mercredi 18 octobre 2017

Le 19, dans la rue, dans l'action


Le 19, à l’appel de la CGT, dans l’action


La brève qui inaugure le bulletin Lutte ouvrière de cette quinzaine des territoriaux d’Argenteuil et de l’ex-Agglomération

"Après le 10, le 19 octobre

         La grève du 10 octobre dernier a été massivement suivie. Ici ou là, des travailleurs du privé s’étaient joints aux cortèges des travailleurs de la fonction publique. C’est dans cette direction qu’il faut aller pour contre la politique gouvernementale au service du grand patronat et donc dure aux travailleurs.
         Jeudi 19, une nouvelle journée d’action a lieu. Un préavis de grève a été déposé par la CGT des services publics. On se retrouvera à 14 heures à Montparnasse.
         Il faut continuer à construire la mobilisation d’ampleur qui s’impose."



Fonctionnaires : rien pour eux !

Lors de la tout récente rencontre entre syndicats-gouvernement, le ministre de la fonction publique Darmanin n’est revenu sur aucune des attaques contre les fonctionnaires qui avaient motivé la large mobilisation du 10 octobre dernier : gel du point d’indice (gel des salaires), remise en place du jour de carence, augmentation de la CSG non compensée… Il n’a cédé sur rien !

         Pas étonnant puisque pour servir la soupe aux riches et aux patrons, ce gouvernement fait une guerre ouverte et sans merci aux travailleurs du public comme du privé. Macron et les siens s’obstinent . Et avec arrogance ! Mais le monde du travail, collectivement, a la force de leur faire ravaler leur morgue.

Argenteuil et Education, des mesures sans moyens


Une politique préfabriquée en toc

A Argenteuil, la généralisation –si elle se fait- de CP et de CE à 12 élèves maximum, va obliger à la création de dizaines et dizaines de classes supplémentaires.
         A l’école Ambroise Thomas, il s’agit de la création en plus de 5 classes de CP et de 5 de CE1. La municipalité envisage en conséquence la mise en place d’autant de classes de préfabriqués.
         Cette école dispose d’une grande cour, ce qui est un élément essentiel de l’efficacité des récréations pour calmer les ardeurs des élèves. Si l’installation de ces classes provisoires se fait, ce sera autant d’espace libre en moins.
         Le prince de l’Elysée décide de son trône. Aux municipalités de se débrouiller ensuite, et vraiment pas toujours au mieux. Et à l’éducation des enfants d’en subir les conséquences.



Argenteuil défense de Jean Vilar, nouvelles





Un marché, élément central de la vie sociale


Si le « projet Héloïse » se réalisait, on peut craindre la disparition du marché du même nom. Problèmes de circulation, de niveau de la chalandise aux antipodes de ce qu’envisage le projet, toutes les craintes sont fondées. D’autant plus que la réalisation du « projet Héloïse » serait la preuve que l’on peut facilement déclasser ces parcelles publiques de « L’île » encore naturelles pour les lotir.
         Le maire d’Argenteuil prévoit deux ans, deux ans et demi de travaux. Et pendant ce temps, où iront se garer les habitués du marché ?
         Refuser le « projet Héloïse » aujourd’hui, c’est défendre la pérennité du marché pour demain.


                                                                     




3500 signatures, et ça continue

La pétition-papier du Comité de défense de Jean Vilar vient de franchir le cap des 3500 signatures. Il y a toujours la même surprise quand les habitants découvrent ce qui est en train de se préparer. Toujours le même soutien à l’action du Comité Jean Vilar. On peut estimer à plus de 80 % le refus de ce projet calamiteux.

Les migrants face aux pénuries du système de santé


Un risque d’aggravation d’une situation déjà très précaire


L'assemblée nationale va discuter de l'avenir de l'Aide médicale d'état (AME), destinée aux malades sans couverture sociale, en particulier les migrants à condition qu'ils résident sur le territoire depuis au moins trois mois. Ce délai est loin d'être simple à prouver, pour des migrants vivants dans des conditions de clandestinité.
         Et même ceux qui peuvent en bénéficier se heurtent, lorsqu'ils consultent à l'hôpital, à des refus motivés par la logique comptable de la santé publique. En particulier, la psychiatrie ne peut pas financer les interprètes nécessaires à la prise en charge des traumatismes vécus par des migrants non francophones.
         La pénurie de moyens du système de santé pèse sur les plus démunis, et les migrants  sont aux premières loges.

Révolution russe de 1917 : en France, les soldats russes aussi


16-20 septembre 1917 : la répression contre les soldats russes en France

Le 16 septembre 1917, à dix heures, les premiers obus tombaient sur le camp militaire de La Courtine, situé dans la Creuse, où dix mille soldats russes mutinés se trouvaient retranchés depuis le mois de juin. L’assaut était mené par les troupes russes qui avaient combattu depuis un an sur le sol français et qui demeuraient fidèles au gouvernement provisoire de Kérenski. Appuyé par plusieurs milliers de soldats français, il allait être mené trois jours durant à coups de canons et de mitrailleuses pour briser la plus longue et la plus profonde mutinerie survenue sur le front occidental au cours de la Première Guerre mondiale.
Dans ce conflit, la Russie tsariste était alliée à la France et à la Grande-Bretagne, ses principaux créanciers, mais en situation de subordonnée. À l’été 1914, elle avait lancé sous leur pression une offensive contre l’Allemagne et ­l’Autriche-Hongrie alors que sa mobilisation était à peine engagée et ses armées sous-équipées. En décembre 1915, la France imposa, en échange de quelques caisses de matériel militaire, que la Russie la laisse prélever dans son supposé « réservoir humain inépuisable » des troupes destinées à servir sur le front français et auprès de l’armée d’Orient. C’est ainsi que deux brigades, la 1re et la 3e, soit environ 20 000 hommes, furent envoyées en France à partir de février 1916, et deux autres à Salonique.

