Fonction
publique : une attaque en règle
Le 1er février, à
l’issue d’un Conseil des ministres, Édouard Philippe a officiellement lancé la
nouvelle phase de l’offensive contre les travailleurs du public. À nouveau,
comme pour la loi travail, sous le couvert d’une mascarade de concertation avec
les syndicats, les objectifs sont d’emblée fixés : 120 000 suppressions de
postes, recours massif aux emplois précaires, remise en cause du statut des
fonctionnaires.
Les suppressions de postes
annoncées sont une déclaration de guerre aux salariés de la fonction publique
et à la population tout entière, au moment où la situation devient dramatique
du fait des manques d’effectifs dans les hôpitaux, les Ehpad, l’éducation, etc.
Qu’il s’agisse d’un grand plan de
départs dits volontaires ou du non-remplacement des départs en retraite, le
travail reposera sur encore moins de monde et les conditions de travail se
dégraderont encore. Au-delà, c’est bien sûr un nouveau coup porté aux milieux
populaires touchés par le chômage – 120 000 jeunes en plus qui ne trouveront
pas de travail – et par la dégradation continue des services publics.
Dès septembre, le gouvernement
envisageait que l’État « réduise le périmètre de l’action publique » en
abandonnant certaines missions, c’est-à-dire fasse passer un certain nombre de
services au secteur privé. Introduire le privé et donc la logique du profit ne
pourra que dégrader le service rendu et les conditions de travail des salariés,
puisqu’il faudra avant tout dégager du profit pour les entreprises
sous-traitantes.
Le gouvernement a déclaré qu’il
voulait « sortir du carcan statutaire ». En clair, il veut se donner les
moyens de licencier ou de faire démissionner des travailleurs qui, jusqu’à présent,
pouvaient penser être protégés par leur statut. Mais l’offensive de l’État, qui
agit là en tant que patron, montre bien que, pour les fonctionnaires comme pour
tous les travailleurs, tout dépend d’abord du rapport de force entre exploités
et exploiteurs. Le gouvernement veut pouvoir faire pression sur les
travailleurs employés par l’État. Il veut, comme tous les employeurs et en leur
nom à tous, faire baisser les salaires.
Dans le secteur public, depuis
des années, tous les gouvernements remplacent les fonctionnaires par des
salariés précaires. Aujourd’hui déjà, un employé sur cinq de l’État n’est pas
fonctionnaire, c’est-à-dire que plus de 940 000 travailleurs y ont un statut
précaire. Dans la fonction publique territoriale, c’est presque un sur quatre,
et les collectivités embauchent plus de contractuels que de fonctionnaires. Le
gouvernement affiche sa volonté d’aller plus loin, dans toutes les fonctions
publiques. Pour Macron et les milieux patronaux qui l’entourent et l’inspirent,
moderniser la fonction publique, c’est précariser l’ensemble de ses salariés.
Antoine
FERRER (Lutte ouvrière n°2584)
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