vendredi 18 mai 2018

SNCF, grève, grève, grève, elle ne faiblit pas. Un article du 16 mai de notre hebdomadaire Lutte ouvrière


La grève aussi forte qu’au début

Le succès de la « journée sans cheminots » du 14 mai a infligé un camouflet à la direction de la SNCF et aux médias, qui intoxiquaient l’opinion depuis plusieurs semaines sur « l’essoufflement » du mouvement de grève entamé le 3 avril par périodes de 48 heures tous les cinq jours.



La grève massive a été une mauvaise surprise pour la direction de la SNCF, obligée de reconnaître un « sursaut de mobilisation » : elle n’annonçait qu’un Transilien, un TER et un TGV sur trois et un seul Intercités sur cinq. Le journal Capital, qui avait fini par croire à ses propres mensonges, a parlé de coup de théâtre.
D’après les chiffres de la direction, 74,4 % des conducteurs étaient en grève, autant qu’au début du mouvement. Chez les contrôleurs, le taux de grévistes est même passé de 69 % le premier jour à 74 % le 14 mai.
À l’échelle nationale, plus de 40 % du personnel d’exécution était en grève, soit presque autant que le 3 avril. Dans certaines régions, comme le Limousin, les deux tiers des cheminots de l’exécution étaient en grève, mais aussi près de la moitié des agents de maîtrise et un cadre sur quatre.
Les piquets de grève ont été particulièrement fournis dans beaucoup d’ateliers et de dépôts, montrant la volonté des grévistes d’assurer par leur présence la réussite de la journée.
Les assemblées générales marquaient partout une remontée du nombre de participants. Ils étaient plus de 300 à Nantes, 330 à Rennes, entre 150 et 200 dans les gares parisiennes. De nouvelles têtes sont apparues dans de nombreuses assemblées.
Dans la guerre de tranchées entre le gouvernement et les cheminots, le front de la grève n’a pas reculé. Il est solide, alors que des dizaines de milliers de cheminots comptabilisent jusqu’à 18 jours de grève. Et si une fraction ne fait pas tous les jours de grève du « calendrier », elle est toujours partie prenante du mouvement et prête à se mobiliser. Il n’y a aucune défection ni dans les rangs, ni dans les têtes. Il y au contraire la conscience que l’avenir de tous est en jeu et qu’il faut tenir bon.
En plus de manifestations et rassemblements, le 14 mai a aussi été marqué par le lancement, par l’intersyndicale, du Vot’action, organisé jusqu’au 21 mai, proposant à l’ensemble des cheminots de répondre « pour ou contre le pacte ferroviaire ». Selon la fédération CGT, le 14 mai, « les militants CGT ont ouvert 519 bureaux de vote fixes et mobiles sur l’ensemble des sites ferroviaires ». Dans les assemblées, où le lancement du vote a été présenté, il s’agissait de répondre à l’argument de la direction SNCF, qui a osé prétendre que 80 % des cheminots soutenaient la réforme. Cela est apparu, dans de nombreux endroits, comme un moyen supplémentaire de montrer l’opposition des cheminots à ce plan.
Mais, les cheminots en sont bien sûr convaincus, c’est la grève et elle seule qui pourra faire reculer le gouvernement.
Partout les assemblées ont reconduit la grève pour les 18 et 19 mai. Dans bon nombre de secteurs, les grévistes se prononçaient aussi pour la participation aux manifestations du 22 mai avec la fonction publique.
Le gouvernement peut afficher sa fermeté. Mais, nullement impressionnés, les grévistes sont toujours aussi déterminés.

                                     Christian BERNAC (Lutte ouvrière n°2598)

A15 fermé sur un des deux viaducs, la responsabilité de l’Etat engagée


L’argent public pour les transports, pas pour arroser les capitalistes !



Si c’est souvent à mots couverts, de plusieurs côtés, l’entretien du viaduc de Gennevilliers qui relève de la responsabilité de l’Etat, est mis en cause. Ainsi, pour le conseil départemental, cette fermeture de l’A15 est « une nouvelle preuve des difficultés rencontrées par l’Etat face à ses responsabilités de maintien et d’entretien de son patrimoine autoroutier en Ile-de-France, maintes fois critiquées par les élus locaux ».
De son côté, le président du Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement des structures (STRRES), certes très intéressé par les marchés induits, interrogé de son côté par Le Parisien, « émet l'hypothèse d’un manque d’entretien. Or, le viaduc de Gennevilliers faisait déjà l'objet d'une surveillance suite à un incident survenu en 2002 puis l'effondrement d'une route en contrebas en 2016. Pour ce spécialiste, une infiltration d'eau n'est pas à exclure au vu de l'état visiblement dégradé de plusieurs tiges métalliques soutenant le viaduc. »
Quant au maire d’Argenteuil, Georges Mothron, "En début de ce mandat, nous avons eu deux alertes sur un autre pilier juste en amont où il y a eu des fuites de sablon déclenchées par des orages, du sablon qui sert à remplir ces arches de pont. Une analyse globale devait être faite, je n'en ai aucune nouvelle". Il ajoute réclamer que l'Etat "se remette à suivre les ouvrages de ce type pour éviter la crise dans laquelle nous sommes".
Bref, la question du manque d’entretien n’est mise en question par personne.
Certes, en l’occurrence, elle a des conséquences très importante pour les automobilistes et pour la population d’Argenteuil en particulier, et cette situation relève de la dégradation générale des services publics, ici comme ailleurs. Réduction des budgets et des effectifs, ce sont tous les services publics utiles à la population qui sont visés. Le service public des transports l’est particulièrement aujourd’hui, mais à l’image du reste.
Et là, les édiles qui protestent aujourd’hui contre la situation du viaduc de Gennevilliers, qu’ils pratiquent à leur niveau cette politique d’attaques contre le service public, ou qu’ils l’aient soutenue politiquement, ont leur part de responsabilité.

