jeudi 2 août 2018

Feuilleton Benalla : un scénario bien faible. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Le feuilleton Benalla : un scénario bien faible

Depuis Eugène Sue et ses Mystères de Paris, écrits au milieu du 19e siècle, le roman-feuilleton avec ses aventures rocambolesques occupe une place de choix dans les journaux. L’affaire Benalla est bien partie pour être celui de l’été 2018.
Tous les ingrédients sont réunis : un personnage haut placé, Macron, qui s’acoquine avec un jeune, Alexandre Benalla, qui n’a d’autre richesse ou compétence que l’art du coup de poing et qui connaît une ascension sociale fulgurante, une intrigue parsemée de multiples rebondissements ; des coups fourrés qui finissent par être dévoilés, des aveux suivis de démentis et, pour couronner le tout, le personnage principal qui se tait, puis devient trop bavard, et qui tente de se sortir du marigot dans lequel il s’est fourré. Quel sera le prochain épisode qui, à vrai dire, est bien loin des préoccupations des classes populaires ?
En tout cas, ce feuilleton est bien à l’image des pratiques habituelles des hommes de pouvoir et de leurs protégés, et aussi de toute cette opposition parlementaire qui l’utilise pour se remettre au centre de la piste du cirque politicien.
Même si le phénomène existe depuis des siècles et que nombre de rois avaient eux aussi des tueurs à gages à leur service, la 5e République nous en a fourni des exemples et, il faut le dire, bien plus dramatiques que celui du ridicule Benalla. Le Service d’action civique (SAC) créé par de Gaulle était composé entre autres de tueurs qui exécutaient sur commande. Quant à Hollande lui-même, il a reconnu dans ses mémoires avoir commandé aux services spéciaux d’éliminer des djihadistes qui n’étaient pourtant pas passés aux actes, quatre selon lui, quarante selon les services secrets, bien placés pour connaître la vérité.

                                    Marianne LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2609)



Migrants : le cynisme des politiciens. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Migrants : le cynisme des politiciens

Certains journalistes se demandent si la question des migrants sera au centre des prochaines élections européennes. En tout cas, elle est d’ores et déjà instrumentalisée par l’ensemble des forces politiques.
Collomb, le ministre de l’Intérieur de LREM, qui peaufine son image d’homme à poigne, se félicite qu’aux yeux du Conseil constitutionnel le franchissement irrégulier d’une frontière reste un délit. Cela n’empêche pas le Rassemblement national (ex-FN) et Les Républicains de réclamer plus de fermeté contre les migrants, telle Marine Le Pen qui parle de « l’immigration massive » en France.
La réalité est pourtant tout autre : la France n’a accueilli que peu de migrants ces dernières années, bien moins que l’Allemagne ou l’Italie, sans parler de la Turquie, qui accueille 3 millions de réfugiés. D’après la Cimade, le nombre de « non-admissions sur le territoire français » (de refoulements donc) a dépassé les 85 000 en 2017, 34 % de plus par rapport à 2016.
À gauche c’est le bal des hypocrites. Les dirigeants du PS, d’EELV, de Génération.s proclament tous, sans honte, que la fraternité est désormais une valeur constitutionnelle. Ils ont pourtant tous été membres d’au moins un des gouvernements de Hollande qui a poursuivi la chasse aux sans-papiers et l’expulsion de dizaines de milliers d’entre eux. L’équilibriste Mélenchon tente, lui, de marier accueil des migrants et défense des frontières, histoire de faire des clins d’œil électoraux à 360°.
Tous ces politiciens ont un point commun : le sort des femmes et des hommes qui meurent en pleine mer ou sont arrêtés ou torturés lors de leur périple est le dernier de leur souci. Ils ne parlent de ce sujet que pour tenter de se distinguer des concurrents, de se forger une image qui plaira aux électeurs... et surtout pour ne pas avoir à aborder le scandale qu’est l’enrichissement sans limite des groupes capitalistes.

                                                Stéphane FORT (Lutte ouvrière n°2609)


Antisémitisme, la mise au point du maire de Bezons (Val d'Oise)


Il y a quelques jours, nous avions évoqué les propos antisémites tenus par le fils du maire de Bezons sur les réseaux dits sociaux, propos qui avaient profondément scandalisé. Le maire de Bezons a fait paraître le 17 juillet le texte suivant que nous diffusons bien volontiers pour l’information de tous.

« ANTISÉMITISME : JAMAIS ! 




Lundi 11 juin, je me suis associé à l’initiative conduite par l’association Bezons West Bani-Zaïd, visant à commémorer le 70e anniversaire de la Nakba (La catastrophe pour les centaines de milliers de Palestiniens contraints à l’exode). Depuis, je ne cesse d’être l’objet de menaces de mort et de violences verbales d’une extrême gravité qui n’ont épargné ni mes proches ni les fonctionnaires de la ville que je dirige.
Chacun sait l’importance que j’accorde au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Depuis mon plus jeune âge, cela a été l’une des lignes directrices de mon engagement politique. Je pense aux combats contre toute forme de négationnisme, de racisme, d’antisémitisme, contre la guerre au Vietnam, le coup d’État militaire au Chili, contre l’apartheid en Afrique du Sud et pour la libération de Mandela. Sans oublier mes combats contre la course aux armements dans le monde et tout récemment encore l’accueil réservé dans ma ville aux dizaines de réfugiés fuyant la guerre et la misère au Proche-Orient.
C’est pourquoi, en conscience, avec mes amis de l’association West Bani Zaid, je ne peux accepter la moindre équivoque sur la nature de nos combats. Aujourd’hui, certaines organisations très proches du gouvernement de Benjamin Netanyahou (condamné par l’ONU le 13 juin dernier pour les violences meurtrières à Gaza) aimeraient me repeindre en antisémite en exploitant des propos tenus par un membre de ma famille sur les réseaux sociaux. Il s’agit-là d’une accusation particulièrement odieuse à laquelle j’entends répondre dans la clarté.



