mercredi 29 juillet 2020

Argenteuil, suite à l’incident notable du marché Héloïse, la municipalité reste muette


La moindre des choses eût été un communiqué pour rassurer

 


Une altercation très violente a eu lieu à la fin du marché Héloïse dimanche dernier, à un moment de grande influence près de l’heure de la fermeture, et alors que l’ampleur de la clientèle n’a pas diminué en ces temps de vacances dans ce marché parmi les plus importants de la région parisienne. L’origine de la bagarre à coups de barre de fer et autre instrument violent a entraîné un mouvement de panique très important qui a fait plusieurs blessés. En l’occurrence, apparemment, une intervention d’un équipage de la Bac, présente à proximité, aurait mis un terme à l’affaire.
         Certains messages extravagants des réseaux sociaux (qui permettent les « instantanés » les plus farfelus les uns que les autres) auraient accéléré la panique.
         L’évènement a donné lieu dans de nombreux médias à des interprétations diverses. Et l’on s’étonne que la municipalité d’Argenteuil n’ait pas fait un communiqué sur un évènement somme toute rare sur ce marché très populaire. Il aurait permis de donner la mesure exacte de l’affaire et de ne pas développer à l’avenir un climat de crainte au sujet d’un marché très important pour les plus modestes et où les commerçants ont déjà subi de plein fouet les conséquences du confinement et de son prolongement tardif.
Ce communiqué aurait aussi permis de marquer la sollicitude de la municipalité à l’égard de ces commerçants qui, dans la panique, ont perdu de l’argent, qui n’ont pas besoin de cela, et qui se plaignent du manque de surveillance. Ni communiqué, ni message de soutien, c'est très regrettable. DM

mardi 28 juillet 2020

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 27 juillet 2020


Contre la sauvagerie du capitalisme, les travailleurs doivent imposer leur droit à l’existence

Pas de trêve estivale pour les licenciements : chaque semaine apporte son lot de nouvelles suppressions d’emplois. Cette catastrophe sociale annoncée pour des centaines de milliers de travailleurs et leurs familles n’empêche nullement Macron et ses ministres de fanfaronner sur leurs mesures et de prétendre que le gouvernement sauvera demain les emplois qu’il est incapable d’empêcher de disparaitre aujourd’hui.
Une semaine après son show télévisé du 14 juillet, Macron s’est à nouveau invité devant les caméras pour vanter le plan de relance de 750 milliards d’euros adopté par l’Union européenne. « Nous nous sommes battus, mais nous l’avons », a-t-il claironné, assurant que les milliards distribués par l’Europe permettraient de financer 40 % du plan de relance national. Deux jours plus tard, c’est son Premier ministre, Castex, qui qualifiait le « plan jeune » du gouvernement de « jamais vu ». Comme si le fait d’exonérer les patrons de cotisations sociales quand ils embauchent des jeunes, y compris pour des CDD de trois mois, était une mesure révolutionnaire et non un énième cadeau accordé au patronat, qui se déclare satisfait par la voix du Medef.
Verser des milliards d’argent public à la grande bourgeoisie n’a rien d’inédit. Lors de la crise de 2008, ils avaient déjà coulé à flots, et il ne s’agissait pas plus à l’époque qu’aujourd’hui de garantir les emplois des travailleurs, mais bien de sauvegarder les profits capitalistes.
Alors, ce qui est historique, ce ne sont pas les plans de relance pour la jeunesse, l’économie ou l’écologie. Ce qui est historique, c’est l’ampleur de la crise qui frappe les classes populaires et qui menace de faire reculer comme jamais les conditions de travail et de vie de toute la classe ouvrière.
Dans le monde du travail, rares sont les familles épargnées. Des dizaines de milliers de travailleurs précaires, en intérim, en CDD ou auto-entrepreneurs ont déjà perdu leurs revenus. S’y ajoutent les plans de suppressions d’emplois annoncés par les grands groupes, avec leurs conséquences en cascade pour les travailleurs des entreprises sous-traitantes, pour les commerces locaux et leurs employés, pour la vie économique et sociale de régions entières.
À ceux qui conservent leur emploi, le patronat annonce aussi la couleur : il faudrait accepter des conditions de travail et des salaires au rabais. Cette semaine, l’équipementier automobile Valeo a dévoilé un plan d’économies de 100 millions d’euros sur le dos des salariés, sans même faire semblant de promettre que les emplois seront préservés. Après s’être débarrassée de 2000 intérimaires, la direction veut imposer aux travailleurs restants le gel des salaires, la perte de jours de congés, l’allongement du temps de travail pour les cadres et le travail de nuit en production à sa guise.
De l’ingénieur à l’ouvrier, de l’embauché au précaire et dans tous les secteurs d’activité, aucun travailleur n’est à l’abri dans la guerre que les grands capitalistes déclarent pour maintenir leurs profits malgré la crise de leur système. Et ces attaques contre le monde du travail tirent toute la société en arrière.
Après une fusillade à Nice, le ministre de l’Intérieur Darmanin, chassant sur les terres de l’extrême droite, a parlé de « l’ensauvagement » de la société et promis des mesures pour restaurer l’ordre. Ces propos ne changeront rien à la dégradation des conditions de vie dans les quartiers. Les incivilités, les violences et les trafics qui empoisonnent le quotidien des habitants sont un sous-produit du chômage et de la misère grandissante. La sauvagerie existe bien : c’est celle d’un système économique incapable d’assurer un emploi et un salaire dignes à des millions de travailleurs.
Alors, à la logique des capitalistes et du gouvernement à leur service, il faut opposer les objectifs du monde du travail. Pour lutter contre le chômage, il faut répartir le travail entre tous sans perte de salaire. Il faut aussi que l’argent public serve à créer les millions d’emplois qui manquent dans les hôpitaux, les transports, les services d’aide aux anciens ou les écoles, à construire les millions de logements confortables et bon marché qui manquent aujourd’hui, sans qu’un centime n’aille enrichir un grand groupe privé.
Cela nécessitera une lutte collective et déterminée de tous les travailleurs, seul moyen de s’opposer à la course vers l’abîme que nous promettent les capitalistes.

