vendredi 15 décembre 2017

Education, à Argenteuil : une situation inacceptable. Les enseignants disent : « Cela ne peut plus durer »


Une situation difficilement imaginable


La réunion d’enseignants et de parents qui s’est tenue hier au soir a permis d’entendre un nouvelle fois la description d’une situation catastrophique au niveau des écoles primaires et d’un certain nombre d’établissements du secondaire de la commune. En cause principalement, la question générale des effectifs. Que ce soit ceux de classes dont le nombre d’élèves explose ou que ce soit dans les classes maternelles de la Ville avec un nombre aujourd’hui très insuffisant d’ATSEM. Dans un des lycées, il y a des classes qui frôlent ou dépassent les 35 élèves dans des sections commerciales qui demanderaient pourtant une attention toute particulière. Au lycée Jean Jaurès qui a vu ses effectifs exploser en quelques années, l’indiscipline et la violence depuis la rentrée n’ont pas cessé de monter.
         Dans le primaire, ce sont des groupes scolaires entiers qui connaissent le surcroît d’effectifs. De plus, certains d’entre eux sont dans un état déplorable. Les matériels ne sont pas entretenus.
         L’expansion démographique d’Argenteuil et les programmes non maîtrisés des promoteurs sont à l’origine de ce cette réalité inacceptable.
         Cette situation est à l’origine de la réussite de la journée de grève et du rassemblement du 24 novembre dernier, succès qui avait surpris tout le monde et mis bien du baume au cœur.
         La décision avait alors été prise de remettre le couvert en janvier, en mettant en action davantage de moyens d’information et d’organisation.
         Une grande journée de grève et de manifestation aura bien lieu le mois prochain.
         Il s’agit maintenant, et avec les parents d’élèves d’établir le cahier de revendications.





Permis de construire Argenteuil : construit comme ce n’est vraiment pas permis


Publicité des dé… bas


Nous avons déjà évoqué ces jours derniers, particulièrement à Argenteuil, les limites de l’information municipale légale. A défaut d’avoir des verres grossissants et une lampe de poche, il est bien difficile de lire les multiples panneaux de la rue Denis Roy.
         Mais du côté de l’affichage des « permis de construire » -demandes et décisions du maire-, c’est encore plus difficile à l'intérieur de la mairie, en tout cas, pour ceux concernant certains quartiers, celui du centre-ville en particulier. Car si vous voulez en prendre connaissance, certes vous pouvez le faire, en vous mettant à plat ventre sur le sol de la mairie ou en louant une chaise d’enfant, si vous avez gardé votre finesse d’antan. Ces panneaux sont fixés à ras du sol.
         Non vraiment, prenez aucun risque, dans l’attente d’une modification urgente ! C’est vrai pour les habitants comme pour les employés municipaux chargés de l’affichage des mises à jour de ces permis.

SNCF Paris-Nord : les travailleurs du nettoyage toujours en grève après 40 jours malgré la hargne de leurs employeurs, de la SNCF et d’un certain nombre d’édiles


Nettoyeurs de Paris-Nord : 39e jour de grève !

Lundi 10 décembre, à l’unanimité, les grévistes ont reconduit le mouvement des nettoyeurs des gares de Paris-Nord commencé le 2 novembre suite à la reprise du contrat de nettoyage par une filiale d’Onet, H. Reinier.


Cette filiale, profitant des ordonnances Macron, a aussitôt remis en question leur contrat de travail. Elle les a pris pour « des rats de laboratoire » disent les grévistes, mais « même les rats peuvent finir par se révolter ! », ajoutent-ils.
Vendredi 8 décembre, lors de la dernière négociation, la direction de H. Reinier Onet avait changé de ton. Remplaçant un directeur qui roulait des mécaniques, une nouvelle interlocutrice est venue annoncer l’annulation des menaces de sanction. La prime de panier est portée de 1,90 euro à 4 euros, même si elle est modulable pour les temps partiels. Alors que beaucoup travaillent dans les mêmes gares depuis vingt ou trente ans, il était question de modifier leur contrat de travail et de les envoyer travailler n’importe où. Les grévistes ont fait reculer leur employeur sur cette clause de mobilité. Mais la direction ne veut toujours pas passer la prime de congés de 50 à 70 %, ni payer les jours de grève.
Surtout, aux menaces de H. Reinier-Onet ont succédé celles de la SNCF. Pour intimider les grévistes, elle a fait convoquer, le 12 décembre, neuf grévistes en référé au tribunal administratif, exigeant l’évacuation des locaux occupés depuis le début du mouvement et réclamant des amendes extravagantes : 500 euros par gréviste et par jour de grève, pour avoir prétendument empêché le nettoyage des gares.
500 euros, c’est ce que gagnent par mois certains salariés à temps partiel. Les grévistes ont prévu de se rendre en nombre au tribunal pour soutenir leurs camarades, exiger l’annulation de cette procédure et ils attendent aussi qu’Onet mette par écrit les reculs imposés.
Enfin, un rassemblement de solidarité accompagné de collectes auprès des usagers le mercredi 6 décembre, et suivi d’une manifestation dans Saint-Denis le samedi 9, ont montré que les grévistes bénéficient d’un large soutien des usagers et de la population.

