Loi
Macron : non aux semaines à rallonge !
Parmi les mesures
antiouvrières du projet de loi du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron,
discuté ces jours-ci à l'Assemblée, figure l'augmentation du nombre de
dimanches travaillés et, dans certains cas, l'extension du travail en soirée.
Actuellement,
les maires peuvent décider d'autoriser les commerces non alimentaires à ouvrir
exceptionnellement cinq dimanches par an. Le projet de loi Macron, dans sa
version initiale, en fait une obligation pour les maires, et ils pourront
décider d'aller jusqu'à douze par an. De plus, à longueur d'année, le travail
le dimanche et « en soirée » sera autorisé dans une vingtaine de
gares et dans des « zones touristiques internationales » que le
projet de loi ne délimite pas.
Le
gouvernement se déclare ouvert à la discussion sur le nombre de dimanches et il
est question qu'il revienne sur l'obligation faite aux maires. Mais,
l'essentiel serait maintenu : les vannes seront ouvertes pour une plus
grande flexibilité des horaires de travail. Déjà, dans nombre d'hypermarchés,
les travailleurs sont passés de trois à cinq dimanches travaillés : quatre
en décembre et le premier dimanche des soldes.
Le projet
de loi Macron réaffirme, il est vrai, le principe du « volontariat ».
Comme si les pressions n'existaient pas pour faire accepter de venir travailler
le dimanche ! Or, dans une grande surface, celui qui refuse a toutes les
chances de se faire mal voir par son manager, et parfois aussi par ses
collègues qui passeront un dimanche particulièrement pénible au travail si
l'équipe, déjà en sous-effectif en semaine, n'est pas au complet. La règle
voudrait que la direction demande à chacun de signer un papier notifiant son
accord pour être « volontaire », cependant certains managers
annoncent aux employés qu'ils viendront dimanche, un point c'est tout. Il faut
que l'employé qui refuse se mette en avant, éventuellement avec l'aide d'un
militant syndical, pour obtenir son repos.
Quant aux
« volontaires » pour travailler le dimanche, ce n'est pas par goût,
mais parce qu'ils ne voient pas d'autre façon d'obtenir une augmentation de
salaire. Les suppléments pour travail du dimanche sont variables : salaire
triple, au choix jour de récupération ou salaire double, voire nettement moins.
C'est le cas des supérettes Carrefour Market qui, en tant que commerce
alimentaire, s'autorisent à ouvrir chaque dimanche. Leur convention
d'entreprise prévoit une simple majoration de 20 % du salaire horaire. Si
le travail du dimanche se banalise, les majorations tendront à disparaître.
Ceux qui,
actuellement, acceptent de travailler le dimanche dans les hypermarchés sont
inquiets d'une augmentation du nombre de dimanches autorisés. Ils se rendent
compte que leur temps libre se réduira à peau de chagrin et craignent une
remise en cause de leur majoration de salaire. Leur crainte est d'autant plus
fondée que le projet de loi prévoit le principe d'une majoration pour travail
le dimanche, sans en préciser le montant, renvoyé à des négociations de
branches, d'entreprises ou de territoires, dans lesquelles les dirigeants des
grandes surfaces seront en situation de dicter leurs volontés.
Le projet
Macron pourrait donc mettre de nombreux travailleurs du commerce contre lui.
C'est ce qui est à souhaiter.
Correspondant
LO