L'attaque
contre les cheminots est une attaque contre tous les travailleurs
Transformation de la SNCF en
société anonyme, fermeture des « petites lignes », ouverture à la concurrence,
disparition du statut de cheminot et suppression de 5000 postes : le rapport
Spinetta prépare la privatisation à marche forcée et la liquidation des droits
des cheminots.
C’est une déclaration de guerre à
laquelle a aussitôt répondu un appel de la CGT à riposter le 22 mars.
Les cheminots, comme tous les
salariés qui sont attaqués, ont raison de se défendre. Alors que le
gouvernement se vante de la reprise économique et du retour de la prospérité,
aucun travailleur ne doit accepter de voir ses conditions de travail et de vie
reculer. Aucun ne doit se résigner à servir de pion dans le casino capitaliste.
Ni les cheminots, ni aucun autre travailleur.
Le statut des cheminots excite
nombre de ministres et de commentateurs. Outre qu’il est largement mis à mal
par le développement de la sous-traitance et la généralisation de la précarité
à la SNCF, il ne fait sûrement pas des cheminots des privilégiés !
Les vrais privilégiés dans la
société capitaliste, ce sont les Bernard Arnault et les Patrick Drahi, les
actionnaires des entreprises du CAC 40 comme Veolia ou Vinci, qui vivent de
l’exploitation de milliers de salariés et qui utilisent déjà la SNCF comme une
machine à faire du cash. Les cheminots, quant à eux, tiennent juste à ce qui
reste de leurs droits.
Au travers de cette attaque
contre les cheminots, le gouvernement engage une épreuve de force contre tous
les travailleurs. Macron veut en effet prouver à la bourgeoisie qu’il est
capable de réussir ce que Juppé a raté : mettre au pas les cheminots, et,
derrière eux, tous les travailleurs. Et s’il lance une telle attaque quelques
semaines après avoir annoncé sa volonté de supprimer 120 000 postes dans la
fonction publique, ce n’est pas un hasard.
Au-delà de l’attaque qu’elle
constitue contre le monde du travail, l’ouverture à la concurrence et la
privatisation du chemin de fer représentent un recul pour toute la société.
Les usagers de la SNCF mesurent
au jour le jour les conséquences du sous-investissement dans le ferroviaire.
Ralentissements, suppressions de
trains, retards et incidents en tout genre empoisonnent le quotidien de
millions de passagers, quand il ne s’agit pas d’accidents plus graves.
Mais expliquer que le privé fera
mieux que le public pour renouveler les infrastructures et le matériel
vétustes, c’est se moquer du monde.
Si certains requins sont
intéressés par l’ouverture à la concurrence, c’est que l’État leur sert tout
sur un plateau, les infrastructures, le matériel, et même le personnel formé
car ils hériteront automatiquement des cheminots de la SNCF. Ils n’auront plus
qu’à choisir les lignes les plus rentables et à encaisser !
Le capital privé sévit depuis
toujours dans le ferroviaire. Le réseau a été conçu pour répondre aux besoins
patronaux et il a servi de vache à lait à de nombreux groupes capitalistes.
Avec la dette de la SNCF, les banquiers ont aussi été invités à se servir sur
la bête.
La SNCF se comporte elle-même
depuis fort longtemps comme n’importe quelle entreprise privée. Les cheminots
ont à s’opposer aux mêmes pressions à la productivité que les travailleurs dans
les autres entreprises. Quant aux usagers, ils sont confrontés aux tarifs
exorbitants lors des périodes de pointe et aux fermetures de lignes et
suppressions de trains jugés insuffisamment rentables depuis déjà des années.
C’est cette logique que le
gouvernement veut aujourd'hui pousser le plus loin possible en donnant un nouveau
terrain de jeu au capital privé.
Au nom de la rentabilité, le
gouvernement fait le choix d’évincer toujours plus de personnes de la vie
sociale. C’est ce genre de logique qui nous amène lentement mais sûrement vers
une société où on regarde l’âge du patient – ou son porte-monnaie – à
l’hôpital, avant de lui poser une prothèse de hanche ; où la Sécurité sociale
ne prend pas en charge des traitements rares et onéreux ; où l’on refuse
l’accès à la faculté à tous les bacheliers.
Que ce soit pour les hôpitaux,
les maisons de retraite ou le chemin de fer, faire passer la rentabilité et le
profit au-dessus de tout, accepter le parasitisme du capital, est contraire aux
intérêts des travailleurs comme des usagers.
Alors, dans le bras de fer qui
s’engage avec le gouvernement, notre camp est celui des cheminots contre Macron
et la bourgeoisie.