                                Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2576)

Atos Gemalto. Une autre face du projet de rachat de Gemalto par Atos pour plus de 4 milliards. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître.


Gemalto : contre les suppressions de postes

Le 12 décembre, près de 300 salariés se sont rassemblés devant le site Gemalto de La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône. Ils s’opposent au projet de suppression de 288 emplois, proclamant sur leur pancarte « 330 millions de bénéfices ; non aux licenciements boursiers ! » D’autres actions étaient prévues l’après-midi sur les autres sites.
Déjà, lundi 4, les salariés de l’entreprise s’étaient réunis en assemblée générale à Gémenos pour décider de leurs actions face à l’annonce de la suppression de 288 postes.
Ce n’est pas que le groupe soit en danger puisque, premier groupe mondial de la sécurité numérique, il bénéficie du travail de 14 000 salariés dans le monde sur 146 sites, ce qui lui assure un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros. Seulement, après avoir empoché un bénéfice de 453 millions d’euros en 2016, il n’en attend plus que quelque 300 millions pour 2017.
Ce résultat lui permettrait pourtant de passer une période de reconversion entre ses productions actuelles et celles qui sont envisagées pour les années à venir. Après les puces destinées aux cartes bancaires et les cartes SIM pour la téléphonie, Gemalto devrait produire des moyens de paiement sans contact, des passeports à puces, des e-SIM et autres. Mais, pour effectuer cette transition, il prévoit la suppression de 126 postes à La Ciotat, de 60 à Gémenos et de 70 dans son entreprise de Meudon, sur un total de 2 800 emplois en France.
Ces suppressions auraient pour but de faire remonter le cours des actions, de « rétablir les marges » et de « rester compétitif sur ses marchés historiques ». Pour effectuer cette transition, le groupe a déjà supprimé dans le monde 625 emplois, avec la fusion de deux sites en Chine et la fermeture d’un site aux Etats-Unis.
En France, où la société a bénéficié d’avantages fiscaux comme le CICE, l’opération est facilitée par les lois Macron, qui ne tiennent compte que des résultats de la société française pour juger d’un plan dit de « sauvegarde de l’emploi » et non pas de l’ensemble du groupe international auquel elle appartient. Ainsi, la société Gemalto France aurait quant à elle un déficit de 17 millions d’euros, après avoir transféré les bénéfices au siège situé à Amsterdam et assuré par contre des dépenses en France, telle la redevance payée à une société qui salarie les plus hauts cadres de l’entreprise.
Ainsi, la direction prévoit ces suppressions d’emplois tandis que les actionnaires se sont vu distribuer 20 millions d’euros. Par ailleurs, la valeur du titre grimpait de 33 % le matin du 12 décembre à la Bourse de Paris, car le groupe Atos venait de lancer une offre publique d’achat sur Gemalto au prix de 4,3 milliards d’euros.
Les travailleurs ont donc fait grève et ont manifesté le 12 décembre à l’appel de l’intersyndicale CFE-CGC, USG-Unsa, FO, CGT et CFDT pour le comité central d’entreprise extraordinaire, où la direction devait présenter son plan de licenciements. Ils n’ont pas l’intention de se laisser faire.

