Saint-Denis
: un marché populaire chassé du centre
14 Septembre 2022
Contre l’avis de la majorité des
commerçants, une partie du marché de Saint-Denis a dû déménager mardi 6
septembre.
Ce marché comprenait jusqu’à
présent une halle couverte et le reste, tout autour, en plein air. Ce marché,
l’un des plus grands d’Île-de-France, se tient trois jours par semaine et est
très fréquenté. À l’image de Saint-Denis, il est aussi multiculturel et très
populaire. Mais, pour Mathieu Hanotin, le nouveau maire socialiste, « le
temps de la réparation du centre-ville est venu. » La mairie voudrait
changer l’image de la ville, pour elle trop populaire, et attirer des
populations plus aisées, des touristes, avec la perspective des Jeux
olympiques. Elle a donc décidé de déplacer en périphérie ce marché en plein air
qui était là depuis le Moyen-Âge mais qui faisait tache, à son goût, et que le
maire nommait le « marché des chiffonniers ».
Au mois d’avril, dès que les
commerçants ont eu vent de son projet, ils ont organisé une grève surprise et
256 d’entre eux, la très grande majorité des deux marchés, ont refusé de
déballer leur marchandise et ont manifesté devant l’hôtel de ville. Ils ont
ensuite fait signer des pétitions, arboré des banderoles, organisé une
manifestation pour permettre à la population d’exprimer sa solidarité, et
engagé des actions en justice.
Les différents recours sur lesquels
ils comptaient pour bloquer les travaux sur le nouvel emplacement n’ont pas
empêché le maire de les poursuivre cet été et, dès la rentrée, il a obligé les
commerçants à déménager, menaçant les récalcitrants de les exclure du marché.
Sur le nouvel emplacement,
désormais coupé et éloigné de la halle centrale, les commerçants ont vu
aussitôt fondre leur clientèle comme leur chiffre d’affaires. Nombre d’entre
eux craignent de devoir fermer boutique. La diminution de l’offre serait un
nouveau coup dur pour les habitants de la ville, qui apprécient le marché et
ses prix restés modiques. Pourtant, ce serait à eux de choisir le type de
centre-ville qu’ils désirent et non à des politiciens bien éloignés de leurs
préoccupations !
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2824)