrangler lorsqu’on parvient aux affaires. De plus, en se plaçant exclusivement
sur le terrain des taxes, des primes et des mesures gouvernementales, ils
évitent soigneusement de parler du coût de la vie en général, des salaires, de
leur blocage de fait, et du patronat qui voit ses profits augmenter d’autant.
Les travailleurs salariés, les
chômeurs, les retraités doivent payer rubis sur l’ongle non seulement les taxes
sur les carburants mais la TVA sur tout ce qu’ils consomment, les hausses de
prix de tous les produits de première nécessité, du logement jusqu’à la
nourriture. Pour y faire face, pour vivre, les travailleurs n’ont que leur
salaire, leur allocation ou leur pension. Ils n’ont d’autre solution que de se
battre pour leurs propres revendications de salaire, avec leurs propres armes
de salariés.
C’est peut-être devant cette
perspective, la transformation d’une colère de consommateurs en mouvement de
travailleurs salariés, que Macron commence à en rabattre. Raison de plus pour
aller dans ce sens.
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