Loi
Macron : à la fin le patronat gagne
La loi
Macron aurait dû être soumise au vote des députés mardi 17 février. Mais, après
avoir fait ses comptes, Valls a estimé qu’il était prudent d’avoir recours à
l’article 49-3. Avec cette disposition, la loi est adoptée sans vote, sauf si
un groupe dépose une motion de censure contre le gouvernement, ce que
l’opposition UMP et centriste a fait.
Cette
motion sera discutée jeudi 19 février. Pour les députés PS et assimilés, il ne
s’agira plus alors de voter pour ou contre la loi Macron, mais pour ou contre
le gouvernement, voire pour ou contre de nouvelles élections, et donc pour ou
contre leur propre place de député.
Jusque-là
les députés avaient joué la grande scène du « travail parlementaire » au cours
de 190 heures de discussion. La majorité des députés PS ont appuyé sans
protester toutes les mesures gouvernementales, aussi anti-ouvrières
soient-elles.
Quant à
la minorité de frondeurs qui avait fait la fine bouche sur le travail du
dimanche et annoncé un vote contre la loi Macron, elle a maintenant à choisir
entre sa place au Parlement et ses convictions affichées. Le choix risque
d’être vite fait.
Paul GALOIS
Prud’hommes
: un rôle amoindri
Macron
voulait accélérer les jugements des tribunaux de prud’hommes, consacrés aux
conflits du travail. Sa réforme va peut-être y parvenir, au détriment des
salariés.
Désormais, la première audience, dite jusqu’ici de
conciliation, décidera entre trois orientations : un jugement restreint par
deux conseillers, l’un ouvrier et l’autre patronal, pour les cas les plus
simples à trancher ; un jugement par quatre conseillers, deux ouvriers et deux
patronaux, comme jusqu’à présent ; ou bien l’envoi direct à un juge départiteur,
lorsqu’une décision à ce niveau est improbable. Ce dernier choix échapperait
donc aux juges prudhommaux, tandis que le jugement restreint n’en nécessiterait
que deux.
Cette nouvelle organisation signifierait donc moins
de travail pour les Prud’hommes, mais en donnant un énorme pouvoir
d’orientation, et donc de décision, aux deux conseillers de la première
audience. Certes, le gouvernement prétend donner aux prud’hommes une meilleure
formation juridique et créer un statut de défenseur syndical. Mais est-ce cela
qui mettra les salariés en meilleure position face à leur patron ? Un barème
indicatif des peines infligées est prévu... mais il semble surtout que ce soit
pour exercer une pression à la baisse sur les indemnités accordées.
La nouvelle loi veut surtout favoriser les
règlements à l’amiable, qui ne passent pas par les Prud’hommes. Le salarié et
le patron en litige pourraient négocier directement par avocats interposés, ou
désigner d’un commun accord un juge arbitre, ce qui est courant en droit
commercial, mais était interdit jusque-là en droit du travail. Dans ce cas, le
retour devant les Prud’hommes serait interdit. C’est supposer entre salarié et
patron une égalité qui n’existe pas dans les faits.
Les procès en Prud’hommes se sont multipliés ces
dernières années, en même temps que les licenciements, le travail précaire, les
temps partiels. Pour alléger le travail des Prud’hommes, il faudrait commencer
par mettre fin à la toute-puissance patronale.
Vincent GELAS
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