Policiers
agressés : faits tronqués et opération politique
Dans l’affaire des deux policiers
agressés par des jeunes la nuit du 31 décembre à Champigny-sur-Marne, en
banlieue parisienne, le moins qu’on puisse dire est que les médias ont d’abord
présenté une version partielle des événements.
Les journaux télévisés ont
diffusé les images choquantes de la policière à terre, frappée violemment par
plusieurs jeunes. Les policiers seraient arrivés après que des voitures avaient
été renversées par des jeunes refoulés d’une soirée de Nouvel An et auraient
alors été agressés sauvagement.
Il y a manifestement eu là la
violence stupide de quelques individus, mais par ailleurs le témoignage d’un
lycéen, venu en aide à la policière pour l’éloigner de ses agresseurs, a
éclairci les faits. La perspective d’une soirée du Nouvel An à 15 euros, vantée
sur les réseaux sociaux par l’organisateur, a attiré des centaines de jeunes
devant une salle loin de pouvoir tous les recevoir. Des bousculades de plus en
plus importantes ayant entraîné la chute d’un petit muret, puis d’une cloison, les
organisateurs ont appelé la police, qui une fois arrivée, s’est comportée comme
elle a l’habitude de le faire avec des jeunes des quartiers de banlieue pour
disperser un attroupement, procédant à des jets immédiats de lacrymogène et à
des tirs de flashball. C’est après cette intervention musclée que quelques rues
plus loin, deux policiers ont été agressés par un groupe de jeunes.
Face aux commentaires des médias
– un journaliste du Figaro a même disserté à propos de ces événements
sur la radicalisation islamique dans les banlieues ! – le jeune témoin a tenu à
affirmer que la foule était mixte, aussi mélangée qu’elle peut l’être dans les
quartiers populaires, qu’elle était constituée quasi exclusivement de jeunes
mineurs, et que l’immense majorité des jeunes venus pour faire la fête n’avait
absolument pas participé à l’agression des deux policiers.
Du côté des politiciens aussi, on
a assisté à une avalanche de réactions autour de ces événements montés en
épingle. Macron a parlé d’un « lynchage lâche et criminel » ; Gérard
Collomb, d’« attaque contre la République », la droite et bien sûr le FN
y ont vu une occasion de surenchère en reprenant la demande des syndicats de
policiers d’augmenter la sévérité des peines, de rétablir les peines plancher
et même de supprimer les allocations aux familles. Et tous de se demander
gravement : « Y a-t-il impunité pour ceux qui s’en prennent à la police ? »
Cette affaire illustre le rôle
indistinctement répressif de la police envers les jeunes des quartiers
populaires, celui de médias qui ne rapportent qu’une partie des faits, et enfin
celui de politiciens qui n’hésitent pas à aller sur les pires terrains de la
démagogie.
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