Opposer la force des travailleurs à la dictature du grand capital
Dix mois de
gouvernement socialiste ont suffi pour faire la démonstration que, de
Sarkozy à Hollande, c’est du pareil au même. Les mêmes attaques contre
les travailleurs, les retraités et les chômeurs, les mêmes cadeaux aux
riches, la même incapacité à s’opposer aux licenciements, la même
servilité vis-à-vis du grand patronat.
À une différence près : Sarkozy n’a jamais caché qu’il était dévoué
corps et âme aux riches. Hollande, lui, a fait mine de s’en prendre à la
finance et s’est fait élire par l’électorat de gauche. Par les
électeurs du PS, son parti, mais aussi par toute la gauche réformiste,
du PCF au Parti de Gauche de Mélenchon. Ces formations, tout en se
vantant de leur rôle dans l’élection de Hollande, se placent aujourd’hui
dans une demi-opposition. Elles ont cependant leur responsabilité dans
l’escroquerie qui a consisté à présenter l’un des camps de politiciens
de la bourgeoisie comme étant plus favorable aux travailleurs, alors
qu’on voit bien aujourd’hui que c’était un mensonge grossier. Cela
contribue à la démoralisation de leur propre électorat.
Seuls les plus naïfs ont pu espérer que le numéro de comédien de
Hollande, à la télévision, apporterait quoi que ce soit aux salariés,
aux retraités et aux chômeurs. « La courbe du chômage sera renversée en
fin d’année 2013 », a-t-il affirmé ! Outre qu’il n’en sait rien, c’est
une façon de dire que d’ici là le chômage continuera à s’aggraver.
Hollande a annoncé une nouvelle attaque contre les retraites. Les
salariés devront cotiser plus longtemps pour toucher une pension qui se
réduit. Ce 1er avril, est entrée en application la décision de détacher
le montant des retraites complémentaires des hausses de prix, ce qui se
traduit par un recul du pouvoir d’achat des retraités. Et le pouvoir
d’achat diminue aussi pour toutes les familles ouvrières, même quand on a
un salaire stable : chacun le constate en faisant ses courses.
Hollande n’a aucune prise sur la vie économique, il n’a aucun poids
sur le grand patronat, sur les banquiers, qui dirigent l’économie, et
surtout il ne veut pas en avoir. Son rôle est, au contraire, de
justifier la politique qui lui est dictée par le grand patronat, de la
faire passer pour la seule politique possible. Son rôle est de faire
passer pour une vérité absolue que l’économie doit être compétitive, ce
qui, dans le langage patronal, signifie qu’il faut que les travailleurs
acceptent la flexibilité, les réductions de salaire. Son rôle est de
présenter le remboursement de la dette de l’État aux banquiers comme une
nécessité, alors que cette dette a été faite pour sortir les banquiers
de la faillite qu’ils ont eux-mêmes provoquée par leurs spéculations.
Avec Hollande, les travailleurs font, une fois de plus, l’expérience
qu’ils n’ont rien à attendre des dirigeants de l’État, quelle que soit
leur couleur politique. Une équipe politique n’est acceptée à la tête de
l’État qu’à condition qu’elle soit dévouée à la bourgeoisie, surtout la
grande, et à ses intérêts.
Il en est toujours ainsi dans le système capitaliste où, si les
hommes politiques occupent le devant de la scène, c’est l’argent qui
commande, c’est-à-dire ceux qui en disposent. Comprendre cette vérité-là
est le début de la conscience de classe.
Mais la bourgeoisie a bien d’autres pantins dans ses réserves. Les
uns brandissent le drapeau réactionnaire du FN. D’autres prétendent
critiquer Hollande sur sa gauche mais sans oser s’en prendre au grand
patronat, au système capitaliste. L’espoir pour les travailleurs n’est
pas de jeter les marionnettes usées de la bourgeoisie pour en prendre de
nouvelles. Il n’est pas non plus de se détourner de la politique. Aux
nuances politiques qui se placent sur le terrain du capitalisme, il faut
opposer une autre politique qui oppose la classe ouvrière à son ennemi
social : la classe capitaliste qui vit de l’exploitation. Il faut une
autre politique qui ait pour objectif de préserver les intérêts de ceux
qui travaillent.
Et aujourd’hui, cette politique signifie imposer l’interdiction des
licenciements et l’indexation des salaires et des retraites sur les
hausses de prix.
Les confédérations syndicales qui prétendent défendre les intérêts
des salariés sont loin d’avancer ces objectifs de lutte. Elles
privilégient toutes la politique de négociation alors même que le
patronat ne veut rien négocier. Certaines proposent cependant une
journée de grèves et de manifestations pour le 9 avril. Il faut y
participer, ne serait-ce que pour leur dire que leur devoir serait de
proposer aux travailleurs une stratégie de luttes.
Au-delà du jeu des pantins de la politique ou de la couardise des
confédérations syndicales, les travailleurs représentent une force
sociale, seule capable de s’opposer à la dictature du grand capital.
Nous devons apprendre à nous en servir.