jeudi 3 octobre 2019

Rouen : Lubrizol doit payer ! Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Rouen : Lubrizol doit payer !

02 Octobre 2019

Circulez, il n’y a rien à voir ! C’est ce que, après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, le 26 septembre, les autorités ont répété pendant plusieurs jours. Pas moins de cinq ministres et le Premier ministre sont venus sur place pour rassurer la population. 




« Les odeurs gênantes ne sont pas dangereuses », a déclaré Édouard Philippe. « Il n’y a pas de risque avéré pour la population », a surenchéri Castaner. « Les fumées ne sont pas toxiques », ont repris en boucle les autorités… tout en demandant aux habitants de rester chez eux et aux agriculteurs de suspendre leur récolte. « Il n’y a pas de danger grave et immédiat pour les habitants », a expliqué le maire PS Yvon Robert, transformé en avocat bénévole de Lubrizol et expliquant que « cette entreprise est toujours disponible pour améliorer la situation et n’a jamais hésité à dépenser pour accroître la sécurité».
La réalité est tout autre. Des centaines de personnes ont été incommodées, ont eu des nausées et des maux de tête, voire ont dû quitter leur domicile. La Seine a été polluée. L’incendie, qui a débuté dans la zone de stockage des expéditions de cette usine un peu avant 3 heures du matin, n’a pu être circonscrit que vers 18 heures. Un pompier intervenu dans la nuit, face à des flammes de 20 mètres de haut, avec des milliers de fûts éventrés, a raconté ses craintes d’avoir été exposé à des substances toxiques, alors qu’il n’avait qu’un pauvre masque en papier. Cette usine produit des additifs pour les huiles et les carburants et ces produits se sont enflammés, entraînant un nuage de fumées noires. Ce nuage, poussé par le vent et rabattu par la pluie, a pollué une partie de l’agglomération rouennaise et des zones plus rurales au nord-est. Une suie grasse accompagnée d’une pellicule d’hydrocarbure a recouvert les sols et les habitations.
Mardi 1er octobre, cinq jours après l’incendie, malgré les propos lénifiants des autorités, l’inquiétude reste vive dans la population. Environ 5 000 personnes ont participé à la manifestation appelée par plusieurs syndicats (CGT, Sud), associations et ONG (Attac, Greenpeace…) pour dénoncer le manque de transparence des autorités et de l’entreprise. Si les panaches noirs des fumées d’hydrocarbures ont disparu, il subsiste des zones de l’agglomération où l’odeur qui imprègne les bâtiments persiste et génère des malaises. Ainsi les locaux de France 3 Normandie, situés sur le passage du nuage de pollution, étaient toujours impraticables lundi. Dans certaines écoles qui rouvraient lundi matin, l’atmosphère était irrespirable au point que des enseignants ont exercé leur droit de retrait, notamment à Petit-Quevilly et sur les hauteurs de Rouen. Et, dans de nombreuses autres, seules les activités intérieures étaient possibles, tant l’odeur reste incommodante à l’extérieur. Une centaine de conducteurs de cars de l’agglomération sont en arrêt maladie, après avoir été incommodés par la pollution. L’incendie de Lubrizol rappelle aux 400 000 habitants de l’agglomération qu’ils habitent sur une poudrière : Rouen et sa banlieue comptent 26 sites Seveso, dont 13 en seuil haut.
L’activité agricole est frappée dans 112 communes de la Seine-Maritime et dans 94 autres situées dans l’Oise, la Somme, l’Aisne et le Nord – les fumées sont parvenues jusqu’en Belgique. Des champs sont souillés, des bestiaux tachés, et des traces noires dégoulinent de certaines ruches. Dans ces communes, les récoltes sont interdites et les produits déjà récoltés ne peuvent être commercialisés, dans l’attente des résultats d’analyses qui ne seront connus que dans plusieurs jours. Les producteurs de lait sont dans l’obligation de détruire leur production quotidienne, faute de moyens pour la stocker. Les compagnies laitières (Lactalis, Danone…) n’assurent plus le ramassage d’un lait dont elles ne savent pas si elles pourront le commercialiser. Des éleveurs font état de 500 à 700 euros de perte quotidienne. Il en est de même pour les maraîchers, qui ne peuvent écouler leur production, même s’ils sont établis en dehors de la zone exposée, car les consommateurs se méfient de la provenance des légumes. Lundi, le ministre de l’Agriculture s’est rendu sur une exploitation agricole ; il a promis aux éleveurs une avance de trésorerie et annoncé que les laiteries allaient devoir reprendre leurs tournées. Mais, en attendant, qu’en sera-t-il des pertes ?
Lubrizol est évidemment responsable de tous ces dommages et doit payer. Il ne s’agit pas d’une PME en difficulté, mais d’une multinationale propriétaire d’une centaine d’usines, au chiffre d’affaires de 6,8 milliards de dollars. Les autorités ne cessent de vanter Lubrizol pour son respect scrupuleux des mesures de sécurité. Cette usine classée Seveso « seuil haut » a un lourd passé de pollueuse, l’épisode le plus connu étant le dégagement de mercaptan, un gaz malodorant, en 2013 – une pollution pour laquelle elle avait dû payer une amende dérisoire de 4 000 euros. Pendant l’incendie, toute la toiture, en fibrociment à base d’amiante, s’est écroulée. Et jusqu’au soir du 1er octobre, plus de cinq jours après le sinistre, la préfecture a refusé de communiquer la liste des produits chimiques dont 5353 tonnes ont brûlé, une liste pourtant connue depuis le début. Jusqu’au bout, les autorités ont été complices des pollueurs de Lubrizol.
Afin d’allumer un contre-feu, la direction de l’entreprise a eu le culot de porter plainte contre X pour « destruction involontaire ». S’appuyant sur son statut de premier exportateur de Haute-Normandie, Lubrizol espère l’impunité dont elle a bénéficié jusqu’ici… y compris avec un chantage sur l’avenir de ses salariés. Les 400 ouvriers de l’usine, dont certains ont joué un rôle salutaire pendant l’incendie en éloignant des stocks de produits dangereux, sont maintenant au chômage partiel.
Lubrizol doit bien sûr payer pour maintenir les emplois et pour réparer tous les dommages qu’elle a causés. Mais, au-delà de cet épisode, il n’est pas acceptable que des activités aussi dangereuses que la pétrochimie continuent d’être soumises au profit privé.
                                                          Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2670)
Vendredi 4 octobre à 22 heures, Nathalie ARTHAUD
au Débat de LCI

