mardi 26 mai 2020

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 25 mai 2020



Non aux licenciements, répartition du travail entre tous !

25/05/2020

Après la menace du Covid-19, voilà celle des fermetures d’usines et des licenciements, et pour celle-là, il n’y a aucune protection à attendre de l’État ! Renault en est le symbole.
Le constructeur automobile a tiré le premier coup de canon de l’offensive en menaçant de fermer quatre usines, dont celle de Flins qui fait travailler 4 000 personnes et des dizaines de fournisseurs et sous-traitants. Et on a compris, par la bouche du ministre de l’Économie, que l’État qui détient 15 % du capital « n’exigera pas le maintien de l’emploi » !
Qu’un groupe comme Renault décide, avec la complicité du gouvernement, de fermer des usines et de licencier des milliers de salariés montre que personne n’est à l’abri. Airbnb, Uber, André, La Halle, Safran, General Electric, Air France, Airbus et ses sous-traitants comme Daher ou Derichebourg Aéronautique…, la liste déjà longue des entreprises qui restructurent et licencient va s’allonger de jour en jour.
Dans cette guerre féroce qu’est le capitalisme, la crise est toujours l’occasion pour les capitalistes les plus puissants d’avaler les plus faibles et de resserrer l’étau sur les sous-traitants et les fournisseurs. Et surtout, elle est toujours le prétexte et un moyen de chantage pour imposer des sacrifices supplémentaires aux travailleurs.
Alors, contrairement au Covid-19, l’épidémie de fermetures et de licenciements n’a rien de naturel. Ce sont des choix de classe : pour ses profits, la grande bourgeoisie est prête à faire crever les travailleurs. Nous ne devons pas l’accepter !
Lutter contre ces licenciements est une question vitale pour le monde du travail et pour toute la société. Dans le contexte de crise actuelle, personne ne peut sérieusement envisager trouver un autre gagne-pain. Alors, perdre son emploi est une condamnation à la pauvreté et à la déchéance.
Parmi les ouvriers licenciés ces dernières années, beaucoup ont tenté de se mettre à leur compte. Certains se sont faits chauffeurs de VTC, d’autres ont créé leur petit restaurant. Combien sont-ils aujourd'hui à se retrouver sans revenu et endettés jusqu’au cou ? Quant à ceux devenus intérimaires, ils ont été les premiers à devoir faire la queue à l’aide alimentaire pour nourrir leur famille. 
Alors, il en va des emplois comme de la santé, il faut en faire la priorité de la société : pas un ouvrier, pas un employé, pas un intérimaire ou un contractuel ne doit perdre son emploi et le salaire qui lui permet de vivre !
Face à l’effondrement des commandes et de l’activité, il faut répartir le travail entre tous. Si l’activité est réduite, les cadences et le temps de travail doivent baisser avec les salaires maintenus intégralement. Oui, il faut imposer de travailler moins pour travailler tous !
Cela a un coût ? Oui, mais l’an dernier, les seules entreprises du CAC 40 ont réalisé 80 milliards d’euros de profits. Soit l’équivalent de plus de deux millions d’emplois payés 1800 euros mensuels, cotisations incluses. Alors, que l’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas d’argent !
Même Renault, dont Le Maire nous dit qu’il « joue sa survie », a de quoi payer. Le groupe a défrayé la chronique en février en annonçant une perte de 140 millions. Mais ces dix dernières années, il a accumulé 24 milliards de profits tirés de l’exploitation du travail de l'ensemble des salariés, de l'ouvrier intérimaire à l'ingénieur.
Les profits passés et présents, les fortunes des actionnaires doivent servir à maintenir les emplois et les salaires. Et c’est vrai aussi de l’argent public.
Durant le confinement, l’État a garanti les affaires des actionnaires et des capitalistes à coups de dizaines de milliards. Il s’est substitué au grand patronat en payant le chômage partiel à 12 millions de salariés. Il va continuer de l’aider au travers de différents plans de relance. Il prévoit de prêter sept milliards à Air France et cinq milliards à Renault. Eh bien, il faut que l’argent public garantisse les emplois et les salaires des travailleurs, y compris des plus petites entreprises !
Ce serait impossible car contraire à la compétitivité et aux règles capitalistes ? Mais ces règles ne servent qu’à enrichir une minorité, à détruire les emplois et condamner les travailleurs à la misère. Elles transforment tout en source de profit et soumettent les services publics et les hôpitaux à la course à la rentabilité, avec le désastre sanitaire que l’on sait. C’est encore en leur nom que le capitalisme détruit la planète à petit feu.
Du point de vue des travailleurs et de leur survie, la répartition du travail entre tous sans perte de salaire est la seule réponse réaliste. Si nous ne voulons pas être condamnés à vivre des miettes d’une société en crise, il nous faudra l’imposer !

