Suicide
d’un étudiant : une précarité insupportable
13 Novembre 2019
Vendredi 8 novembre, Anas,
étudiant de 22 ans en sciences politiques à l’université Lyon 2, militant actif
du syndicat Solidaires, a tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant par le
feu devant le siège du Crous lyonnais (Centre régional des œuvres
universitaires).
Sauvé par l’intervention d’un
ouvrier travaillant sur un chantier voisin, brûlé à 90 %, il était
toujours entre la vie et la mort le 12 novembre. Quelques minutes plus tôt, il
avait posté sur Facebook un texte dans lequel il liait son geste de désespoir à
la précarité dans laquelle les étudiants sont plongés. Il venait d’apprendre
qu’il perdait le bénéfice de sa bourse et de son logement en cité
universitaire, après un nouveau redoublement. « Même avec une bourse,
demandait-il, 450 euros par mois, est-ce suffisant pour vivre ? »
Et au-delà : « Après ces études, combien de temps devrons-nous
travailler, cotiser, pour une retraite décente ? Pourrons-nous cotiser
avec un chômage de masse ? » Il dénonçait la responsabilité de
Macron, Hollande et Sarkozy dans l’aggravation de cette précarité, eux qui ont
baissé les APL, augmenté les frais d’inscription à l’université, tandis que le
coût du logement ou du transport n’a cessé d’augmenter.
Cet acte de désespoir a ému et
révolté beaucoup des étudiants de Lyon 2, où Anas était connu et apprécié, et
plus largement dans le milieu militant lyonnais. Conformément à sa demande, ses
camarades de Solidaires étudiants ont continué à lutter en organisant un
rassemblement mardi 12 novembre devant le Crous. Après diverses interventions,
près de mille personnes ont repris des slogans dénonçant cette société
« où les jeunes sont dans la galère et les vieux dans la misère ».
Cette tentative de suicide a
évidemment des causes multiples. Mais elle révèle la situation dramatique que
vivent de nombreux étudiants pauvres, obligés d’accepter n’importe quel emploi
pour payer leurs études, parfois jusqu’à se prostituer. Une société qui
abandonne ainsi sa jeunesse ne mérite pas d’exister. Il est urgent de la
transformer.