                                       Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2576)

Atos-Bezons


Révolution russe de 1917 (46) : la question de l’Assemblée constituante


La convocation de l’Assemblée constituante… et sa dissolution

Alors que l’élection d’une Assemblée constituante figurait au programme de tous les partis qui soutenaient les gouvernements successifs issus de la révolution de Février, tous repoussèrent sa convocation en même temps qu’ils prêchaient la patience aux masses et différaient la paix et la réforme agraire. Les élections à la Constituante n’eurent lieu qu’après l’insurrection d’Octobre, sur la base de listes de candidats établies des mois plus tôt avant la scission du parti socialiste-révolutionnaire (SR). Dans ces circonstances, l’Assemblée qui se réunit les 5 et 6 janvier 1918 avait une majorité socialiste révolutionnaire de droite, hostile aux soviets. Dans L’Avènement du bolchevisme, Trotsky revient sur le retard qu’avaient les députés de cette assemblée sur la conscience de la majorité des exploités de Russie.
« L’ajournement continuel de l’Assemblée constituante ne s’était pas produit sans avoir des conséquences fâcheuses pour elle. Conçue dans les premiers jours de la révolution, elle ne vint au monde qu’après huit ou neuf mois d’une lutte des classes et des partis pleine de difficultés et d’acharnement. Elle arriva trop tard pour pouvoir jouer encore un rôle actif. (...)
Le parti le plus nombreux de la révolution dans sa première phase était le parti SR. (…) De plus en plus, l’aile gauche s’en isolait, elle qui comprenait une partie des ouvriers et les masses profondes du prolétariat rural. Cette aile gauche entra en opposition irréductible avec la petite et la moyenne bourgeoisie qui étaient à la tête du Parti socialiste-révolutionnaire. (…) Les élections elles-mêmes eurent lieu dans le courant des premières semaines qui suivirent la révolution d’Octobre.
La nouvelle du revirement qui venait de se produire se propagea, d’une façon relativement lente, comme par ondes concentriques, de la capitale dans les provinces, et des villes dans les villages. Les masses paysannes en beaucoup d’endroits étaient loin de comprendre ce qui se passait à Pétrograd et à Moscou. Elles votèrent pour “la terre et la liberté”, et elles votèrent pour ceux qui les représentaient dans les comités agraires. Mais, ce faisant, elles votaient pour Kérensky et pour Avksentiev, eux qui prononçaient la dissolution de ces comités agraires et qui faisaient arrêter leurs membres ! (…)
Dans la “société de classes” les institutions démocratiques, non seulement font obstacle à la lutte des classes, mais encore elles assignent aux intérêts de classe une expression tout à fait insuffisante. Sous ce régime, les classes possédantes ont encore à leur disposition d’innombrables moyens pour adultérer, perturber et violenter la volonté des masses populaires et ouvrières. Et les institutions de la démocratie sont encore plus imparfaites pour exprimer la lutte des classes lorsqu’on est en temps de révolution. (...) Grâce à la lutte franche et directe pour la puissance gouvernementale, les masses ouvrières accumulent dans un minimum de temps un maximum d’expérience politique et progressent rapidement dans la voie de leur développement. (...) »
Dans L’An I de la révolution russe, Victor Serge décrit la fin de cette Assemblée morte-née.
« La gauche, moins nombreuse, avait en revanche l’appui bruyamment manifesté des tribunes publiques bondées de soldats, de marins et d’ouvriers. Sverdlov, président de l’Exécutif panrusse des Soviets, invita l’Assemblée à s’associer à la Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité. » Cette déclaration approuvait les décrets votés par le congrès des Soviets. Devant le refus de la majorité, les Bolcheviks déclarèrent : “Ne désirant pas voiler une seule minute les crimes des ennemis du peuple, nous déclarons nous retirer de l’Assemblée constituante, nous en remettant au pouvoir des Soviets pour décider définitivement de l’attitude à adopter envers la partie contre-révolutionnaire de cette assemblée”. Victor Serge raconte : “Vers quatre heures du matin, les socialistes-révolutionnaires de gauche s’étant retirés à leur tour après une déclaration analogue à celle des Bolcheviks, un marin s’approcha de la tribune présidentielle. D’une voix ferme, sans menace, ironique et tranquille, il dit : le corps de garde est fatigué. Je vous prie de quitter la salle des séances. (…) La dissolution de la Constituante fit sensation à l’étranger. Dans le pays, elle passa inaperçue. »