Ségur de la santé : promesses, promesses…


Les travailleurs hospitaliers n'obtiendront du concret que par leur mobilisation



Le gouvernement commence à organiser ce qu'il appelle le « Ségur de la santé ». Cette promesse d'un plan pour les hôpitaux publics vient après plusieurs autres plans qui n'ont rien changé à la misère de l'hôpital public. Ces nouvelles promesses, de la part de gouvernants qui ont supprimé des lits hospitaliers, fermé des hôpitaux et des services, organisé la pénurie de personnel, ne valent rien.
         Les travailleurs hospitaliers ont toutes les raisons de se méfier. Ceux qui se sont mobilisés ces derniers mois, aux Urgences et dans tous les autres services, ceux qui se mobilisent encore aujourd'hui à l'occasion des « jeudis de la colère », savent qu'ils n'obtiendront du concret qu'en élargissant leur mobilisation.

Ehpad du groupe Korian : une journée de lutte


« Business de l'or gris », tout un programme !


Construction d'un nouvel Ehpad Korian en 2016

Les travailleurs des Ehpad du groupe Korian étaient appelés hier undi à la grève devant leurs établissements par les syndicats CGT, FO et SUD, pour des primes sans discrimination (1 000 euros promis par le groupe, 1 500 euros de l'État et 100 euros de prime « grand âge »), ainsi que pour des hausses de salaires de 300 euros mensuels. Ils revendiquent aussi la reconnaissance du Covid-19, dont une aide-soignante est décédée, comme maladie professionnelle et une augmentation des effectifs.
         Korian est un géant européen du « business de l'or gris ». Il a obtenu une croissance continue de ses profits en économisant sur le dos du personnel et des personnes âgées, décimées par l'épidémie dans plusieurs de ses Ehpad. Les travailleurs de Korian ont toutes les raisons d'engager le fer avec leur direction.


A propos de l'EHPAD Mapad, ex-Korian, de Bezons

Une intervention de notre camarade Michel CAMPAGNAC lors du conseil municipal tenu par visio-vonférence le 18 mai dernier

« Il semble qu'il n'y ait pas eu de cas de Covid à l’Ehpad de Bezons. On le doit d'abord au sens des responsabilités du personnel. Pour exemple, A Bezons, comme dans bien d’autres Ehpad, des soignants ont dormi sur place, par peur, non pour eux-mêmes, mais par peur de contaminer les autres. Ils ont fait leur travail avec la conscience claire du danger et de l’importance de leur travail. Ils ont tenu leur rang dans des conditions souvent difficiles.
Mais peut-on constater le même esprit de responsabilité des dirigeants et surtout des propriétaires des Ehpad ?
A cette occasion, je voudrais exprimer mon inquiétude sur la situation de l’Ehpad de Bezons. Elle appartenait à une association il y a quelques années. Elle a ensuite été racheté par le groupe Médica, puis par le groupe Korian qui l’a finalement revendu à la fin de l’année 2019 à un autre groupe : Mapad. Cette partie de Monopoly, n’est qu’un aspect de la gestion capitaliste des établissements de santé.
Les Ehpad appartiennent à des grands groupes cotés en bourse qui eux-mêmes appartiennent à des banques. Les financiers parlent "d'or gris" à leur propos.
Cette puissance financière leur donne-t-elle plus de moyen pour garantir la santé des anciens ?
Bien sûr que non. Le manque de personnel, le non remplacement des absents, ont créé les mauvaises conditions qui ont rendu la lutte contre l’épidémie encore plus difficile.
Et alors que les bénéfices de Korian se chiffraient en milliards d’Euros en 2019, quand Korian possédait encore l’Ehpad de Bezons, nous avons tous vu ces images sur le manque de masques et de tenues de protection.
Non la course au profit ne fait pas bon ménage avec la santé.
Et la gestion du groupe Mapad ne rassure pas les salariés. Ils sont très inquiets pour l’avenir du site. »