Olivier Véran a à la recherche de boucs émissaires pour se défausser de ses responsabilitéss


À quel âge, Macron a-t-il été responsable du fiasco des masques ?

 


Le ministre de la Santé en appelle « à la jeunesse pour qu'elle soit plus vigilante ». Selon lui, les jeunes feraient moins attention, et seraient donc responsables de la remontée de l'épidémie.
Il faut vraiment avoir tous les culots pour mettre sur le dos d’une fraction de la population la responsabilité de la remontée des contaminations alors que le gouvernement est toujours incapable de fournir des tests en nombre suffisant, incapable de fournir gratuitement des masques à toute la population, incapable de mettre de vrais moyens pour organiser les hôpitaux...

Gouvernement : petits cadeaux entre amis


Accessits très bien payés

 


Le gouvernement Castex vient d'annoncer, trois semaines après sa formation, la nomination de onze secrétaires d’État. Cela montre, sans doute, que l’exercice qui consiste à placer ses amis et ses soutiens sans froisser ses alliés est délicat et difficile. Pour cette nouvelle cuvée, des députés LREM, un conseiller spécial de Macron et des députés du Modem ont décroché la timbale.
L'équipe gouvernementale ainsi grossie compte désormais 42 personnages qui continueront à nous dorer la pilule et à l’occasion à nous matraquer comme leurs prédécesseurs.

« Séparatisme » : une loi pour diviser. Un article de notre hebdomadaire


« Séparatisme » : une loi pour diviser 

Poursuivant sa drague de l’électorat réactionnaire et reprenant les obsessions de Macron et de l’ex-ministre de l’Intérieur Castaner, Castex a, lors de son long discours de politique générale du 15 juillet, évoqué la mise en place d’une loi contre le « séparatisme ». Ce mot, cher à un Zemmour, vise les musulmans encore plus clairement que celui de communautarisme.
Cette loi, si elle est adoptée, devrait renforcer une circulaire déjà adressée aux préfets en novembre 2019, qui avait officialisé le déploiement sur tout le territoire de cellules de surveillance administrative et policière. Il s’agissait de repérer les « signaux même faibles de repli communautaire ». Tous les services publics et les milieux associatifs devaient être enrôlés dans cette croisade au nom de la laïcité et de l’ordre républicain, avec en première ligne l’Éducation nationale. Cette circulaire encourage la délation publique, expliquant même, notamment aux enseignants, comment repérer et signaler des signes de radicalisation islamiste.
Le 14 juillet, Macron avait stigmatisé les marches pour Adama, contre le racisme et les violences policières, disant y voir une volonté de « séparatisme et d’antiracisme dévoyé ». En clair, cette jeunesse et ces manifestants pourraient être eux aussi dans le viseur de la loi.
Castex et Macron n’utilisent pas le terme de séparatisme à l’encontre des ghettos de riches, comme la villa Montmorency à Paris. Et quand ils se drapent du mot de laïcité, ce n’est bien sûr pas pour dénoncer les processions de la Vierge qui ont lieu sur la voie publique, ni pour exiger que les 8 000 écoles catholiques, intégristes ou pas, soient placées sous surveillance. Non, ceux qu’ils visent, ce sont exclusivement les musulmans, les milieux d’origine immigrée et les pauvres.
En fait, toute cette campagne raciste vise deux choses. D’abord, dans la perspective des présidentielles, faire à nouveau des œillades à l’électorat xénophobe, sinon raciste, qui est celui du RN de Le Pen, mais aussi d’une grande partie de la droite, de Dupont-Aignan, de Villiers, Wauquiez, Retailleau et bien d’autres. Et, plus largement, il s’agit là d’essayer, comme toujours, de distiller le poison de la xénophobie parmi les travailleurs. Cela en cherchant à diviser leurs rangs selon l’origine, la langue, la religion, la couleur de peau, alors même que, plus que jamais, ils ont besoin de se rassembler contre leurs véritables ennemis communs : les capitalistes et les gouvernants à leur service.