Amiante : manifestation nationale des victimes le 11 octobre à 14 heures à Paris. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Amiante : manifestation nationale des victimes

02 Octobre 2019

« À l’école, à l’hôpital, au travail, l’amiante tue. Éradiquons ce poison pour éviter de nouvelles victimes ! »

Vingt-deux ans après l’interdiction de l’utilisation de l’amiante en France, il reste des millions de tonnes de matériaux amiantés. Ils se dégradent et mettent en danger les élèves, les travailleurs, les locataires des HLM. L’exposition à l’amiante est et restera pendant encore plusieurs décennies un sujet majeur de santé publique.
Certes, en 2019, grâce à l’action tenace des associations de victimes de l’amiante, des avancées réglementaires et de jurisprudence ont été obtenues. C’est le cas pour l’extension du préjudice d’anxiété aux travailleurs d’entreprises ne figurant pas sur la liste des établissements bénéficiant de l’Acaata (allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante) mais néanmoins exposés. Ils ont désormais le droit de faire reconnaître un préjudice d’anxiété auprès des tribunaux et une indemnisation par l’employeur au titre de l’obligation de l’exposition fautive. De même, il est positif que, depuis le 11 septembre 2019, l’accès à ce préjudice soit élargi aux salariés exposés à d’autres substances cancérogènes. Cela grâce notamment à la longue lutte et à la persévérance des mineurs retraités de Lorraine.
Mais il ne faut pas oublier que le sabotage de l’instruction du procès pénal des victimes de l’amiante continue avec les ordonnances de non-lieu prononcées dans les dossiers des usines Eternit et de Condé-sur-Noireau. À ce jour, aucun responsable politique, aucun patron n’a été condamné pour ce drame sanitaire qui continue chaque année à faire des milliers de victimes. Les travailleurs doivent manifester pour dénoncer ce scandale.

Lutte ouvrière s’associe  à l’appel de l’Andeva (Association nationale  des victimes de l’amiante)
à manifester vendredi 11 octobre  à 14 heures à Paris, départ de la place Saint-Sulpice.

