vendredi 25 septembre 2020

Épidémie : les errements du gouvernement

 

Épidémie : les errements du gouvernement

23 Septembre 2020

L’épidémie de Covid-19 continue sa progression. En Île-de-France, les patients Covid occupent déjà 20 % du total des lits de réanimation. Il est certain que cela va augmenter dans les prochaines semaines.

Au niveau local, les préfets ont été incités à durcir les mesures de restriction. Mais au niveau national, le gouvernement, lui, a eu l’air d’aller dans le sens inverse en raccourcissant la durée d’isolement et en allégeant le protocole sanitaire dans les écoles.

Le conseil scientifique a bien préconisé la réduction de la durée d’isolement à sept jours au lieu de quatorze. Mais cette idée partait du fait que les quatorzaines ne sont que très peu appliquées et la mesure était assortie de conseils, notamment la réduction des délais pour se faire tester. L’OMS a rapidement déclaré qu’elle s’inquiétait de ce raccourcissement de la durée d’isolement. Dans la situation actuelle de perte de contrôle de l’épidémie, le résultat le plus évident de cette réduction va être de diminuer la durée des arrêts de travail, ce qui n’est avantageux que pour le patronat.

Le protocole sanitaire de la rentrée scolaire était déjà considérablement allégé, mais il a tout de même entraîné de nombreuses absences d’élèves et d’enseignants. En primaire et maternelle, pour chaque cas positif, la classe de l’élève concerné était le plus souvent fermée et l’enseignant mis en quatorzaine. Le moindre symptôme d’un élève entraînait son retrait de l’école, même s’il ne parvenait pas à se faire tester. Du coup les parents ne pouvaient plus aller travailler. Le gouvernement a donc décidé, en s’appuyant sur l’avis du Haut Conseil de la santé publique, que les enfants ne pouvaient pas se transmettre le virus entre eux et que le masque de l’enseignant le protégeait suffisamment ! Dorénavant pour fermer une classe, il faudra trois élèves atteints du Covid et l’enseignant pourra continuer à enseigner même si un de ses élèves est tombé malade.

Pourtant, s’il y a bien un consensus médical pour dire que les enfants ne font qu’exceptionnellement des formes graves, la question de leur contagiosité est beaucoup plus discutée. Les études sont contradictoires sur ce point. Il est possible que leur contagiosité soit plus faible que celle des adultes mais pas inexistante. L’allègement du protocole sanitaire risque donc de favoriser l’extension de l’épidémie mais aura le mérite pour le patronat de limiter l’absence des parents au travail.

Plusieurs mois après le début de la pandémie, la connaissance du virus et de la maladie progresse mais il reste des incertitudes. Loin de tout « principe de précaution », le gouvernement choisit les avis scientifiques en fonction de ce qui le préoccupe prioritairement : permettre aux entreprises de poursuivre leur activité et au patronat de faire ses profits.

Pour tenter d’enrayer la progression de l’épidémie, il faudrait dans l’éducation, dans les hôpitaux, en matière de tests et en fait dans tous les domaines, une politique qui ait la santé publique comme seule priorité et y consacre les moyens nécessaires. Ce gouvernement confirme mois après mois que ce n’est pas son souci.

                                                 Jean POLLUS (Lutte ouvrière n°2721)

Licenciements, ADP : un rassemblement réussi qui montre la voie à suivre

 

ADP – Roissy : une manifestation réussie

23 Septembre 2020

En cherchant à imposer rapidement des coupes dans les revenus des salariés, la direction d’ADP espérait que ceux-ci ne trouveraient pas le temps de réagir. Mais c’est raté : malgré le chômage partiel et le télétravail, une manifestation dans l’aéroport Charles-de-Gaulle a réuni jeudi 17 septembre plus de 800 travailleurs de Roissy et d’Orly.

Depuis deux semaines les salariés exprimaient de plus en plus ouvertement leur mécontentement devant le plan de la direction. Celui-ci prévoit 1 400 départs volontaires dont 700 seraient remplacés, le prolongement du chômage partiel et un accord de performance collective (APC) visant à réduire drastiquement l’ensemble des primes, jusqu’à 800 euros par mois. C’est ce dernier projet qui a cristallisé la colère des travailleurs, en particulier chez le personnel qui travaille la nuit ou le week-end, puisque l’APC s’attaque, entre autres, aux heures majorées.

Les raisons de refuser les attaques de la direction ont été largement discutées jour après jour. Pendant des années, ADP a engrangé d’énormes profits, lui permettant d’être le premier groupe aéroportuaire mondial, et les actionnaires ont été gavés. Mais ces profits ont été produits par les travailleurs. Comme l’ont fait remarquer certains, même pendant le confinement, c’est eux qui étaient aux postes, sans protection, pour rapatrier et soigner les passagers en plein Covid. Alors ils n’acceptent pas d’être sacrifiés. Leur travail n’a pas changé, leur salaire ne doit pas baisser.

Lundi 14 septembre, les SSIAP (agents de sécurité incendie et d’assistance aux personnes) se sont organisés pour se retrouver pour la deuxième fois à une cinquantaine devant le bâtiment des négociations à Paris. À l’initiative de militants CGT, des réunions sur les pauses ont été improvisées toute la semaine. Les tracts, les affiches et les rendez-vous étaient largement partagés sur les réseaux sociaux. Tout cela créait un climat donnant envie de venir.

La manifestation a donc été un succès. Certains avaient préparé des slogans, comme : « ADP, précarité pour ses salariés, non à l’APC ! ». Le cortège était accompagné de coups de klaxons et de gestes de sympathie de travailleurs d’entreprises sous-traitantes.

Les tentatives de désamorçage de la direction, qui a légèrement diminué l’ampleur des attaques, n’ont pas fonctionné. Les travailleurs savent que c’est une stratégie de négociation et ne s’en satisfont pas. Le mot d’ordre « non à l’APC » est de plus en plus repris.

Les plus mobilisés veulent « battre le fer tant qu’il est chaud » et augmenter la pression sur la direction jusqu’au 23 octobre, date de fin des négociations. De nouveaux rassemblements ont été prévus. Nombreux et mobilisés, les travailleurs peuvent être une force et faire reculer la direction.

                                          Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2721)

Migrants, Lyon : la solidarité au tribunal

 

Simplement « montrer l’exemple à ma fille »

 


Pierre-Alain Mannoni, un universitaire niçois, était jugé par la cour d'appel de Lyon pour avoir transporté dans sa voiture trois jeunes migrantes d’Erythrée. « Je l'ai fait. J'étais content de montrer l'exemple à ma fille. Je n'arrive pas à imaginer comment j'aurais pu assumer d’abandonner ces jeunes femmes à leurs souffrances physiques et psychologiques » ajoutant « Evidemment, je le referais ! »

         Pour cet acte tout simplement d’humanité, il risque 5 ans de prison et 30 000 euros d’amende. L’Etat français ferme ses frontières aux migrants qui fuient les guerres et la misère, et dans cette même logique, il menace d’emprisonner ceux qui les aident à survivre dans leur dangereux périple. La justice n’est pas du côté des juges, ni de ceux qui la commandent et nous gouvernent !