                                      Christian CHAVAUX (Lutte ouvrière n°2712)

Argenteuil, bilan des élections municipales (3). La montée de l’abstention et l’effondrement des réseaux politiques militants


La nécessaire reconstruction des réseaux militants du monde du travail

 
Recréer les réseaux du monde du travail

Argenteuil est une ville populaire de près de 115 000 habitants. On pourrait imaginer qu’elle porte à sa tête des élus de gauche.
         Mais en 2001, l’éclatement du PCF local entamé une décennie plus tôt, les ambitions de Manuel Valls qui espérait faire d’Argenteuil sa base de lancement, la politique de la gauche du gouvernement Jospin servile à la bourgeoisie, et une gestion municipale discutable mirent un terme à 66 ans de gestion PCF et amenèrent la victoire des héritiers de la vieille droite locale.
         Après l’intermède 2008-2014, la personnalité du maire sortant Philippe Doucet, et à nouveau la présence d’un gouvernement de « gauche » (Pour Hollande, son « l’ennemi c’est la finance » ne le resta que le temps d’une déclaration) virent à nouveau en 2014 la droite locale l’emporter.
         Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons écrit hier et avant-hier sur les raisons du nouvel échec de Philippe Doucet en juin dernier. Pour résumer : la personnalité de ce dernier, et une campagne à la gribouille.
         Mais aux raisons conjoncturelles de la politique gouvernementale et du profil de ses serviteurs, un élément bien plus profond s’est installé, l’abstention qui n’est que le haut de l’iceberg et qui tend à s’approfondir.
         À Argenteuil, cette abstention est certes plus marquée dans les quartiers populaires, mais elle est également importante dans les autres quartiers.
         Certes, cette abstention est un mouvement de fond qui au-delà du moment particulier du Covid 19, traduit l’éloignement de la population du politique, de l’habitude de voter, et de l’idée que les élections peuvent aider à changer son sort.
         En mettant de côté la scandaleuse exclusion des travailleurs immigrés hors Union européenne, il devrait y avoir autour de 75 000 électeurs à Argenteuil. Il y en a 20 000 de moins. Et chacun de nous a des exemples d’habitants proches de ses idées mais qui n’ont pas voté en mars et juin car n’étant pas inscrit sur les listes électorales.
         Mais cet éloignement de la politique, y compris dans cet exemple de l’inscription sur ces listes, exprime aussi magistralement le recul des réseaux militants politiques sur la commune, et en particulier leur quasi-disparition dans les quartiers populaires, de leur activité, et donc de leur influence. C’est sur quoi nous aimerions nous arrêter car, quand ils existaient, ils imprégnaient autour d’eux des cercles bien plus larges de la population, les mobilisant véritablement durant les campagnes électorales, les entraînant au moins à faire un geste pour eux le jour du vote.
         Nous ne connaissons pas l’état des réseaux de droite sur Argenteuil. Mais héritier d’un vieux courant sur Argenteuil, du RPF aux LR d’aujourd’hui, il y a des chances qu’ils soient aujourd’hui les plus joufflus sur la Ville, d’autant plus qu’ils s’appuient toujours sur les réseaux de l’Église catholique locale et de ses excroissances des différentes écoles privées.
         Le « centre » local n’a pas survécu localement aux aléas de son histoire nationale, du Centre démocrate au Modem.
         Mais c’est du côté de ladite « gauche » que l’effondrement est le plus important.
         En l’espace de 30 ans, le PCF est passé d’un parti marquant toute la vie politique d’Argenteuil à un tout petit réseau qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut.
         Ce réseau avait de très nombreuses cellules et sections sur Argenteuil. Il disposait d’un hebdomadaire local utile. Des dizaines de points de vente de L’Humanité éparpillés sur tout le territoire établissaient le contact avec de très nombreux habitants. Nous développerons le sujet si cela intéresse.
         Le parti socialiste a connu aussi une histoire chaotique sur Argenteuil, des Assises du socialisme de 1974 jusqu’aux aventures Valls et Philippe Doucet en passant par l’inénarrable Faouzi Lamdaoui. Les aventures politiciennes de ces messieurs ont écœuré de très nombreux adhérents et rompu la continuité locale de l’existence de ce parti. Le clientélisme ne remplacera jamais l’engagement pour des idées.
         L’histoire des Verts locaux a suivi, certes à un tout autre niveau d’influence et de manœuvres, celle du Parti socialiste.
         Aujourd’hui, le courant de Mélenchon, ex-tendance du PS, existe, mais lui aussi très modestement.
         L’extrême-gauche naguère « trotskyste » de la LCR et du courant dit « lambertiste » a existé sur Argenteuil. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir.
         Notre courant, communiste révolutionnaire, a incontestablement un réseau local, mais lui aussi encore bien limité.
          Voilà l’état des courants politiques locaux.
         En 1980, plusieurs milliers de personnes participant à des niveaux divers à la vie politique locale.
         Aujourd’hui, hors les réseaux clientélistes électoraux totalement conjoncturels,  seulement 200 ou 250 personnes sont véritablement impliquées, pour une population adulte de 95 000 personnes.
         200 ou 250 personnes qui ont le contact avec combien d’autres habitants, les influençant, les entraînant… ?
         Voilà l’aspect local de l’abstention.
         Pour notre part, la reconstruction des réseaux du monde du travail partout, dans les entreprises, mais particulièrement dans les quartiers populaires -et à Argenteuil, ils sont légions- est une priorité. DM

