Une correspondance de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine
Roms : la
scolarité des enfants menacée
Sitôt
la fin de l’année scolaire, des familles roms ont été expulsées de leur lieu de
vie au Havre, porte d’Aubervilliers à Paris, à Ris-Orangis (Essonne), à Chelles
(Seine-et-Marne) et à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), au risque notamment de
compromettre la poursuite de la scolarité de leurs enfants à la rentrée
prochaine.
À Ivry,
depuis quatre ans et demi, plusieurs centaines de Roms étaient installés sur un
terrain appartenant à l’AP-HP (Assistance publique – hôpitaux de Paris), dont
80 enfants scolarisés dans les écoles de la ville. Le 8 juillet à 5 heures du
matin, les Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine
associations de défense des Roms avaient appelé à se
mobiliser, la préfecture ayant annoncé leur expulsion. Nombre de familles
étaient déjà parties, certaines ayant obtenu un lieu d’accueil, d’autres étant
condamnées à nouveau à l’errance. Celles qui restaient sont parties sous la
contrainte.
Certains hébergements permettront de vivre dans des
conditions moins dégradées que ces dernières années, grâce au soutien des
associations. Mais d’autres, dans des hôtels, ne permettent même pas de faire
la cuisine.
La municipalité PCF d’Ivry avait, quant à elle, pris
sa part dans un hébergement provisoire des Roms, favorisé la scolarisation des
enfants et réclamé une table ronde avec les représentants de l’État pour «
que des solutions de résorption du bidonville soient trouvées, respectant leurs
droits humains fondamentaux ». Elle avait obtenu que l’expulsion n’ait pas
lieu avant la fin de l’année scolaire.
Mais, pour la rentrée prochaine, plusieurs dizaines
d’enfants, éloignés d’Ivry parfois de plus de 50 kilomètres, voient leur
scolarité compromise, ce que Martin Hirsch, le directeur de l’AP-HP, ne pouvait
pas ignorer quand le 7 mai dernier il avait sollicité le concours de la police
pour faire évacuer les lieux. Il avait reçu le soutien du député de la
circonscription, Jean-Luc Laurent, président du mouvement fondé par Jean-Pierre
Chevènement, l’ancien ministre de Mitterrand puis de Jospin. Le député avait
interpellé le gouvernement : « Il faut des actes et d’abord, au plus vite,
le concours de la force publique », ajoutant : « Il n’y a pas de
solidarité sans règle. Je dirai même qu’il n’y a pas de solidarité sans
frontière » ! Les autorités préfectorales, appliquant la politique
anti-Roms du gouvernement Valls, lui ont donné satisfaction.
Correspondant
LO
Pour information. Un communiqué du Collectif des Associations Unies et du
CNDH Romeurope dont nous extrayons l’extrait ci-dessous
Pour un
moratoire immédiat des expulsions sans solutions de familles
vivant en bidonville
Paris, le 20 juillet 2015
Un grand nombre de bidonvilles
est expulsé sans solution d’hébergement ou de relogement pour les personnes,
dans l’indifférence estivale.
Une
situation dramatique qui vient de frapper de plein fouet 450 personnes à
Nantes, 180 personnes à Marseille dont la moitié sont des enfants, 500
personnes à Chelles, 150 personnes à Ris-Orangis, 100 personnes à
Ivry-sur-Seine, 50 personnes à Aubervilliers, Bordeaux, le Havre et Logne…
Une
situation dramatique qui pèse également aujourd’hui sur plus de 400 personnes à
Grenoble dont 160 enfants, comme vient de le dénoncer le maire de Grenoble dans
une lettre ouverte au Président de la République, mais aussi 240 personnes dont
100 enfants à La Courneuve, 300 personnes à Saint-Denis, 200 personnes à
Bordeaux, à Nantes…
Chaque
expulsion est un nouveau drame humain pour les familles qui sont forcées de
trouver, en urgence, un autre abri de fortune sur un nouveau terrain ou dans
les rues des grandes agglomérations en rompant avec toute attache territoriale.
Ces opérations policières ont des conséquences humaines et psychologiques
importantes pour ces familles sans cesse sous pression. Elles aggravent la
situation des personnes en interrompant le suivi social et sanitaire organisé
par les associations. Elles renforcent également l’exclusion de nombreux
enfants en empêchant leur accès durable à l’école.
Chaque
expulsion est un nouvel échec en matière de politiques publiques : qui peut
encore croire que la destruction des bidonvilles fait disparaître la
misère ?
Alors que
cette politique répressive a montré toute son inefficacité, le Collectif
National Droits de l’Homme Romeurope et le Collectif des Associations Unies
demandent au gouvernement la mise en œuvre immédiate d’un moratoire sur les
expulsions tant que des solutions dignes d’hébergement, de logement et
d’accompagnement social ne sont pas proposées aux familles…