La contagion de la révolution

La presse française, soumise au pouvoir français et souvent alimentée par les fonds secrets de l’empire russe, présenta ces unités commandées par des chefs issus de la haute noblesse et dévoués au tsar et à son régime comme des troupes d’élite exemplaires, obéissantes et pétries par la foi que rien ne viendrait ébranler. Elles défilèrent, derrière leurs popes, à Marseille en avril et dans les rues de Paris à l’occasion du 14 juillet 1916, puis furent conduites au front. À l’enfer des combats s’ajouta la discipline de fer imposée par le commandement, y compris à l’aide de châtiments corporels.
Lorsque survint la révolution de février en Russie, le corps des officiers en retarda l’annonce le plus longtemps qu’il put. Mais la majorité des hommes en avaient déjà pris connaissance, grâce aux contacts amicaux qu’ils avaient noués avec des soldats français, mais aussi par l’intermédiaire des militants révolutionnaires exilés en France qui, malgré la censure, étaient parvenus à transmettre quelques journaux et des tracts. Des liens furent établis également dans les hôpitaux de la région parisienne où certains blessés avaient été soignés.
Ainsi que l’écrivit Trotsky dans son Histoire de la révolution, ces soldats « avaient apporté une terrible contagion à travers les mers, dans leurs musettes de toile, dans les plis de leurs capotes et dans le secret de leurs âmes ». Se saisissant des nouveaux droits du soldat proclamés en Russie dans l’ordre n°1 par le soviet de Petrograd, réduisant à néant la toute puissance des officiers caractérisant jusque-là l’armée tsariste, la troupe élut ses délégués. Se constituant en soviet à la stupeur des autorités françaises, elle exigea d’être rapatriée au plus vite, ce qui lui fut refusé. L’offensive du 16 avril 1917 dans laquelle ces unités furent jetées avec l’essentiel des unités françaises sur le Chemin des Dames fut une hécatombe : elles comptèrent plusieurs milliers de morts et des centaines de blessés en trois jours d’atroces affrontements.
La colère de la troupe se dressa alors ouvertement contre tout ce qui représentait l’Ancien Régime. Les officiers furent désignés comme des « buveurs de sang ». Au sein de la 1re brigade, dans laquelle avaient été incorporés de nombreux ouvriers de la région de Moscou, leur autorité fut bientôt réduite à néant. Pour éviter toute contagion révolutionnaire, au moment même où les troupes françaises elles-mêmes commençaient à être touchées par un vaste mouvement de mutineries et de contestation de la guerre, les deux brigades furent retirées du front. Le 1er mai du calendrier russe, elles manifestèrent en reprenant des chants révolutionnaires, banderoles à l’appui et en conspuant leurs généraux. Pétain, qui venait d’être nommé commandant en chef des armées, décida de les transférer de toute urgence au camp militaire de La Courtine, dans la Creuse, loin donc de tout contact avec la troupe et la population des villes.

Les commandements russe et français mènent la répression

Peu après leur arrivée à la fin juin, les dix mille soldats de la 1re brigade, qui avaient conservé leur armement, expulsèrent tous leurs officiers. Affirmant fièrement qu’ils étaient les maîtres du camp, ils tinrent des meetings plusieurs fois par jour et continuèrent à exiger leur retour en Russie. Le commandement conservait encore suffisamment d’autorité sur la 3e brigade pour l’éloigner à plusieurs kilomètres. Mais il finit par l’envoyer au camp militaire du Courneau, dans le bassin d’Arcachon, pour empêcher qu’elle ne basculât à son tour dans une mutinerie ouverte.
Kérenski n’eut de cesse d’exiger la soumission des mutins, et dépêcha ses émissaires sur place. Ceux-ci exhortèrent en vain la troupe à se soumettre et à rendre ses armes en échange de vagues promesses. Après deux mois et demi de face-à-face, d’ultimatums, de menaces et de privation de nourriture, le gouvernement provisoire russe, encouragé fortement par les autorités françaises, décida d’obtenir la reddition des mutins par la force.
Après sélection, il réunit dans ce but une partie des soldats de la 3e brigade et une unité d’artillerie russe de passage en France, soit plus de 5 000 hommes. Le gouvernement français fit mettre en place un cordon formé d’autant de soldats en deuxième ligne pour l’appuyer. La population de La Courtine et des villages environnants, qui avait jusque-là cohabité avec les mutins, fut évacuée tandis que des tranchées étaient creusées et des batteries de 75 positionnées.
Après trois jours d’affrontements, les derniers rebelles se rendirent. Les membres du comité du camp et tous ceux considérés comme des meneurs furent arrêtés, avant d’être pour la plupart déportés dans un fort sur l’île d’Aix. Officiellement, l’assaut avait fait neuf morts et quelques dizaines de blessés. Mais il n’enraya pas la « décomposition » des troupes russes en France.
La révolution continua son œuvre de sape, y compris au sein de l’unité qui avait participé à la répression. Contraints dès l’automne 1917 à travailler dans de dures conditions et sous une stricte surveillance, déportés pour plusieurs milliers d’entre eux en Algérie, en prison ou dans des camps, ces soldats russes continuèrent à défendre les idéaux de la révolution et le pouvoir bolchevik malgré la censure et la propagande dont ils furent l’objet, témoignant ainsi, à des milliers de kilomètres, de la puissance émancipatrice de cette révolution.
Mais l’immense majorité d’entre eux durent attendre 1920 pour retrouver la Russie après un long bras de fer entre les dirigeants bolcheviks et le gouvernement français.

                                       Pierre DELAGE (Lutte ouvrière n°2565)