mardi 31 mars 2020

Argenteuil – agents territoriaux : le bulletin Lutte ouvrière de cette semaine




Les brèves, voir l'Édito ci-dessus sur le bulletin de chez Dassautl-Argenteuil



Première priorité : nous protéger !

Nous sommes entrés dans une période bien particulière qu’aucun d’entre nous n’a jamais connue. Durant celle-ci, la priorité est la santé. La priorité est la santé et donc la protection de chacun.
Bien évidemment, certains services municipaux doivent être maintenus. Certains autres devraient même être créés ou renforcés, au volontariat. Et tout cela dans des conditions de protection maximum.
Il en va de notre santé et celle de nos proches.

Et pourtant, cela ne serait pas compliqué de les produire en quantité

L’arrivée des matériels de protection ne s’est pas fait dans la collectivité dans des conditions qu’exigeait la situation. Ils sont arrivés au compte-goutte quand ils sont arrivés. Certes, ce n’est pas du fait essentiel de la municipalité et de la direction. La responsabilité relève des manques fondamentaux de l’État et du gouvernement, de son imprévoyance, dont toute la politique de santé publique est à revoir.
Il est vrai que pour les défenseurs et serviteurs des classes dominantes, cela passe très loin après la santé des profits de ces dernières.

Un principe

Quand les conditions de sécurité et de protection ne sont pas remplies, il n’y a aucune raison de prendre des risques.
Ce n’est pas seulement notre santé et notre vie qui est en jeu, mais celle de nos proches, et des habitants lorsqu’ils sont obligés de venir à la rencontre des services municipaux.
Le principe « droit de retrait » lorsque l’absence de sécurité s’impose n’est pas un vain principe.

Pas question de prendre le moindre risque

Il est arrivé que l’on nous demande de changer de poste, et parfois loin de notre travail habituel.
Certes pourquoi pas, mais au volontariat, dans la mesure de nos capacités, et sans prendre aucun risque.

Lourde à la détente

Lourde à la détente depuis la montée en puissance de l’épidémie, nombreux sont parmi la hiérarchie, ceux qui ont souvent bien eu du mal à répondre à nos questions.
Il en va pourtant de sa responsabilité.
Cela dit heureusement qu’il y a des militants pour le faire.

Puisqu’ils ont du temps

Le cabinet du maire a bien moins d’activité depuis ces deux dernières semaines.
Ses membres pourraient être spontanément disponibles pour au moins donner un coup de main lorsque cela s’impose.
Ce n’est vraiment pas beaucoup leur demander.

Totalement sur la réserve

La municipalité sait communiquer lorsqu’elle veut nous imposer un certain nombre de choses. Un seul exemple : il y a quelques temps ses courriers sur le devoir de réserve.
Aujourd’hui, elle reste muette alors que nous sommes nombreux à attendre qu’elle nous informe sur la situation de santé du personnel, et sur bien d’autres sujets.

Un cinéma indécent
Macron est allé parader devant les télés à Mulhouse sous la tente du petit hôpital militaire de campagne. Il n'y avait pas encore de malades, mais lui avait droit à un masque.
Devant les caméras, il y a promis « un investissement massif » pour les hôpitaux.
C’est de promesses en promesses qu’on en est arrivé à la catastrophe.

Des mensonges par milliards

Soignants qu'on envoie au front de l'épidémie sans masques, éboueurs qui n'en ont pas, personnel et résidents des Ehpad qui en sont privés…
On nous a d'abord dit que tout le monde n'avait pas besoin de masques. Ensuite, on a annoncé à la télé : « Les masques ont en a », puis : « Ils arrivent ». Maintenant, c'est : « On en a commandé ». Le nombre des masques censés arriver croît de jour en jour : un million, des dizaines, des centaines de millions, un milliard promet  le ministre de la Santé !
Pendant qu’on nous étourdit par ce tourbillon de chiffres, le virus et les victimes se multiplient.

