Passe
sanitaire : une colère où les objectifs de classe doivent s’exprimer
28 Juillet 2021
Le 24 juillet, des manifestations
ont réuni de nouveau en France des dizaines de milliers de personnes s’opposant
au passe sanitaire : 160 000 au total, plus que le samedi précédent où 114 000 personnes
avaient manifesté.
À Paris, où 11 000 personnes
ont défilé, comme à Strasbourg où les manifestants étaient 4 000, ou
encore à Toulouse où ils étaient plus de 2 500 et des milliers à Nice, les
banderoles dénonçaient majoritairement les atteintes à la
« liberté », « la dictature sanitaire », « le passe de
la honte », ou appelaient Macron à la démission.
Derrière ces slogans se sont
ainsi regroupés des soignants, des salariés directement concernés par le passe
sanitaire et craignant d’être licenciés, des chômeurs ou retraités avec ou sans
gilet jaune, mais aussi bien d’autres catégories sociales, dont des
restaurateurs et autres petits patrons. Nombre de politiciens de droite et
d’extrême droite y ont vu une occasion de se montrer avec du monde derrière
eux, comme le président des Patriotes et ex-numéro deux du RN, Florian
Philippot, à Paris.
La colère se manifeste contre le
passe sanitaire et les autres contraintes décidées par le gouvernement et
votées finalement par le Parlement. Cette colère touche bien sûr les
travailleurs, dont certains ont participé aux manifestations. L’obligation
vaccinale et le passe sanitaire sont en quelque sorte la goutte d’eau qui fait
déborder le vase, car le mépris de classe du gouvernement s’est, une fois de
plus, étalé au grand jour. Mais la colère des travailleurs recouvre des raisons
de mécontentement bien plus vastes. Depuis des mois, la pandémie permet aux
patrons et au gouvernement de tenter de faire avaler maints sacrifices, de
justifier des suppressions d’emplois, des licenciements, comme ceux des
dizaines de milliers de travailleurs intérimaires, jeunes et moins jeunes,
brutalement mis à la porte. Toutes les restrictions imposées au fil des mois
par le gouvernement ont pesé plus durement sur les « premiers de
cordée », infirmières, éboueurs, aides à domicile ou travailleurs de la
distribution, hier hypocritement salués par Macron, aujourd’hui montrés du
doigt comme responsables de la propagation du virus !
L’intérêt des travailleurs est
d’exprimer clairement cette révolte, et cela en mettant en avant leurs
objectifs de classe. Revendiquer la liberté de chacun n’en est pas un. De
liberté, les travailleurs n’en disposent d’aucune quand ils n’ont plus de
travail ou n’ont pas un salaire qui permette de vivre décemment. Pour la classe
capitaliste, la liberté a un sens diamétralement opposé. Il s’agit de pouvoir
licencier sans entrave et imposer des conditions de travail toujours plus dures
et des salaires toujours plus bas. Ce qui entrave la liberté de la classe
ouvrière, c’est la dictature que le patronat exerce sur l’ensemble de la
société dans le seul but d’engranger du profit. C’est ce qui pourrit la vie des
travailleurs, c’est ce que Macron voudrait faire oublier par ses manœuvres
politiques.
C’est à cette classe capitaliste
qu’il faudra s’attaquer, pour obliger à embaucher dans tous les services
publics, santé, éducation, transports, pour imposer que le travail soit réparti
entre tous avec maintien du salaire, pour obtenir que l’augmentation des
salaires, des retraites et de toutes les allocations suive le coût de la vie.
Sans la prise de conscience de la nécessité de défendre une politique de
classe, la colère légitime sera inévitablement dévoyée, détournée, comme cela a
été le cas bien trop souvent dans le passé, par les nombreux ennemis des
travailleurs.
Aline RETESSE (Lutte ouvrière n°2765)
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Nos prochains rendez-vous :
Le 11 et
12 septembre, lors du Forum des associations, nous nous retrouverons sur les
stands.
Le samedi
18 septembre, rassemblement pour la défense de l’espace Jean Vilar et contre le
projet Cap Héloïse
Le jeudi
23 septembre, à 20 heures, grande salle de l’espace Nelson Mandela, une réunion
publique-débat de Lutte ouvrière : crise de la société et perspectives
pour le « camp des travailleurs »
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