mardi 19 novembre 2024

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 18 novembre 2024 : Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !

Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !

18/11/24

 


Ce lundi, les agriculteurs ont repris le chemin de la mobilisation. Ils ont le grand mérite de ne pas se laisser faire. Quand ça ne va pas, ils passent à l’action. Cette combativité doit inspirer tous les travailleurs.

Car si beaucoup de petits et moyens agriculteurs sont mal traités, que dire des dizaines de milliers de salariés de l’automobile, de la chimie, de la sidérurgie et de la grande distribution qui risquent de se retrouver sans gagne-pain ? Que dire des millions d’ouvriers, d’employés, de précaires forcés de se priver parce que des produits alimentaires de base restent hors de prix et que les salaires n’ont pas suivi l’inflation ?

Pire, c’est encore aux travailleurs que le gouvernement veut imposer de nouveaux sacrifices pour éponger les déficits. C’est le monde à l’envers : ceux qui sont les plus utiles et les plus indispensables à la société sont menacés jusque dans leurs conditions d’existence, quand les grands parasites, les financiers, les actionnaires, les milliardaires se vautrent dans un luxe extravagant.

Pendant que les travailleurs de Michelin ou d’Auchan, menacés de licenciement, vivent dans l’angoisse de ce qu’ils vont devenir, les membres des familles Michelin ou Mulliez mènent des vies de pacha. Pendant que certains agriculteurs triment du matin au soir, sans savoir s’ils réussiront à se verser un salaire, l’argent coule à flots dans les caisses des trusts de l’agroalimentaire, de la chimie des engrais, des semenciers, des fabricants d’engins agricoles, de la grande distribution et des banques qui les étranglent.

Oui, il n’y a aucune raison de se laisser marcher dessus et la lutte collective est la seule et unique voie pour se faire respecter ! Mais encore faut-il savoir pour quelles revendications se battre et contre qui.

La mobilisation des agriculteurs, organisée par la FNSEA, est dirigée contre le traité commercial que l’Union européenne est en train de conclure avec l’Amérique latine, le Mercosur. Mais celui-ci n’est pas encore en place, ce n’est donc pas lui qui est responsable de leurs difficultés actuelles.

Le Mercosur, agité comme un chiffon rouge, cache l’essentiel : la domination des capitalistes les plus gros sur les producteurs plus petits. Ces derniers sont toujours pris en étau entre leurs fournisseurs et leurs acheteurs que sont l’industrie agroalimentaire et la grande distribution.

Par exemple, la famille Besnier, propriétaire du groupe Lactalis, et à la tête d’une fortune de 40 milliards d’euros, a décidé de réduire sa collecte de lait pour garantir ses marges. 500 éleveurs laitiers se retrouvent sans acheteur. Combien d’entre eux mettront la clé sous la porte ?

Les petits agriculteurs, comme les salariés, vivent sous le diktat du grand capital, et leur travail engraisse une série de parasites. Les plus gros agriculteurs, eux, jouent dans la cour des grands. À l’image du dirigeant de la FNSEA, Arnaud Rousseau, patron du groupe Avril (marques Lesieur, Puget…), ils profitent du commerce international en multipliant les exportations.

Tous les agriculteurs n’ont donc pas les mêmes intérêts. Les petits exploitants sauront-ils imposer les leurs, ou tireront-ils les marrons du feu pour les plus gros ? L’avenir nous le dira.

Comme les petits agriculteurs, les travailleurs attaqués doivent viser les véritables responsables. Et ces responsables que sont Michelin, Stellantis, Valeo se cachent tous derrière la concurrence internationale qu’ils appellent « déloyale » quand ils sont perdants. Ce discours est repris par tous les politiciens et parfois par les grands chefs syndicaux. Mais dénoncer les Chinois ou les Brésiliens, c’est exonérer de sa responsabilité le patronat que l’on a en face de nous, et c’est réduire les travailleurs à l’impuissance.

Les trusts capitalistes qui pleurnichent sur la concurrence étrangère défendent les lois du marché et la concurrence à l’échelle nationale et internationale. Et ils en sont les acteurs principaux car, pour eux, la concurrence est le seul moyen « d’aller manger dans la gamelle du voisin », comme l’avait si élégamment dit le PDG de Stellantis, Carlos Tavares.

L’unique préoccupation de ces rapaces, c’est de s’entredévorer pour gagner des parts de marché et être plus profitables que leurs rivaux. Le tout, bien sûr, avec la peau des travailleurs.

Alors, ouvriers, employés, cheminots, travailleurs du public et petits agriculteurs, pour être respectés, il n’y a pas le choix, il faut nous battre pour nos intérêts de classe contre le grand patronat qui nous exploite, contre sa rapacité et la folie de son système. Et il faut nous battre dans la perspective d’une toute autre société, une société organisée collectivement, planifiée et débarrassée de la concurrence aveugle.

                                                                     Nathalie Arthaud  

 

États-Unis, retour sur l’élection de Trump : extrait de l’éditorial du journal trotskyste The Spark des États-Unis du 11 novembre

États-Unis : le piège de l’alternance

Extrait de l’éditorial du journal trotskyste The Spark du 11 novembre.