Sois un héros… mais tais-toi !
Au CHU de Nîmes, un haut cadre de la santé a donné pour consigne qu’en cas de décès dû au coronavirus, « il est formellement interdit de communiquer à ce sujet à l’extérieur ».
Même chose à Montpellier où un dirigeant a écrit : « Vous n’êtes pas autorisé à donner des informations aux journalistes ».
Pas de chance pour ceux qui veulent confiner la vérité et la glisser sous le tapis : la catastrophe est bien visible, et les responsables aussi.

Annie Ernaux : Un beau texte qui exprime le sentiment d’un très grand nombre


En espérant qu’il n’y a pas de copyright. J’espère qu’Annie Ernaux et France inter nous pardonnerons…


Une courte mais saine lecture




https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-30-mars-2020

 « Cergy, le 30 mars 2020

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et  ce qu’on pouvait lire sur la  banderole  d’une manif  en novembre dernier -L’état compte ses sous, on comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’Etat, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays :  les hôpitaux, l’Education nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.  

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps   pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, Nombreux à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne vaut la vie » -  chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale. »

                                                                            Annie Ernaux

lundi 30 mars 2020

Production de masques et profit : sinistre leçon


Pas plus loin que le bout de leurs profits

 
                                                                

En 2018, une usine fabriquant des masques de protection respiratoire basée à Plaintel près de Saint-Brieuc en Bretagne a fermé. Elle avait une capacité de production de 200 millions de masques par an et avait d’ailleurs été très sollicitée en 2009 lors de l’épidémie de grippe. Les effectifs avait atteint 200 salariés à ce moment-là.
          Son dernier propriétaire, le groupe Honeywell avait alors considéré que le taux de rentabilité était trop faible et avait licencié les 38 derniers employés et fermé l’usine. Les syndicats avaient même sollicité Macron. Mais ni lui ni son ministre de l’Industrie n’avaient levé le petit doigt pour cette entreprise.
          Et ce sont les mêmes qui pleurent aujourd’hui sur la pénurie de moyens de protection contre l’épidémie !

Confinement : les violences faites aux femmes augmentent


Ne les laissons pas seules


Dans les conditions de la situation actuelle, les violences conjugales auraient augmenté d’un tiers selon les chiffres du ministère de l’intérieur. La situation est compliquée par la difficulté pour aller porter plainte, se déplacer, et par la fermeture de nombreuses structures dédiées à venir en aide aux victimes.


     Aujourd’hui lundi, Philippe Métezeau me signale qu’il ne faut pas oublier les liens suivants à diffuser : informations, concernant Argenteuil : Accueil téléphonique assuré par l’équipe de la Maison des Femmes : 01 34 23 42 59 / 06 43 74 10 54 Accueil téléphonique assuré par l’Intervenante sociale au commissariat : 06 16 62 76 62

         Et donc aussi un site à rappeler :


         Un site à rappeler :



Santé publique : reconnaissance post-mortem


Seuls les moyens maximums pour la santé publique peuvent sauver des vies en nombre

 
                                                                                                  Photo Euronews

Devedjian, un des anciens chefs de la droite, vient de succomber du coronavirus. La presse rapporte le message qu’il avait rédigé au personnel soignant : « Je suis touché par l'épidémie, donc à même de témoigner directement du travail exceptionnel des médecins et de tous les personnels soignants. Fatigué mais stabilisé grâce à eux, je remonte la pente et leur adresse un très grand merci pour leur aide constante à tous les malades. »
         Cela rappelle les mots de découverte et d’hommage qu’un chantre de l’ultra-libéralisme, rédacteur en chef à TF1 à l’époque, avait utilisés naguère dans Les Échos à la suite de graves problèmes de santé : « Jusqu’à cet été, je ne connaissais du système de santé français que l'ampleur du déficit de l'assurance maladie. Depuis, je sais que ce déficit, que j'ai tellement critiqué, m'a sans doute sauvé la vie. »
         Il n’en aura pas été de même pour l’ancien ministre, mais le message est le même. Pourfendeurs, destructeurs du système public de santé, quand tout va pour eux, mais devant reconnaître enfin, face à leurs problèmes personnels de santé, que ce système public de santé devrait être avec l’éducation, la seconde priorité de la société.