Épidémie : les errements du gouvernement
23 Septembre 2020
L’épidémie de Covid-19 continue sa progression. En Île-de-France, les patients Covid occupent déjà 20 % du total des lits de réanimation. Il est certain que cela va augmenter dans les prochaines semaines.
Au niveau local, les préfets ont été incités à durcir les mesures de restriction. Mais au niveau national, le gouvernement, lui, a eu l’air d’aller dans le sens inverse en raccourcissant la durée d’isolement et en allégeant le protocole sanitaire dans les écoles.
Le conseil scientifique a bien préconisé la réduction de la durée d’isolement à sept jours au lieu de quatorze. Mais cette idée partait du fait que les quatorzaines ne sont que très peu appliquées et la mesure était assortie de conseils, notamment la réduction des délais pour se faire tester. L’OMS a rapidement déclaré qu’elle s’inquiétait de ce raccourcissement de la durée d’isolement. Dans la situation actuelle de perte de contrôle de l’épidémie, le résultat le plus évident de cette réduction va être de diminuer la durée des arrêts de travail, ce qui n’est avantageux que pour le patronat.
Le protocole sanitaire de la rentrée scolaire était déjà considérablement allégé, mais il a tout de même entraîné de nombreuses absences d’élèves et d’enseignants. En primaire et maternelle, pour chaque cas positif, la classe de l’élève concerné était le plus souvent fermée et l’enseignant mis en quatorzaine. Le moindre symptôme d’un élève entraînait son retrait de l’école, même s’il ne parvenait pas à se faire tester. Du coup les parents ne pouvaient plus aller travailler. Le gouvernement a donc décidé, en s’appuyant sur l’avis du Haut Conseil de la santé publique, que les enfants ne pouvaient pas se transmettre le virus entre eux et que le masque de l’enseignant le protégeait suffisamment ! Dorénavant pour fermer une classe, il faudra trois élèves atteints du Covid et l’enseignant pourra continuer à enseigner même si un de ses élèves est tombé malade.
Pourtant, s’il y a bien un consensus médical pour dire que les enfants ne font qu’exceptionnellement des formes graves, la question de leur contagiosité est beaucoup plus discutée. Les études sont contradictoires sur ce point. Il est possible que leur contagiosité soit plus faible que celle des adultes mais pas inexistante. L’allègement du protocole sanitaire risque donc de favoriser l’extension de l’épidémie mais aura le mérite pour le patronat de limiter l’absence des parents au travail.
Plusieurs mois après le début de la pandémie, la connaissance du virus et de la maladie progresse mais il reste des incertitudes. Loin de tout « principe de précaution », le gouvernement choisit les avis scientifiques en fonction de ce qui le préoccupe prioritairement : permettre aux entreprises de poursuivre leur activité et au patronat de faire ses profits.
Pour tenter d’enrayer la progression de l’épidémie, il faudrait dans l’éducation, dans les hôpitaux, en matière de tests et en fait dans tous les domaines, une politique qui ait la santé publique comme seule priorité et y consacre les moyens nécessaires. Ce gouvernement confirme mois après mois que ce n’est pas son souci.
Jean POLLUS (Lutte ouvrière n°2721)