Publié le 13/11/2024 

 

 

Le 6 novembre, le monde s’est réveillé pour découvrir que Donald Trump avait été élu pour être le prochain président des États-Unis, à partir du 20 janvier.

Beaucoup se sont déclarés choqués et horrifiés. Comment un violeur condamné, un criminel et un président deux fois mis en accusation a-t-il pu être réélu ? La réponse se trouve peut-être dans la nature même de la politique capitaliste.

Tout d’abord, Trump n’a pas gagné grâce à une nouvelle vague d’électeurs. Il a fini par obtenir presque exactement ce qu’il avait obtenu il y a quatre ans. La différence, c’est que Kamala Harris a eu beaucoup moins de voix que Biden il y a quatre ans, État par État. D’anciens électeurs de Biden n’ont pas voté pour Harris, ou n’ont pas voté du tout.

Alors, pourquoi ? Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur tous les problèmes auxquels les travailleurs ont été confrontés au cours des quatre dernières années. L’inflation accélérée a fait exploser les prix des produits alimentaires, du carburant et du logement, après des décennies de dégradation du niveau de vie. S’y ajoutent l’effondrement des infrastructures et la dégradation du système de santé. Récemment, si l’inflation a baissé, les prix, eux, n’ont pas bougé. Les salaires n’ont pas augmenté au même rythme. Cette détérioration du niveau de vie a été pratiquement ignorée par la campagne de Harris, qui s’est vantée de hausses de salaires et d’une économie qui serait en meilleur état qu’il y a quatre ans.

En outre, la politique étrangère de Biden au cours des quatre dernières années a engendré des désastres en matière de droits humains, et la menace d’une guerre toujours plus étendue. Au cours de l’année écoulée, Israël a perpétré un massacre à Gaza qui a entraîné la mort de plus de 43 000 civils et la destruction complète de ses infrastructures : logements, rues, ponts, entreprises et équipements publics, forçant les habitants à évacuer vers des zones détruites les unes après les autres. Aujourd’hui, la guerre s’étend avec l’invasion du Liban par Israël à qui, pendant ce temps, les États-Unis continuent d’envoyer des armes et d’autres aides tout en prétendant s’opposer à ses « excès. »

La campagne de Harris a tenté de jouer sur les deux tableaux, en vantant son soutien à Israël et en exprimant sa « tristesse » face aux pertes humaines à Gaza, tout en promettant un avenir meilleur. Faut-il s’étonner que les électeurs n’aient vu aucune raison de croire à un changement de politique ? Et il y a la guerre en Ukraine, dirigée par l’impérialisme américain. Et combien d’autres encore ?

Les électeurs de Trump ont voté comme ils l’avaient fait dans le passé, mais les votes pour Harris ont considérablement diminué par rapport à ceux de Biden il y a quatre ans. Les électeurs des démocrates d’il y a quatre ans n’ont pas ressenti la même obligation de voter pour eux cette fois-ci.

Bien sûr, il y a des électeurs qui acceptent les attaques réactionnaires de Trump contre les femmes, les minorités et les immigrés. Il y a ceux qui ne peuvent accepter qu’une femme soit élue présidente. Mais beaucoup plus n’ont pas voté pour Harris parce qu’ils en avaient assez.

Qu’on le veuille ou non, Trump a été perçu comme le candidat du « changement » dans un système qui ne présente toujours que deux candidats, démocrate et républicain, sans qu’aucun représentant de la classe ouvrière ne soit en vue ou présent. Comme d’habitude, ceux qui voulaient un changement, n’ayant que le choix du « moindre des deux maux », ont voté pour que le parti au pouvoir soit écarté.

Trump n’a pas de réponse aux problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs. Il est le représentant de la classe des milliardaires, tout comme l’ont été les démocrates. Au cours des quatre prochaines années, il servira aux travailleurs le même ragoût amer que celui que les administrations précédentes leur ont fait avaler. La seule issue pour les travailleurs est de se battre sans relâche pour empêcher la classe des milliardaires de nuire, et de construire leur propre parti pour défendre leurs intérêts face aux attaques de la classe dirigeante et de ses gouvernements.

                                                                           The Spark

Assurance chômage : encore un transfert d’argent des travailleurs vers les patrons

 

Vases communicants, de la poche des travailleurs vers celle du patronat

 

 

Les négociations entre directions syndicales et patronat sur l’assurance chômage confirment une dégradation pour les travailleurs au moment où le patronat détruit des emplois par dizaines de milliers.

         Parmi les mesures adoptées, le passage à 30 jours d’indemnisation par mois, même les mois à 31 jours, revient à 5 jours d’indemnisation volés aux chômeurs chaque année. Cela rapportera 1,2 milliard sur quatre ans à l'Unedic… Une somme qui vient presque compenser l’abaissement des charges patronales - soit 1,5 milliards d'euros - décidé en même temps.

         Qu’on soit en emploi ou au chômage, l’argent qui nous manque à la fin du mois est dans les poches des patrons.