Je mets au défi quiconque de trouver le moindre écrit, le moindre discours ou propos, de ma vie de militant politique et d’élu local, qui puissent justifier de telles accusations. D’où qu’ils émanent, les propos antisémites ont toujours été pour moi insupportables. C’est pourquoi je déplore et je condamne, sans la moindre réserve et avec la plus grande vigueur, les réactions haineuses tenues par mon propre fils sur Facebook. Ni les menaces ni les insultes dont il a été également l’objet ne peuvent justifier de tenir ces propos.
S’agissant du sort de ce peuple palestinien, je n’ai eu de cesse de réclamer le respect des très nombreuses résolutions de l’ONU condamnant l’occupation illégale de la Palestine par Israël et sa politique de colonisation des territoires. Résolutions malheureusement restées vaines !
C’est sans doute cela qui est insupportable à ces organisations proches de Netanyahou adeptes de cette politique coloniale. Pour elles, toute dénonciation des actes des autorités israéliennes est systématiquement taxée d’antisémitisme. Personne ne peut être dupe sur les intentions de ceux qui dévoient la lutte, pourtant indispensable, contre l’antisémitisme pour justifier l’actuelle répression des Palestiniens par Israël.


Dans ce contexte où beaucoup de dirigeants à l’échelle de la planète ferment les yeux sur ce drame humain qui dure depuis 70 ans, est-ce que protester contre les humiliations et les expulsions relèvent de l’antisémitisme obsessionnel ou d’un combat visant à faire respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
Avec les Bezonnais et mes amis de l’association West Bani Zaid, j’accorde une très grande importance à notre devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité ». Et ce symbole vaut tant pour le peuple palestinien que pour le peuple Israélien qui ont tous deux besoin de disposer d’eux-mêmes, libres sur leur terre.

Dominique LESPARRE                                                                          Bezons, juillet 2018 »

Argenteuil, les vacances en août et la faiblesse de ce que la municipalité propose


La caravane passe, et les jeunes sont toujours là



La « caravane de l’été » est passée dans les quartiers du 6 juillet au 1er août. Quelques jours d’animations qui ont apparemment enchanté les participants. Mais août est arrivé, et la caravane a disparu comme un mirage, laissant un goût de trop peu, et justement alors que le creux des vacances d’août devrait être justement le moment pour proposer des animations aux jeunes qui restent comme ils disent à « Argenteuil-plage ». Mais sans plage. Il n’y a qu’à fréquenter le centre d’Argenteuil pour constater qu’ils sont pourtant encore très nombreux à être encore là en ce début de mois.
         Ceux d’entre nous qui peuvent partir en vacances partent, et ceux qui ne le peuvent pas restent. C’est à ceux-là que devrait aller à ce moment-là un effort et une attention supplémentaires de la part de la commune et de la municipalité.
         Ce ne sont pas les stages de sport dans six gymnases de la Ville et une piscine surpeuplée en ces temps de grande chaleur qui pourront remplacer ni les colonies de vacances de naguère ni le faible effort opéré par la municipalité en ce mois d’août pour les jeunes et les moins jeunes qui ne partent pas.

Bonnes lectures de l’été (20) : Eugenia, Lionel Duroy, Julliard


Eugenia



La Roumanie, coincée entre les Empires centraux et la Russie a connu une histoire chaotique au XXème siècle, et particulièrement durant les années 1930 et la Seconde guerre mondiale. Si les intellectuels de ce pays furent marqués par des influences francophiles, pour nombre d’entre eux, ils le furent également par le nationalisme, le fascisme et l’antisémitisme. La crise des années 30 renforça cette réalité.
         Le roman de Lionel Duroy porte sur les évènements de la Seconde guerre mondiale dans ce pays, les évènements de la Guerre où les allégeances de la dictature et le roi furent ballottés au gré des péripéties militaires et du rapport des forces entre l’URSS et l’Allemagne.
         Bien évidemment il y eut des soutiens du régime, et des opposants. Cette opposition pouvait de retrouver au sein des familles. C’est le cas de la journaliste et opposante Eugenia qui a un frère, militant d’extrême-droite forcené.
         Nous suivons dans ce roman les péripéties effroyables de la Seconde guerre mondiale et les évènements conduisant à la liquidation de la population juive de Roumanie.
         Mais ce livre nous offre une surprenante page d’histoire pour nous sans doute encore un peu naïf, qui nous fait découvrir des intellectuels et écrivains, Mircea Eliade, Cioran, Malaparte que nous ne savions pas avoir été, au moins dans leur jeunesse, de sacrés coquins, antisémites patentés pour les deux premiers, et un opportuniste de première classe pour Malaparte.
         Mircea Eliade, Cioran, qui allaient devenir des personnalités de l’intelligentsias en Occident après la fin du conflit et la création du glacis soviétique. Bref, une histoire à approfondir et à compléter…
         Eugénia, un roman très intéressant.

Eugenia, Lionel Duroy, Julliard ,504 pages, 21 euros