mercredi 22 août 2012

Pussy Riot : le sabre et le goupillon font bon ménage


Trois militantes du groupe punk russe Pussy Riot viennent d’être condamnées à deux ans de colonies pénitentiaires. Deux ans pour deux minutes d’une prière anti-Poutine, et horreur des horreurs, dans un lieu de culte !
     En février dernier elles avaient chanté dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou « Vierge marie, chasse Poutine, chasse Poutine, chasse Poutine ! ». Un blasphème pour la juge et pour l’Église orthodoxe.
     Accusé sans aucune preuve d’avoir mordu un policier, venu l’arrêter, Gary Kasparov, l’ancien champion d’échec, qui a pris parti pour le groupe Pussy Riot, risque lui jusqu’à cinq ans de camp.
     Voilà ce qu’il en coûte dans ce pays de mettre en évidence les liens entre l’État et une Église choyée par le pouvoir, et qui le lui rend bien.

États-Unis : les réactionnaires font feu de tout bois


Un candidat républicain au Sénat a déclaré qu’une femme victime d’un « véritable viol » ne pouvait pas tomber enceinte, le corps enclenchant dans ce cas des « réactions biologiques naturelles de défense ».
     Des propos imbéciles et faux visant à apporter de l’eau au moulin des militants anti-avortement et par la même occasion, à insulter les femmes violées, qui ne seraient pas tout à fait victimes dans certains cas…
     Le combat pour le droit, légitime, pour que les femmes aient toute liberté de disposer de leur corps et de choisir d’interrompre une grossesse non désirée n’est pas terminé. Et il concerne tous ceux qui veulent qu’on sorte de la barbarie. 

mardi 21 août 2012

Espagne : on combat les plus pauvres, mais on tolère la pauvreté


Le gouvernement espagnol a décidé, parmi d’autres mesures contre les classes populaires, de supprimer la couverture sanitaire gratuite pour les immigrés en situation irrégulière. De nombreux « sans-papiers » ne pourront tout simplement plus se soigner.
     En s’en prenant aux plus pauvres, à des travailleurs immigrés, le gouvernement espagnol espère peut-être gagner en popularité.
     C’est écœurant, mais ça ne marche pas heureusement à tous les coups : un millier de médecins ont protesté contre cette mesure et ont annoncé qu’ils continueraient malgré tout à soigner gratuitement ceux qui en ont besoin.

On ne peut perdre sa vie en la gagnant


Un employé des services municipaux argenteuillais, père de trois enfants, est décédé ces derniers jours suite à un accident du travail ayant eu lieu fin juillet. Ce travailleur du service de ramassage des ordures avait été percuté par une voiture.
    Les élus Lutte Ouvrière d’Argenteuil ont une pensée émue pour cette famille touchée par le deuil.

    Le travail de ces employés que l’on appelle « ripeurs » est très dangereux. L’importance de la formation est en conséquence essentielle pour permettre que les travailleurs travaillent avec des risques réduits au minimum.
     Chaque année, à l’échelle du pays, ce sont des centaines et des centaines de travailleurs qui perdent la vie au travail. Ce n’est pas acceptable.

Montebourg : une révolution qui ne fera pas mal au patronat


Lors de la « Fête de la Rose » de sa région, la Saône-et-Loire, Montebourg a déclaré que le projet des socialistes au gouvernement était de conduire la France sur la voie de la « troisième révolution industrielle ».
     Mais les déclarations peuvent être ampoulées, leur contenu n’en reste pas moins dérisoire. Car la révolution en question tient dans la rencontre entre « énergies renouvelables » et « technologies numériques », le tout additionné de propos vigoureux contre les « excès du pouvoir des financiers sur les entreprises » et en faveur du« patriotisme industriel ».
     Pas de quoi inquiéter les patrons qui décident des plans de suppressions d’emplois. Montebourg n’est pas près de les en empêcher !
     Certains de ces patrons ont même tout lieu de se réjouir, car cela annonce une fois encore des aides et des subventions pour eux.

Incendies dans les Landes : les économies de moyens aggravent la catastrophe


Aucun canadair n’est plus installé à demeure dans le Sud-ouest. Ils n’étaient donc pas proches des lieux de l’incendie qui a ravagé au moins 550 hectares près de Lacanau et des heures précieuses ont été perdues dans la lutte pour maîtriser les flammes.
     Début juillet, les pilotes de canadairs s’étaient mis en grève pour dénoncer le manque de moyens et les économies sur l’entretien des avions.
     L’incendie des Landes illustre les conséquences de cette politique d’économies que l’État applique dans tous les domaines, y compris les services les plus indispensables.

