Gouvernement-syndicats
: le retour du bla-bla social ?
Mardi 17 juillet, Macron a reçu
les dirigeants patronaux et syndicaux. Officiellement, il s’agissait de leur
faire part du calendrier des nouvelles réformes – comprenez : attaques contre
les travailleurs – prévues dès le mois de septembre.
Officieusement, il s’agissait de
montrer aux responsables des syndicats de salariés que le gouvernement allait
un peu plus les associer à ses initiatives.
Depuis son élection, Macron a
voulu montrer qu’il pouvait gouverner et faire passer toutes ses attaques
contre les travailleurs sans même avoir à amadouer un ou plusieurs
représentants syndicaux. Pour imposer la réforme ferroviaire, sa dernière
offensive en date contre les cheminots, Macron a même rejeté les mains tendues
de certains d’entre eux : comme celle de Laurent Berger de la CFDT, qui ne
demandait pourtant au gouvernement que bien peu de choses pour se désolidariser
de la grève. Mais, même cela, Macron ne l’a pas cédé, préférant jouer à l’homme
fort, celui qui défiait les cheminots, dont la réputation est d’être des
travailleurs qui ne se laissent pas faire et capables de se lancer dans des
grèves dures et longues.
Or, à la rentrée, le programme de
Macron comporte de s’en prendre aux retraites ouvrières, à l’assurance chômage,
et aussi un plan pauvreté contenant encore d’autres mesures contre les couches
populaires. Cette fois, il pourrait essayer de mettre de son côté une ou deux
confédérations syndicales avant d’entamer le bras de fer avec les autres et
avec les travailleurs.
Les dirigeants de la CFDT et de
FO ne demandent rien d’autre et ils l’ont redit. « Trop souvent vous voulez
passer seul et ce n’est pas bon (…) pour la qualité des réformes
souhaitées », aurait dit Laurent Berger pendant la rencontre. « La
politique du “je marche seul” menée depuis un an par le président sur le
social, c’est un zéro pointé », a dit Pascal Pavageau, le nouveau
secrétaire général de FO. Ces responsables syndicaux voudraient que Macron les
laisse jouer leur rôle d’avocats des travailleurs, même s’il s’agit d’avocats
qui ne signent que des reculs. Même Philippe Martinez de la CGT n’envisage pas
fondamentalement une attitude différente. Lui aussi a déclaré qu’il attendait
de Macron qu’il « change de politique sociale ». Autant croire au père
Noël, car cette politique est celle du patronat et ce dernier n’est pas prêt à
la moindre concession.
En réalité, la grève à la SNCF, à
cause de sa durée, de la détermination dont ont fait preuve les cheminots et de
la large sympathie qu’elle a eue dans l’opinion publique ouvrière, amène
certainement Macron à en rabattre sur son attitude arrogante et à chercher des
appuis du côté des directions syndicales. Mais, que Macron joue à l’homme fort
ou à l’homme de dialogue, comme le réclament les dirigeants syndicaux, cela ne
changera rien. Aux travailleurs de ne pas se laisser tromper par ce genre de
manœuvre cousue de fil blanc.
Pierre
ROYAN (Lutte ouvrière n°2607)
"Ce n'est pas à Matignon, ce n'est pas dans les salons, que nous aurons satisfaction" |
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