mardi 15 août 2017

Révolution russe de 1917 (11) : en mai, un nouveau gouvernement mis en place pour continuer la guerre…


Le 5 mai : un nouveau gouvernement demandé par l’impérialisme pour continuer la guerre 

Un peu plus de deux mois après la révolution, le 5 mai 1917 (18 mai selon notre calendrier), un nouveau gouvernement provisoire se met en place : les ministres libéraux les plus en vue en sont écartés et cinq socialistes, appartenant à différentes organisations, rejoignent Kérenski, qui était depuis la révolution le seul « socialiste » membre du gouvernement provisoire. Les dirigeants du Soviet de Petrograd, où les bolcheviks demeurent encore minoritaires, apportent leur soutien à cette coalition. Dans L’Histoire de la révolution russe, Trotsky revient sur les sentiments qui animent alors les ouvriers et les soldats.
« Les masses, dans la mesure où elles ne suivaient pas encore les bolcheviks, tenaient toutes pour l’entrée des socialistes dans le gouvernement. S’il est bon qu’un Kérenski soit ministre, six Kérenski vaudront encore mieux. Les masses ne savaient pas que cela s’appelle une coalition avec la bourgeoisie, et que celle-ci voulait se dissimuler derrière les socialistes pour agir contre le peuple. À la caserne, l’on entrevoyait la coalition autrement qu’au palais Marie. Les masses voulaient, au moyen des socialistes, évincer la bourgeoisie du gouvernement. C’est ainsi que deux pressions allant en sens contraires se combinèrent un moment en une seule. (…) Pour la coalition se déclarait enfin l’armée. Un de ses délégués n’exprima pas mal, plus tard, en juin, au Congrès des soviets, l’attitude du front à l’égard du pouvoir : “Nous pensions que la plainte qui échappa à l’armée, quand elle apprit que les socialistes ne voulaient pas entrer dans le ministère, travailler en commun avec des hommes en qui ils n’avaient pas confiance, tandis que toute l’armée était forcée de continuer à mourir avec des hommes en qui elle ne croyait pas – nous pensions que cette plainte avait été entendue à Petrograd.”
Dans cette question comme dans toutes les autres, la guerre avait une importance décisive. Les socialistes se disposaient d’abord à surseoir devant la guerre, comme devant le pouvoir, à gagner du temps. Mais la guerre n’attendait pas. Les Alliés non plus. Le front ne voulait plus attendre. »
Dans le nouveau gouvernement, les socialistes disposent de six portefeuilles sur quinze. Selon Trotsky, « ils voulaient être en minorité. Même après s’être décidés à participer ouvertement au pouvoir, ils continuaient à jouer à qui perd gagne. Le prince Lvov restait premier ministre. Kérenski devenait ministre de la Guerre et de la Marine. Tchernov ministre de l’Agriculture. Milioukov, au poste de ministre des Affaires étrangères, fut remplacé par un fin connaisseur des ballets d’opéra, Téréchtchenko, qui devint en même temps l’homme de confiance de Kérenski et de Buchanan. (…) À la tête de la Justice fut placé l’insignifiant avocat Péréversev, qui obtint dans la suite une éphémère célébrité, en juillet, à l’occasion du procès des bolcheviks. Tsérételi se contenta du portefeuille des Postes et Télégraphes, afin de garder son temps pour le Comité exécutif. Skobélev, devenu ministre du Travail, promit, dans un moment de chaleur, de réduire les bénéfices des capitalistes à cent pour cent intégralement – et cette phrase vola bientôt de bouche en bouche. Pour faire symétrie, on nomma comme ministre du Commerce et de l’Industrie un très gros entrepreneur moscovite, Konovalov. Il amena avec lui quelques personnages de la Bourse de Moscou, à qui furent confiés des postes très importants dans l’État. D’ailleurs, dans les quinze jours, Konovalov donnait déjà sa démission, protestant par ce moyen contre « l’anarchie » dans l’économie générale, tandis que Skobélev, même avant lui, avait renoncé à attenter aux bénéfices et s’occupait de lutter contre l’anarchie : il étouffait les grèves, invitant les ouvriers à se restreindre eux-mêmes. »
Les dirigeants de l’impérialisme français et anglais avaient joué un rôle décisif dans la formation de ce gouvernement.
La tournée de Kérenski aux armées devait le confirmer : « Dès le 11 mai, Kérenski partait pour le front, ouvrant une campagne d’agitation pour l’offensive. “La vague d’enthousiasme dans l’armée grandit et s’élargit”, écrivait au gouvernement provisoire le nouveau ministre de la Guerre tout haletant dans l’enivrement de ses propres discours. Le 14 mai, Kérenski édicte un ordre aux armées : “Vous irez là où vous conduiront vos chefs”, et pour embellir cette perspective bien connue et peu séduisante pour les soldats, il ajoutait : “Vous porterez la paix à la pointe de vos baïonnettes” ».

lundi 14 août 2017

Argenteuil Projet Héloïse : des logements sans les services publics correspondants ?


