Vers
l’insurrection d’Octobre
Début octobre 1917, le
gouvernement de Kerenski, soutenu par les conciliateurs mencheviks et
socialistes-révolutionnaires (SR), se révèle impuissant. Son autorité se
désagrège, tandis que la lutte entre la bourgeoisie et le prolétariat pour le
pouvoir se dirige vers l’affrontement armé. John Reed, journaliste américain
alors présent à Petrograd, a décrit dans Les dix jours qui ébranlèrent le
monde l’insurrection elle-même, mais aussi la situation à la veille
d’Octobre :
« Le gouvernement, déchiré entre
les groupements démocratiques et réactionnaires, ne pouvait rien faire ;
lorsqu’il était forcé d’agir, c’était toujours pour défendre les intérêts des
classes possédantes. Il envoyait les cosaques rétablir l’ordre chez les
paysans, briser les grèves. À Tachkent, les autorités décidèrent la dissolution
du soviet. À Petrograd, au Conseil économique créé pour ranimer l’économie
ravagée du pays, les forces opposées du capital et du travail aboutirent à une
impasse ; Kerenski supprima le conseil. Les militaires de l’ancien régime,
soutenus par les cadets, exigeaient l’adoption de mesures sévères pour
restaurer la discipline dans les forces terrestres et navales. (…)
Sous prétexte que Petrograd était
en danger, le gouvernement provisoire dressa des plans pour l’évacuation de la
capitale. Les grandes usines de munitions devaient partir les premières pour
être éparpillées à travers la Russie ; puis le gouvernement lui-même allait se
transporter à Moscou. Aussitôt les bolcheviks déclarèrent que le gouvernement
abandonnait la capitale rouge afin d’affaiblir la révolution. » La
presse bourgeoise exultait : « Rodzianko, chef de l’aile droite des cadets,
affirma dans le Outro Rossii (Le matin de la Russie) que la prise de
Petrograd par les Allemands serait une bénédiction, parce qu’elle permettrait
de détruire les soviets et de se débarrasser de la flotte révolutionnaire de la
Baltique. »
Les mencheviks et les SR
appelaient le gouvernement à empêcher l’ouverture du congrès panrusse des
soviets, convoqué pour le 20 octobre et qui allait être finalement reporté au
25. De toute évidence, les conciliateurs allaient y être écartés et les
bolcheviks obtenir la majorité. Du côté des travailleurs, des soldats et des
paysans, la volonté d’en découdre avec la bourgeoisie n’avait jamais été aussi
forte. John Reed voyait les délégués nouvellement élus arrivant à Petrograd
pour le congrès : « De grands soldats barbus, des travailleurs en chemise
noire, quelques paysans à la longue chevelure. La jeune fille qui les recevait
(…) souriait avec mépris. ”Ils sont très différents des délégués au premier
congrès, observa-t-elle. Voyez comme ils ont l’air ignare et grossier ! Des
gens incultes !” C’était vrai : la Russie avait été remuée jusque dans ses
profondeurs et à présent c’était le fond qui remontait à la surface. »
Lénine pressa alors le Parti
bolchevique de déclencher l’insurrection sans attendre le congrès et écrivit : «
La révolution est perdue si le gouvernement de Kerenski n’est pas renversé par
les prolétaires et les soldats très prochainement... Il faut mobiliser toutes
les forces pour inculquer aux ouvriers et aux soldats l’idée de l’absolue
nécessité d’une lutte désespérée, dernière, décisive, pour le renversement du
gouvernement de Kerenski. » Après deux jours de discussion acharnée, les 9 et
10 octobre, la direction du Parti bolchevique vota par dix voix contre deux le
déclenchement de l’insurrection dans les jours suivants.
Elle adopta la résolution
suivante rédigée par Lénine : « Le comité central reconnaît que la situation
internationale de la révolution russe (mutinerie de la flotte en Allemagne,
manifestation extrême de la croissance de la révolution socialiste mondiale
dans toute l’Europe ; et, par ailleurs, menace de voir la paix impérialiste
étouffer la révolution en Russie), de même que la situation militaire (décision
indubitable de la bourgeoisie russe et de Kerenski et consorts, de livrer
Petrograd aux Allemands), – de même que l’obtention par le parti prolétarien de
la majorité aux soviets, – tout cela, lié au soulèvement paysan et au
changement d’attitude du peuple qui fait confiance à notre parti (élections de
Moscou) et enfin la préparation manifeste d’une nouvelle aventure Kornilov
(retrait des troupes de Petrograd, transfert des cosaques à Petrograd,
encerclement de Minsk par les cosaques, etc.) – tout cela met l’insurrection
armée à l’ordre du jour. Considérant donc que l’insurrection armée est
inévitable et tout à fait mûre, le comité central propose à toutes les
organisations du parti de déterminer leur attitude en fonction de cet état de
choses, d’examiner et de résoudre de ce point de vue toutes les questions
pratiques. »
Vendredi
20 octobre
Meeting
1917-2017,
la Révolution russe
à 20h30
Pour
changer le monde, les travailleurs au pouvoir
Meeting avec Nathalie Arthaud, avec la
participation d'Arlette Laguiller
Palais de
la Mutualité
24, rue
Saint-Victor – Paris 5e
Métro :
Maubert-Mutualité
Entrée
libre
Le
meeting sera retransmis sur https://www.lutte-ouvriere.org/direct
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