Les
jeux olympiques de Rio au Brésil vont s’ouvrir dans quelques jours. Nous sommes
bien contraints d’en parler quelque peu. Ci-dessous un article de notre
hebdomadaire sur la Russie, le dopage et le CIO. Pour mémoire, il y a quelques
jours, dans la plus grande discrétion, la presse évoquait en passant qu’une
centaine de cas de dopage venaient d’être mis sur la place publique concernant
les jeux olympiques de Pékin (2008) et de Londres (2016), dont plus d’une
trentaine de médaillés…
Jeux
olympiques : plus vite, plus haut, plus chargés
Suite aux révélations d’une
athlète russe en 2014, un rapport commandé par l’Agence mondiale antidopage
vient confirmer l’existence en Russie d’un système de dopage d’État qui
concerne tous les sports.
La réaction, très mesurée, du
Comité international olympique (CIO) en dit long sur son absence de volonté de
lutter contre une pratique qui ne touche certainement pas que la Russie. Publié
quelques jours après l’exclusion des athlètes russes, ce rapport aurait dû en
toute logique entraîner l’exclusion de l’ensemble de la délégation russe. Le
CIO a refusé de prendre cette décision, laissant aux différentes fédérations
internationales le soin de décider de la présence ou non des sportifs russes
dans les disciplines qu’elles organisent.
Certes, les dirigeants russes
auraient eu beau jeu de dénoncer une décision politique, tant il est patent que
le dopage touche tous les pays. D’ailleurs, on ne voit pas comment il pourrait
en être autrement, car il n’y a pas de cloison entre le sport et le reste de la
vie sociale.
Les Jeux olympiques sont d’abord
une histoire de gros sous. Les JO sont suivis par des centaines de millions de
téléspectateurs. Pour les Coca-Cola, Samsung, McDonald’s, Nissan, et autres
sponsors, il s’agit de profiter pleinement d’un formidable espace publicitaire
planétaire dont ils ont l’exclusivité. Pour accrocher les téléspectateurs, les
records doivent tomber. Les athlètes doivent toujours courir plus vite, sauter
plus haut. Et les primes sont à la hauteur des performances réalisées.
À côté des enjeux financiers, les
JO, comme toutes les grandes compétitions sportives, sont l’occasion pour les
gouvernements de cultiver le nationalisme. On voit l’intérêt pour les États de
ne pas être trop regardants sur les performances de leurs champions, voire
d’encourager certaines pratiques illicites.
Dans ce contexte, les contrôles
antidopage n’ont pas d’autre objet que de maintenir un semblant de crédibilité
aux performances des athlètes, en excluant de temps à autre quelques tricheurs
trop voyants ou trop maladroits. Face à l’émotion provoquée par les révélations
de l’athlète russe Yulia Stepanova en 2014, les autorités ne pouvaient rester
sans réagir. Les athlètes russes en ont fait les frais.
Mais il n’est pas question pour
le CIO d’aller plus loin, en laissant espérer aux lanceurs d’alerte un soutien
de sa part. Stepanova, qui avait dénoncé le système de dopage en Russie, n’a
pas été autorisée à concourir. Le CIO s’appuie sur sa suspension pour dopage en
2013 pour justifier sa décision.
Le show doit continuer, avec les
dopeurs, sans les gêneurs, pour les annonceurs.
Denis
Aller (Lutte ouvrière n°2504)
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