Hertz : les gros actionnaires doivent payer


Pour les actionnaires, seulement un moyen de maintenir… leurs profits



Hertz, géant mondial de la location de véhicules, se déclare en faillite aux États-Unis. Ce n'est pas un écroulement du loueur : « La réorganisation financière fournira à Hertz une voie vers une structure plus robuste qui positionnera au mieux la société à l'avenir », a annoncé son PDG. Hertz avait vu son chiffre d'affaires augmenter en début d'année et la procédure de faillite devrait lui permettre de restructurer sa dette.
         En fait, le milliardaire Carl Icahn, qui possède 39 % des actions de Hertz ne veut pas subir les effets du ralentissement économique. Pour lui, ce sont 20 000 salariés, plus de la moitié des employés, qui doivent en faire les frais en étant licenciés ! Ces gens-là ont un portefeuille à la place du coeur. Pour éviter la catastrophe sociale, pas d'autre choix que de les exproprier.

Relocalisation capitaliste de la production ou abattre le capitalisme ? Des Idées pour comprendre le monde, une vidéo de Lutte ouvrière


lundi 25 mai 2020

Santé, médecins : une pénurie organisée


Médecins : une pénurie organisée

19 Mai 2020

La crise sanitaire a révélé la situation dramatique des hôpitaux, des Ehpad et aussi le manque criant de personnel de santé, médecins, infirmières, etc. Mais en ce qui concerne le nombre de médecins formés, les chiffres annoncés pour 2020 n’augurent rien de bon.
En 2020, les chiffres du numerus clausus seront quasiment les mêmes qu’en 2019, avec seulement 46 places de plus en médecine et donc 9 361 postes ouverts au concours. Le numerus clausus est imposé par le biais du concours instauré en 1971 & la fin de la première année des études médicales pour limiter le nombre de médecins formés chaque année. L’objectif, double, était alors de limiter les dépenses médicales et d’accorder aux médecins en poste la garantie d’une clientèle nombreuse. Lors du premier concours en 1972, 8 588 postes avaient été ouverts. Près de 50 ans après, on forme tout juste 700 médecins de plus alors que la population a augmenté de 15 millions. On a d’ailleurs vu encore pire, car entre 1984 et 2002, le numerus clausus autorisait moins de 5 000 médecins par an, l ’année « noire » étant 1993 avec 3 500 médecins formés.
En cinquante ans on a vu l’extension des déserts médicaux, les difficultés croissantes pour obtenir des rendez-vous avec des médecins spécialisés. On a vu aussi l’explosion des dépassements d’honoraires et le développement d’une
médecine à deux vitesses. Et ce n’est pas la suppression du numerus clausus prévue en 2020 qui augure bien de l’avenir, car on ne sait rien encore du nouveau système de sélection.
Aujourd’hui le gouvernement dit vouloir revenir sur des années d’erreurs, mais il continue à organiser la pénurie de médecins.

