Europe de
l’Est : les grandes manœuvres
Périodiquement, les médias font
le décompte des victimes (près de 7 000 morts, surtout des civils) des combats
dans l’est de l’Ukraine et font écho aux communiqués de l’Otan, accusant
l’armée russe de soutenir les sécessionnistes de Donetsk et Lougansk. Par
contre, ils se montrent plus discrets sur les grandes manœuvres que les armées
occidentales organisent à la périphérie de la Russie, dans d’anciennes
républiques soviétiques ou d’ex-Démocraties populaires.
L’Organisation
du traité de l’Atlantique Nord (Otan) organise ces opérations. Impliquant les
armées de pays membres de l’Otan et associés, elles se succèdent à un rythme
qui s’accélère, avec une ampleur en hommes et en matériel jamais vue depuis la
disparition de l’URSS, fin 1991.
Ainsi, le
31 juillet, en Ukraine finissait l’opération Saber Guardian/Rapid Trident
impliquant 2 000 militaires de dix-huit pays, dont les États-Unis,
l’Angleterre, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie et les ex-républiques
soviétiques de Géorgie, Lituanie et Ukraine.
Au même
moment en Moldavie, des soldats américains, roumains, polonais, géorgiens et
moldaves participaient à Joint Effort, et en Géorgie, se déroulait un
entraînement à la guerre urbaine avec des militaires américains, roumains, bulgares,
lettons, lituaniens et géorgiens. Fin août, la Géorgie va ouvrir un centre de
formation militaire sous l’aile de l’Otan. Quant à la Moldavie, elle a signé un
partenariat militaire, renforcé depuis 2014, avec l’Otan.
Au cours
du seul mois de juin, pas moins de quatre opérations militaires conjointes ont
eu lieu autour de la Russie. En septembre, les manœuvres Trident Juncture 2015
dans le sud de l’Europe rassembleront 36 000 militaires d’une trentaine de
pays. Leur thème : l’aide à apporter à un État non affilié à l’Otan, menacé par
un puissant voisin, telle la Russie.
Fin juin,
au dernier sommet des ministres de la Défense de l’Otan, son secrétaire général
déclarait s’inquiéter de « la présence militaire [de la Russie] le long des
frontières [de l’Otan qui] a augmenté ». Il lui fallait bien justifier
l’envoi de « conseillers » américains, canadiens et britanniques pour former
les troupes des ministères de l’Intérieur et de la Défense ukrainiens,
l’installation de 250 chars ainsi que d’une brigade de 5 000 hommes en Pologne
et dans les pays baltes.
Le budget
de l’armée russe devrait atteindre l’équivalent de 79 milliards d’euros cette
année, soit 4,2 % du produit intérieur de la Russie. Cet effort, la population
d’une Russie en crise le paie d’un prix exorbitant. Mais le cumul des dépenses
militaires de l’Otan, 797 milliards d’euros, est dix fois supérieur à celles de
la Russie. La prétendue défense du monde libre n’a pas fini de faire des
victimes.
Pierre LAFFITTE