lundi 20 août 2012

Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière du 20 août


Les affameurs 

Alors que l’actualité la plus chaude est la canicule et que l’on nous dit en long, en large et en travers comment se protéger et s’hydrater, une information autrement lourde de conséquences est passée inaperçue : la flambée du prix des céréales.
     Depuis le mois de juillet, le cours mondial des céréales s’est envolé. Sur deux mois, le maïs a augmenté de 50% entraînant dans son sillage le prix du blé, du soja et bientôt de la viande puisqu’aux Etats-Unis, des élevages entiers sont abattus faute de pouvoir nourrir les bêtes. C’est donc à une hausse de toute la chaîne alimentaire qu’il faut s’attendre et à de nouvelles privations pour les classes populaires.
     Même ici, en France, dans un pays dit « riche », combien de familles frappées par le chômage, par des salaires et des retraites de misère, ont du mal à faire face à l’envolée du ticket de caisse ? Combien de ménagères renoncent à l’achat de fruits, de légumes frais ou de viande ? A voir le succès des restaurants du cœur et des épiceries sociales, les produits alimentaires de base ont atteint les limites acceptables pour beaucoup.
     Mais si cette hausse des prix dans l’alimentation n’est pas encore, ici, une question de vie ou de mort, ça l’est et ça le sera dans certains pays pauvres pour des millions de personnes. En 2007-2008, l’explosion des prix des céréales avait provoqué une des plus grandes crises alimentaires. Des émeutes de la faim avaient alors secoué une grande partie des pays pauvres, de Dakar à Mexico en passant par Le Caire. Aujourd’hui ces prix se rapprochent des records de 2008. Une telle hausse, si elle se maintient, est la famine assurée pour des millions de personnes qui se battent déjà pour survivre au jour le jour. Pour beaucoup d’entre eux, c’est une condamnation à mort.
     « En temps normal » comme l’on dit, quand il n’y a pas de crise alimentaire, 37 000 personnes meurent de faim chaque jour, un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes.
     Comment accepter ce drame humain alors que l’agriculture moderne peut nourrir deux fois la population de la planète ? Comment accepter que les premiers affamés soient des paysans, tout à fait capables de cultiver la terre pour se nourrir, eux et leur famille, mais qui ne le peuvent plus parce qu’ils ont été ruinés et chassés de leur terre par les requins de l’agroalimentaire ?
     Certes, une des pires sécheresses sévit actuellement dans les principaux Etats américains producteurs de maïs et de soja et la météo fait craindre une chute de rendement en Russie et en Ukraine. Mais dans une organisation sociale normalement constituée, où la vie humaine compterait, on chercherait à faire face à ces catastrophes climatiques en mettant en commun ce que l’on a, en répartissant les stocks, en organisant la distribution rationnellement, en anticipant.
     C’est l’inverse qui se passe ! Dans ce système capitaliste, affamer des millions d’êtres humains peut rapporter gros. La sécheresse fait et fera le malheur de millions de personnes mais elle fait le bonheur des spéculateurs. Les récoltes seront moindres ? Bonne nouvelle pour les spéculateurs qui vont pouvoir parier à la hausse ! Les stocks de céréales diminuent ? C’est l’occasion pour les spéculateurs de les racheter et de faire monter les enchères.
     C’est même une occasion en or puisque, si l’on en croit une étude de la Deutsche Bank, le maïs a offert, à égalité avec l’or, le meilleur rendement des actifs financiers sur ces cinq dernières années. Quoi d’étonnant à ce qu’aujourd’hui 85 % des achats de céréales soient des achats spéculatifs !
     Les financiers qui ne trouvent plus leur compte en spéculant sur l’immobilier, sur les valeurs d’internet ou sur les actions se sont jetés sur le marché des matières premières. Le maïs, le blé et le soja sont pour eux des « actifs financiers » comme les autres, sur lesquels ils misent sans retenue, quand bien même ils affament les millions de personnes pour qui c’est le pain quotidien.
     Le capitalisme transforme tout en actif financier, en spéculation, en profit. Face à ce fonctionnement aveugle de l’économie, la vie humaine ne vaut rien. Remettre les hommes, leur vie, le progrès social au cœur de la société, c’est se débarrasser du capitalisme et refonder une économie organisée collectivement non pas pour rapporter du profit à une minorité toujours plus riche mais pour répondre aux besoins et aux aspirations de tous.

Tunisie : grèves et manifestations à Sidi-Bouzid



La ville d’où était partie la vague de révolte qui avait mis fin au régime de Ben Ali en 2011, a connu mardi dernier une journée de grève générale et de manifestation. Dans cette région particulièrement pauvre, rien n’a changé pour la population : le chômage et la misère sont toujours là et s’y sont ajoutées les coupures d’électricité et d’eau en pleines fêtes du Ramadan. Les manifestations organisées fin juillet pour protester contre cette situation ont été réprimées durement et une quarantaine de personnes emprisonnées.
     C’est entre autres pour réclamer leur libération et pour dénoncer un régime qui répond aux revendications sociales par la matraque que les habitants de Sidi-Bouzid sont descendus dans la rue mardi.