                                             Cédric DUVAL (Lutte ouvrière n°2703)

Presse : Presstalis : salariés, kiosquiers, lecteurs sacrifiés



Presstalis : salariés, kiosquiers, lecteurs sacrifiés

19 Mai 2020

Le 15 mai, le tribunal de commerce de Paris a placé Presstalis, premier distributeur de presse du pays, en redressement judiciaire et fermé des filiales en province. Sur 910 postes, 645 seraient supprimés en conséquence, majoritairement en province. Des salariés ont déclenché le 11 mai une grève contre ces suppressions d’emplois.
Le tribunal a retenu le plan de « sauvetage » plébiscité par la direction de l’entreprise et a refusé le délai demandé par les militants CGT. Ce plan, proposé par les grands quotidiens nationaux, vise à soutenir ce réseau de distribution comme la corde soutient le pendu.
Il n’a aucune considération pour le devenir des travailleurs qui seraient licenciés, un tiers des effectifs au siège à Paris et dans les activités de groupage distribution à Bobigny et la totalité des effectifs des filiales en province. Ses concepteurs, grands quotidiens de la presse bourgeoise et PDG de Presstalis, n’ont pas plus de considération pour les 22 000 marchands, en particulier les petits kiosquiers. Ceux-ci n’ont guère le choix de ce qui leur est livré et ne gagnent pas leur vie avec les quotidiens papier, qui demandent beaucoup de manutention et sont peu rémunérateurs. Le plan n’en a pas non plus pour les lecteurs, qui sont priés de se contenter de ce qu’on leur propose ou d’aller voir sur Internet, ce que beaucoup font déjà par commodité ou obligation.
Presstalis, qui a succédé aux NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne) il y a plus de dix ans, héritait d’un système coopératif de distribution mutualisée, mis en place à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et dans lequel les plus gros payaient un peu pour les plus petits afin que la presse, toute la presse, soit à disposition des lecteurs jusque dans le plus petit village disposant d’un vendeur de journaux. Les groupes capitalistes éditeurs n’ont eu de cesse de remettre en cause ce système, car pour leur rentabilité, ils ne supportaient pas la mutualisation. C’était de leur point de vue payer pour les petites publications sans moyens, souvent d’opinion peu appréciée des magnats de la presse, comme, entre autres, Lutte ouvrière qui fut longtemps distribuée par ce canal, avant que le coût n’en devienne exorbitant.
Outre la liberté de lire ce qu’on veut, sans coût supplémentaire, les actionnaires de Presstalis, éditeurs des grands quotidiens et magazines à gros tirage, ont sacrifié au passage des milliers d’emplois de travailleurs qui se sont battus pour ne pas être jetés à la rue d’abord, puis pour arracher un accompagnement. Le soutien de l’État, de moins en moins généreux, se résume désormais à un prêt de 35 millions d’euros.
La solution serait de faire payer les grands groupes de presse – comme l’Opinion, La Provence, Artemis, etc.-et les Arnault, Niel, Bolloré, etc., qui les possèdent et débordent de richesses. Ce n’est évidemment pas sur le tribunal de commerce ni sur les représentants de l’État qu’il faudra compter pour cela.

                              Viviane LAFONT (Lutte ouvrière n°2703)

Puy du Fou (Vendée) : Les privilèges toujours en cour


Le roi et sa cour


 

Le 20 mai , Emmanuel Macron, a envoyé un SMS à Philippe de Villiers pour l’informer que sa demande d’ouverture du Puy du Fou avait obtenu le feu vert.
         Le deuxième parc à thème français en termes de fréquentation a annoncé, dans la foulée, son ouverture le 11 juin, devançant ainsi tous ses concurrents.
         Faisons confiance au ci-devant vicomte le Jolis de Villiers de Saintignon pour faire respecter les distanciations sociales !
         Combien ce copinage doit ulcérer tous les intermittents du spectacle des multiples évènements annulés, les restaurateurs et autres commerçants des cafés ou des activités liées à des évènements qui, eux, ne bénéficient ni de privilèges ni d’une anticipation de réouverture ! Et on les comprend mille fois.