                                                 Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2670)

Maroc : le droit des femmes reste à conquérir


Contre les lois rétrogrades, les femmes ne peuvent compter que sur leurs luttes


Manifestation pour les droits des femmes au Maroc en 2011

Au Maroc, une journaliste Hajar Raissouni et son fiancé ont été condamnés à un an de prison ferme pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ». Le gynécologue de la jeune femme a été condamné à deux ans de prison ferme.
L’Etat marocain est coutumier de ce genre de condamnation. En 2018, 73 personnes ont été poursuivies pour avortement, 170 pour homosexualité, plus de 3 000 pour adultère et plus de 14 000 pour relations sexuelles hors mariage.

         Comme partout dans le monde, au Maroc, les femmes ne pourront compter que sur leurs luttes pour combattre les lois rétrogrades.

Argenteuil, Cap Héloïse, les stratagèmes cousus de fil blanc de la municipalité et de ses conseils


Bidonnage et enfumage sont les deux mamelles de la municipalité

Opinion ouais !

Lundi soir, le maire d’Argenteuil annonçait qu’il décidait de « surseoir à statuer » au sujet de la délivrance d’un permis de construire pour « Cap Héloïse ». Et il ajoutait avoir décidé de « lancer une consultation d'un échantillon représentatif de la population, avec le cabinet Opinion Way, sondage sur les attentes des Argenteuillais quant à la transformation de la ville et spécialement au projet Héloïse ». Et il ajoutait, avec beaucoup d’humour noir : « Ce n'est qu'en écoutant les habitants, comme cette majorité l'a toujours fait, que nous pourrons avancer. »
         Bref, pas de concertation, pas de consultation directe, pas de réunion de présentation et de discussion, mais un sondage… où la population d’Argenteuil ne contrôlera ni les formulations, ni le panel, ni les résultats.
         Et cela n’a pas traîné, voilà que le conseil municipal n’était presque pas terminé que les appels des sondeurs ont commencé…
         Si l’on prend le cas des sondages électoraux, ils interviennent au moins dans un contexte connu de tous, préparé par la propagande et les initiatives des forces en présence.
         Là rien de tout cela, la municipalité va prendre au dépourvu les habitants sans ce débat préparatoire général. Elle fonce à la hussarde, croyant les prendre de cours pour arriver à ses fins. (À suivre sur ce plan)
         Mais il faut qu’elle sache que tout cela ne se joue pas ces premiers jours d’octobre, mais les 15 et 22 mars prochain. DM

Argenteuil, une ville à transformer, mais les édiles ont-ils réfléchi sérieusement à la question ? Chronique des élections municipales de mars 2020 à Argenteuil (14)


Inverser la situation du monde du travail local


Quand ces messieurs évoquent la nécessité de « transformer la ville », ils donnent l’impression que cette transformation se situe uniquement sur un seul plan, alors que ces transformations se posent à des niveaux très différents. Quelques exemples :
         -Faut-il la transformer en supprimant les contraintes qui handicapent son fonctionnement : l’enclavement des quartiers dû aux voies ferrées ; la rupture de continuité entre la Ville et son fleuve… ?
         -Faut-il la transformer en évacuant les plus pauvres vers les périphéries excentriques de l’Ile de France ?
         -Faut-il la transformer en privilégiant l’éducation, la culture, la santé ?...
         -Faut-il la transformer en rendant à leurs chères études des édiles qui se sont ingéniés depuis 2014 à compliquer la vie de la population et  des acteurs de la Ville comme notre blog « lo argenteuil » en fait foi ?
         Toutes questions, et bien d’autres tout aussi légitimes…
         Et nous en ajouterons une toute particulière, puisqu’elle est au cœur de notre action :
         -Faut-il la transformer en aidant à ce que le monde du travail qui représente l’énorme majorité de la population d’Argenteuil améliore à nouveau sa condition ouvrière et donc sa conscience et son organisation, grâce, à nouveau, à la hausse des salaires et des pensions, à l’accès à l’emploi, et à l’amélioration de toutes ses conditions de travail ? DM




Oui, reviendra le temps des cerises

                                  Merci pour ces photos du blog « DÉZONÉ »

(Je vous parlerai demain de mon Val d’Argent des années 68-80)