Martinique :
contre la vie chère et pour la hausse des salaires
Publié le 02/10/2024
En Martinique, les manifestations
contre la vie chère continuent. Mardi 1er octobre
plusieurs organisations syndicales appelaient leurs adhérents à se mobiliser
contre la vie chère, mais aussi pour des augmentations de salaire dans le privé
et le public, pour la hausse des minima sociaux et des allocations.
Les revendications concernent
aussi le retrait de la réforme des retraites, ainsi que la rénovation et le
financement des services publics, notamment l’école ou l’hôpital. La CGTM avait
appelé à une grève reconductible depuis le 26 septembre.
Ce jour-là, malgré une pluie
battante, une manifestation regroupant environ 600 personnes a eu lieu dans les
rues de Fort-de-France avec la participation de représentants de plusieurs
secteurs, tels ceux de la santé, des agents municipaux, de salariés du commerce,
des ouvriers agricoles, de l’EDF, mais aussi de La Poste, de la Deal, de
la métallurgie, du bâtiment, ou de l’Éducation nationale. Le lendemain, il y
eut encore un regroupement de près de 200 personnes et une partie d’entre elles
sont allées à la rencontre des travailleurs de la zone commerciale de la
Jambette. Distribuant des tracts tout en lançant leurs slogans, ils ont appelé
salariés et acheteurs à se joindre à la mobilisation contre la vie chère,
initiée par l’association RPprac (Rassemblement pour la protection des peuples
et des ressources afro-caribéennes).
À son appel, depuis un mois, des
manifestations ont réuni des centaines de personnes, souvent venues des
quartiers populaires, mais aussi des salariés, des jeunes, des femmes au foyer,
excédés par les augmentations importantes des produits alimentaires. Ils
exigeaient des pouvoirs publics et des propriétaires de grandes surfaces un
alignement des prix sur ceux pratiqués en France hexagonale. Ils ont ainsi
procédé à des blocages de ces grandes surfaces, appartenant pour la plupart aux
gros possédants békés de l’île, telles les enseignes Carrefour du groupe
Bernard Hayot à Fort-de-France, au Robert, à Ducos. Les manifestants ont dû
souvent faire face aux forces de police, réquisitionnées pour protéger les
biens des gros Békés.
Après deux ou trois jours de
scènes de débordements de jeunes en colère à l’entrée de Fort-de-France du 16
au 18 septembre,
le préfet, la collectivité territoriale de Martinique (CTM) ainsi que
les représentants de la grande distribution et ceux du transporteur CMA CGM,
ont entamé des discussions pour aboutir à la baisse des prix. Pour l’heure, la
CTM se dit prête à supprimer la taxe d’octroi de mer sur 5 000 produits de
première nécessité en faisant une péréquation avec d’autres produits de
consommation moins courante. Cette proposition sera faite aux élus lors de
l’assemblée plénière du 3 octobre de l’Assemblée. Les
maires, dont les budgets sont abondés par le
versement de cette taxe, demandent des garanties de compensation.
Le préfet, quant à lui, est allé
prendre ses directives auprès du Premier ministre Michel Barnier. Il est
question d’une baisse de la TVA sur les mêmes catégories de produits, ainsi que
d’une aide à la continuité territoriale, telle que pratiquée avec la Corse,
pour compenser les frais de transport.
Mais tout ce beau monde continue
de demander aux gros possédants de la grande distribution et à ceux du
transporteur CMA CGM de « bien vouloir faire un effort », alors que
ceux-ci annoncent qu’ils y sont prêts, mais à la hauteur de ce que fera l’État.
Autant dire qu’ils n’entendent pas écorner leurs profits. Les uns et les autres
parlent de trouver une solution pour la prochaine séance de négociation, fixée
au 7 octobre.
En attendant, les mobilisations
ne faiblissent pas. Et c’est tant mieux ! Seule une mobilisation encore plus
importante réunissant tous les salariés et le reste de la population pourra
réellement faire ravaler leur morgue à ceux qui depuis des années se
sucrent sur leur dos.
Marianne
Tibus (Lutte ouvrière n°2931)