lundi 27 juillet 2020

Darmanin et les coups de menton du gouvernement dirigés en direction de l’extrême-droite


Avec le mépris et le langage de son monde, les « beaux quartiers »

 


Suite à une fusillade à Nice en plein jour, sur fond de trafic de drogue, Darmanin, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu sur les lieux, dans le quartier des Moulins. Dans cette cité, une des plus pauvres de la ville, il a fait une déclaration sur « l'autorité de la République », « partout chez elle » et sur la nécessité de stopper « l'ensauvagement d'une partie de la société », annonçant la visite à venir du Premier ministre, Castex.
Ces déplacements, mis en scène à grands coups de trompettes et de tambours ne changeront rien à la situation subie par la population. Les Darmanin, Castex et autres politiciens camelots le savent aussi bien que le commun des mortels. Mais ça alimente ce climat insécuritaire sur lequel ils veulent racoler des électeurs.

Île de Ré : Quand la misère côtoie l’opulence


Se préparer à contrer une misère qui monte

                                                           Merci Wikipédia
Le Secours populaire, qui a ouvert une antenne mobile sur l’île au début du confinement, y a vu affluer jusqu’à 160 familles, dont certaines personnes vivant avec la moitié d’un RSA et ne mangeant qu’une fois par jour, alors que les prix alimentaires sur l’île sont tirés vers le haut par les riches résidents.
Pour payer le loyer de leur HLM sur l’île, ou de leur petit terrain qui héberge une cabane de chasse ou une caravane délabrée, jouxtant de somptueuses villas ou longères, beaucoup, en particulier des femmes, dépendent des petits boulots fournis par leurs riches voisins : gardiennage des résidences secondaires, repassage, heures de ménage. Et avec la crainte du coronavirus, ces dernières tâches se font rares.
Parmi les demandeurs d’aide alimentaire se trouve même une commerçante autrefois aisée, aujourd’hui en difficulté. Les bénévoles de l’association eux-mêmes sont des travailleurs qui ont du mal à s’en sortir du fait du chômage partiel.
Il s’agit de l’un des signes de la crise économique qui ne fait que commencer. Les travailleurs, pour survivre, n’auront d’autre choix que de la faire payer aux responsables, la grande bourgeoisie.