                                                                                              Photo l'internaute


La défense des services publics, ce n'est pas seulement quand ça les arrange !

Mai 68 : modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans (Suite, 4)


L’apprenti militant tente d’appliquer l’orientation politique du moment

 
Souvent des usines "occupées" seulement par quelques ouvriers

L’ai-je compris à l’époque ? Mais toute la politique de Voix ouvrière était en 1968 dirigée à faire prendre conscience que les millions de travailleurs en grève représentaient une gigantesque force sociale, capable non seulement de faire aboutir un programme de revendications à la hauteur de la puissance de la grève, mais de faire vivre à ces travailleurs une expérience politique exceptionnelle, capitale pour l’avenir et pour celui de la reconstruction dans le pays d’un parti communiste révolutionnaire renouant avec les idéaux de Marx, de Lénine et de Trotski.
         En tout cas, pour les camarades qui n’étaient pas occupés à participer à l’animation de leur grève dans leurs entreprises (1), il s’agissait pour les militants et les proches de Voix ouvrière, lycéens, étudiants, enseignants, ou autres, d’aller à la rencontre des travailleurs en grève pour discuter de tout cela.
         C’est ce que je fis plusieurs fois, à l’entreprise Mazda de Porchefontaine à Versailles, et une autre fois, en direction du dépôt de la compagnie des transports urbains de Versailles et de la gare SNCF de Versailles-Chantiers.
         Si chez Mazda, je crois me souvenir avoir eu quelques discussions, il n’y avait personne aux transports de Versailles, et deux grévistes à la gare des Chantiers qui n’avaient pas spécialement envie de discuter avec ce jeune gauchiste de 16 ans !
         A la différence de mai-juin 1936, la politique générale des organisations syndicales, et de la plus importante en particulier, la CGT, ne fut pas en 1968 que les travailleurs occupent tous leurs entreprises, ce qui aurait été au moins propice à ce que, jour après jour, les travailleurs suivent collectivement leur mouvement de grève et décident ensemble leur politique et leur action.
         En tout cas, en 1968, l’orientation de Voix ouvrière était aux antipodes de cette politique des organisations syndicales.
 (1) Mai-Juin 1968 – Souvenirs de militants ouvriers. Voir article ci-dessous

(A suivre 5. Les manifestations, les pavés)

Mai-Juin 1968 – Souvenirs de militants ouvriers, un livre édité par Lutte ouvrière





Mai-Juin 1968 – Souvenirs de militants ouvriers, un livre édité par Lutte ouvrière

                                                                 

Mai-Juin 1968 a été la plus vaste grève générale que le pays ait connue. Les jeunes travailleurs de toute une génération se sont politisés. Ils découvraient la force extraordinaire de leur classe. Le drapeau rouge et L’Internationale tenaient le haut du pavé, et une partie de ces jeunes se tournaient vers les idées révolutionnaires. 

Acteurs de cette explosion sociale, plusieurs dizaines d’entre eux, militants du groupe trotskyste Voix ouvrière, ancêtre de Lutte ouvrière, témoignent ici. D’Arlette Laguiller, employée au Crédit Lyonnais, à Paul Palacio, ouvrier à Renault-Billancourt ; de Georges Kvartskhava, ouvrier à Peugeot Sochaux, à Danielle Riché, aide-chimiste à Rhône-Poulenc ; d’Antonio Vasconcelos, électricien sur le chantier de Jussieu à Paris, à Anne-Marie Laflorentie, ouvrière dans une scierie du Tarn-et-Garonne, ces militants ouvriers racontent leur grève de mai-juin 1968. Contre les patrons, contre le pouvoir gaulliste, et souvent malgré les appareils de la CGT et du PCF.

Elles et ils avaient alors 18, 20 ou 30 ans. Mai-Juin 1968 a contribué à forger leurs convictions communistes et révolutionnaires. Cinquante ans après, toutes et tous les ont gardées intactes.

Édité par Lutte ouvrière, cet ouvrage comprend, outre les témoignages, un avant-propos, une analyse datant d’août 1968, une chronologie et plusieurs dizaines d’illustrations, photographies ou affiches de Mai-Juin 1968.


Informations pratiques

Ce livre paraîtra le 19 mai et sera en vente à la Fête de Lutte ouvrière.

Il sera ensuite disponible pour l'achat en ligne et auprès de nos camarades.

Le livre papier est en vente au prix de 18 euros.

Une version électronique sera également vendue en ligne au prix de 9 euros.

544 pages

Agenda militant, et demain, la fête de Lutte ouvrière à Presles commence




Vendredi 18 mai
à 08h15
France Bleu Île-de-France :  Nathalie Arthaud est l'invitée politique
Et à 9 heures
Elle est l’invitée de la matinale
Sur LCP



La fête de Lutte ouvrière à Presles, les 19, 20, et 21 mai 2018
La météo se précise
Pour samedi et dimanche, Super !
Pour le lundi, on verra

Le programme
Le site de la fête :