vendredi 29 avril 2016

Maroc : Mi Fatiha, le martyre de la dignité



Maroc : Mi Fatiha, martyre de la dignité

À Kenitra, ville portuaire et industrielle du Maroc, une vendeuse ambulante s’est immolée par le feu après avoir été humiliée et molestée par les autorités locales. Ce drame, révélateur de la façon dont les plus pauvres sont écrasés, a ému bien au-delà de la ville.
         Mi Fatiha (Mère Fatiha) était une vendeuse ambulante de crêpes dans un quartier populaire de Kenitra. Veuve, elle survivait avec sa fille grâce à ce petit boulot, ne gagnant, selon ses proches, qu’une trentaine de dirhams (3 euros) par jour. Le 9 avril, avec les autres vendeurs ambulants, elle était harcelée par les agents de la mairie d’arrondissement, comme c’est fréquemment le cas. Elle s’est alors vu confisquer sa marchandise, a été giflée et poussée à terre quand elle a protesté. Après avoir essayé en vain de récupérer sa marchandise, elle est allée chercher un liquide inflammable et, dans un geste désespéré, s’est immolée par le feu devant la mairie.
         Brûlée au troisième degré, Mi Fatiha a été emmenée à l’hôpital de Kenitra, mais il n’était pas équipé pour traiter ces brûlures graves, le Maroc ne disposant que de deux centres pour cela, l’un à Meknès, actuellement fermé pour maintenance, l’autre à Casablanca. Le lendemain, elle était transférée au CHU de Casablanca dans un état très grave, et décédait le surlendemain.
         Ce drame a suscité l’indignation et la colère parmi les vendeurs ambulants et les militants progressistes de Kenitra, qui ont organisé un sit-in devant la mairie d’arrondissement pour réclamer l’ouverture d’une enquête et la punition des responsables. Puis la réaction s’est élargie par l’intermédiaire des réseaux sociaux, où a été lancée la campagne « Nous sommes Mi Fatiha ».
         Le ministre de l’Intérieur a alors lancé une enquête judiciaire, puis a rapidement révoqué deux fonctionnaires impliqués et suspendu le maire d’arrondissement de ses fonctions. Cela suffira sans doute à calmer le jeu pour cette fois, mais cela ne diminuera pas la colère devant le comportement des autorités face aux plus pauvres.

                           Valérie FONTAINE (Lutte ouvrière n°2491)

A Argenteuil, "Comme des lions", au cinéma



« Comme des lions », la force des travailleurs

« Comme des lions », de la réalisatrice Françoise Davisse, est un film sur la grève des travailleurs de PSA en 2013 contre la fermeture de leur usine d’Aulnay du groupe automobile PSA. Ce documentaire ne raconte pas seulement certains épisodes de la mobilisation et de cette grève de quatre mois. Il démontre surtout l’énorme richesse d’un combat collectif de travailleurs quand la démocratie la plus complète est de rigueur tout au long du conflit. Une telle richesse a été portée en l’occurrence durant cette grève par quelques centaines de travailleurs totalement impliqués dans leur lutte. Si elle s’exprimait demain par l’action consciente de millions de travailleurs, voilà la force capable de bouleverser le monde. Un film vraiment à voir, particulièrement en ces temps de mobilisation contre la Loi travail.





Au Jean Gabin (Parc de la mairie)à Argenteuil



Ce vendredi 29 avril à 20 h.30

Dimanche 1er mai à 14 heures

Lundi 2 mai à 18 heures

jeudi 28 avril 2016

Argenteuil, "la sociologue et l'ourson", 3000 nuits, non à la censure !



Non à la remise en question des « libertés » à Argenteuil

L’acte de censure du maire d’Argenteuil, G. Mothron, a fait le « buzz » dans les journaux et les médias ces dernières heures. Il y a de quoi. La décision de déprogrammer « La sociologue et l’ourson » portant sur la «manif pour tous », et « 3000 nuits » qui raconte l’incarcération d’une jeune palestinienne dans une prison israélienne, est scandaleuse et doit être rapportée.
         Pour le maire d’Argenteuil, ces deux films auraient fait « polémiques » et cette déprogrammation est même un « non-sujet ». Selon lui, ces projections étaient susceptibles de provoquer des incidents de la part de détracteurs !
         Pour rappeler des éléments de censure cinématographique d’un passé pas si éloigné, le Chagrin et la pitié sur la France de Vichy, ou Octobre à Paris  sur le 17 octobre 1961 furent peut-être, selon ce raisonnement, des non-sujets !
         En tout cas, après s’être totalement dévoué pendant des semaines dans l’affaire de la tunique locale, le maire d’Argenteuil organise quelques semaines plus tard la censure de deux films. Voilà deux attitudes opposées mais qui vont dans le sens de la même politique.
           Quant aux réactions de possibles détracteurs de ces deux films, ils valent pour bien d’autres sujets et ce « risque » est aussi un élément de la « démocratie ». En l’occurrence, on ne voit même pas à quels risques le maire d’Argenteuil fait allusion.
         La question est donc de dire non haut et fort à cette censure, et de faire respecter la liberté de conscience, de réunion, et d’expression, à Argenteuil, des libertés qui sont aujourd’hui remises localement en question.
         Aux habitants de s’exprimer massivement maintenant pour qu’elles soient respectées.