Ils n’avaient autrefois à la bouche qu’un mot jeté à leurs adversaires : « Bétonneurs ! »

 
5.3.6. Thème 6 : Logements prévus 

Commentaires du Commissaire-Enquêteur :
« Le commissaire-enquêteur prend acte des réponses et éclaircissements apportés par la commune et l’EPT. Cependant, même si le PLU actuel autorise déjà sur ce lieu la construction de logements, le projet envisagé me semble changer considérablement la qualité de vie des riverains : flots de véhicules, bruit, pollution, horaires d’ouverture des cinémas…. Je recommande à la ville et l’EPT d’avoir une attention particulière lors de l’élaboration du projet à bien séparer la fonction culturelle et commerciale de la fonction habitat afin de préserver la qualité de vie des riverains. »

Auparavant, aux interrogations et oppositions, l’EPT 5 qui a voté fin juin la modification discutée du PLU indiquait :

« Le nombre et la typologie de logements seront précisés par l’opérateur dans le cadre de la définition de son projet. La Ville sera attentive à la qualité des logements qui pourront être réalisés sur ce site, permettant, de par leur localisation exceptionnelle à proximité de la Seine et de la Gare d’Argenteuil, de renforcer l’attractivité résidentielle du centre-ville. »

         Bref, on modifie le PLU et l’on prévoit la construction de logements sans que « le nombre et la typologie des logements (soient) précisés par l’opérateur dans le cadre de la définition de son projet… » Quant à l’attention de la Ville sur le plan de la qualité des logements, on l’imagine à la rigueur. Mais là n’est pas le problème. Le critère de ce projet n’est ni le besoin social ni une contribution à la solution à la demande de logements, mais la rentabilité financière. La municipalité sait pourtant toutes les nécessités que la construction de logements induit au niveau des capacités des équipements publics par une population en augmentation. Ainsi, les groupes scolaires sont pourtant à leur maximum de capacité dans le Centre-Ville comme dans d’autres quartiers. Mais qu’importe, après 2020, le déluge… mais avec une opération Héloïse qui demeurerait sur le dos de la population, si elle se réalise…

Argenteuil Maison des femmes, un manque d'effectifs en particulier très préjudiciable


Pourtant un besoin toujours aussi important

Depuis plusieurs mois, le fonctionnement de la Maison des femmes d’Argenteuil rue Defresne-Bast est entravé par le manque d’effectifs, et l’absence de perspectives de la part de la municipalité. Les agents municipaux ne savent même plus à quel service cette structure est rattachée. Et on ne peut pas dire que la municipalité fasse connaître largement à la population ce qui est proposé dans cette Maison des femmes.
         La Maison des femmes connaît des difficultés. Mais le nombre de femmes pour laquelle elle est nécessaire, n’est pourtant pas moins important qu’il y a quelques mois, loin de là.

Afrique et Yemen, la famine menace des millions et des millions d'habitants


Un monde d’horreur

 Si l’entrefilet du Journal du dimanche d’hier, n’est pas très précis sur la géographie (le Yémen n’est pas en Afrique), il a le mérite de rappeler qu’il y a actuellement « 21 millions d’Africains qui sont menacés de famine », et de donner la liste suivante des principaux pays et personnes menacées : 3,2 millions de personnes en Somalie, 5,2 au Nigéria, 6 au Soudan du Sud, et 6,8 millions au Yemen. Le journal signale par la même occasion que seulement la moitié de l’aide pourtant promise par les Etats riches de la planète arrive à destination.
         Il paraît que pour la première fois, l’ONU lie la famine dans ces pays aux guerres qui y ont lieu !
         Belle découverte pour un monde à feu et à sang où en 2017 des millions et des millions d’hommes et de femmes risquent de mourir de faim.

Croisières de masse. Des aspects bien discutables. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Croisières de masse : pas que beau 

Périodiquement, lors de leur lancement, les médias ne tarissent pas d’éloges sur les mérites des paquebots géants qui embarquent plusieurs milliers de passagers.
Il est vrai que ces bâtiments hors normes offrent à tout un public, à un prix accessible, du moins dans les pays les mieux nantis, des séjours dont il n’aurait pas osé rêver il y a vingt ou trente ans. Et cela dans un décor et avec des prestations à l’image de ce monde de riches, dont le clinquant s’ajoute au dépaysement proposé. « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère du tourisme de masse », vantent les organisateurs de ces croisières, qui se réjouissent de leur succès, et surtout de la rentabilité de leurs gigantesques investissements dans ces monstres des mers.
Mais derrière ce qui peut constituer une évasion pour certains, l’opportunité de s’offrir un rêve même fugace à la portée de leur bourse, c’est pour d’autres un véritable cauchemar.
C’est ce que montrent les reportages : des foules de touristes envahissent Barcelone ou Majorque en Espagne, Dubrovnik en Croatie, ou Venise. L’afflux de ces touristes peut apparaître comme une aubaine – et elle l’est pour une petite minorité de commerçants, liés bien souvent à des sociétés internationales – mais c’est devenu une calamité pour la majorité de la population locale. Pas seulement parce que cette présence massive perturbe la circulation ; mais parce qu’elle a une incidence immédiate et sensible sur les prix des denrées de consommation courante, sur le prix du logement, pour ne pas parler des nuisances sonores, environnementales, etc.
Il ne s’agit pas de déplorer les occasions de découverte, de rencontres et d’échanges. Encore que dans ces croisières surpeuplées les découvertes se limitent bien souvent à des boutiques de souvenirs, et les échanges à du change. Mais il s’agit de constater, une fois de plus, que ce qui pourrait constituer un enrichissement humain se transforme en son contraire, quand la priorité est donnée aux impératifs de rentabilité financière des croisiéristes.

                                         Jean-Pierre VIAL (Lutte ouvrière n°2558)
 
Il est sûr que ce tourisme-là pose bien des problèmes...