Drôle d’ambiance au Conseil
municipal d’Argenteuil hier au soir avec l’absence du chef de file de l’opposition
PS « retenu » à Paris par son soutien zélé à M Valls (vote acté à 20 heures 15). Drôle d’ambiance
avec la relégation de l’ensemble de cette opposition au fond de la classe, de
dos complètement à un public largement favorable au nouveau maire et vociférant
tout au long de la soirée. Cela rendait très difficile l’écoute des débats.
La seule annonce qui a été véritablement
faite lors de ce conseil qui a duré plus de six heures a été celle de l’abandon
total de la mise en place de la réforme dite des rythmes scolaires pour la
rentrée de septembre 2014.
Le
conseil proprement dit a été précédé d’une longue intervention d’un cabinet d’audit
qui a eu le mérite d’être clair, non pas sur la situation réelle d’Argenteuil,
mais sur les conséquences dramatiques du plan Valls sur les finances locales et
donc sur le service public municipal. Il a cité un proverbe dont nous nous
souviendrons, à propos de l’austérité soit disant « partagée » :
« Le gros maigrit, le maigre meurt ». Sur les 11 milliards d’ « économies »
prévues, 22% porteront sur les collectivités territoriales. Cela aura pour
conséquence de réduire du quart les dotations d’Etat, fondement des recettes
des communes. « Une situation inédite que vont subir toutes les
collectivités ».
Pour ce
cabinet, la situation de la commune est dans le rouge (Ah bon ?). Elle est
« très périlleuse », le compte
de 2013 est même en situation de « déséquilibre » qu’il faut de toute
urgence supprimer.
Pour ce
qui est de l’ « effort fiscal » demandé à la population, il
place Argenteuil parmi les
premiers, ce n’est pas une découverte. La suppression des « abattements »
pour la majorité des contribuables locaux, votée dans l’incognito l’an passé
par la précédente municipalité, a augmenté cet effort de 1,15 en 2013 à 1,25
cette année.
Une
partie importante de l’exposé concernait l’analyse des dépenses de
fonctionnement. Les dépenses de personnel auraient augmenté de 3,3% par an. Le
total des effectifs municipaux aurait cru de 300 ces six dernières années.
Les
nombreuses réalisations municipales (rénovations d’écoles et autres) auraient
entraîné une très forte hausse de l’endettement, faisant passer la « durée
de cette dette » de 21 ans en 2008 à u n siècle et demi ( !) en 2014.
Selon
ce cabinet, la renégociation des emprunts toxiques aurait été effectuée au prix
fort, et si l’on comprend bien. Selon lui, que les communes continuent à subir
passivement ces emprunts ou les renégocient, c’est toujours au bénéfice des
banques. On n’avait pas besoin de nous le dire pour le savoir. Quant aux
nouveaux emprunts, ils se font toujours à ce prix fort : plus de 4 % en
tout cas.
La moindre des choses serait que l’étude de
cabinet soit en libre accès pour la population et le personnel communal qui
ensemble aurait les moyens de préciser un certain nombre de choses. Même si,
connaissance précise ou pas, on se doute que les finances locales, et celles d’Argenteuil
en particulier, ne peuvent qu’être dans le rouge.
Pour le
reste, sur les orientations de la nouvelle municipalité, rien, vraiment rien de
rien lors de ce conseil.
La
nouvelle municipalité n’a guère ajouté à la présentation du cabinet, et n’a
fait ensuite que répéter sur la situation très difficile des finances locales.
S’il
faudra encore attendre pour connaître les orientations générales de la nouvelle
municipalité ne serait-ce que pour les huit mois qui restent de cette année
2014, il en est une, même si elle n’a pas été énoncée comme telle mais a
transpiré tout au long de la soirée : la réduction des effectifs des
agents de la commune : « resserrer la gestion », « supprimer
les doublons ». Les frais de personnel : « un montant
insoutenable pour les finances de la Ville », selon X Péricat, 1er
adjoint.
Dans le
débat, la nouvelle municipalité s’est faite mouchée par un élu de l’opposition
sur une décision de « première diminution des impôts dès avril »
promise par G. Mothron durant la campagne électorale, et dont il n’est plus
apparemment question.
La
soirée d’hier a donné une impression d’un « remake » de 2008, inversé
seulement. Grosso modo : la situation financière va mal, c’est de la faute
de la gestion de ceux qui nous ont précédé.
Si la
population se levait pour « contrôler » les décisions municipales
mois après mois, il y aurait sans doute bien des lièvres à lever, bien des
choix à contrarier, etc. Mais au-delà, les communes doivent faire face à d’énormes
tâches. En premier lieu, c’est sur elle que pèse l’organisation des locaux
scolaires qu’il faut entretenir et adapter, et le fonctionnement matériel de l’école
primaire. Et la meilleure gestion, la plus contrôlée, ne pourra dans une
commune populaire comme Argenteuil, que donner que ce qu’elle a : des
difficultés financières pour répondre aux besoins.
C’est
la société capitaliste qui doit laisser la place à une autre où les
gigantesques moyens seront mis au service de tous, où le crédit ( à dix ans, à un siècle ! ) sera mis au
service du développement de toute la société.
En attendant, les priorités locales sont
dans le maintien de ce qui est vital aux milieux populaires de la localité et
ce qui participe à unir la population pour ses combats futurs. Elles sont également
dans le maintien évident du personnel existant. Tous les employés municipaux
sont utiles. Et dans la situation actuelle, l’emploi et la lutte contre sa
précarité sont des priorités, une priorité qui doit être partagée par toute la
population.
Dominique MARIETTE