Vaccination
obligatoire : le gouvernement se défausse
07 Juillet 2021
La campagne médiatique et politique
pour la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé prend l’allure
d’un tir de barrage. Après les ministres et les commentateurs accusant
quasiment les soignants d’infecter leurs patients, sont venus les
pétitionnaires en tout genre, jusqu’à, main dans la main, le secrétaire de la
CFDT et le président du Medef.
Cette déclaration commune d’un
chef syndical et du porte-parole du grand patronat a de quoi susciter la
méfiance des travailleurs, s’il en était besoin à propos d’un projet
gouvernemental, qui plus est chaudement soutenu par le chœur médiatique. Ainsi
le personnel soignant, envoyé au front sans masque, sans surblouse, sans trêve
ni repos au début de l’épidémie, ces travailleurs des hôpitaux et des Ehpad qui
ont fait face alors que l’État pataugeait lamentablement, seraient aujourd’hui
les pelés, les galeux qui transmettent le virus ?
Mais qui donc a menti pendant des
mois, qui, après avoir fermé les lits par milliers et désarmé la Santé
publique, refuse toujours la moindre embauche ? Qui, si ce n’est l’État en
général et ce gouvernement en particulier ? La méfiance de certains
soignants à l’égard de la vaccination est sans doute discutable, mais celle
qu’ils éprouvent à l’égard de l’État est plus que justifiée.
Une fois de plus on voit à qui
l’État impose des contraintes et à qui il laisse les mains libres. On peut bien
travailler à quatre au mètre carré dans une usine de montage automobile, un
abattoir, un chantier de construction ou la cale d’un chalutier. Là aucun
ministre ne viendra jamais, sous prétexte de Covid, empêcher un patron de faire
suer du profit. En revanche l’aide-soignante qui applique depuis des mois les
consignes sanitaires mais rechigne devant la vaccination serait le diable en
personne. Et elle devrait obéir aux injonctions du gouvernement sous peine de
sanction. Le gouvernement n’a pas voulu contraindre les firmes pharmaceutiques
à fabriquer les vaccins en quantité suffisante, mais il a empêché la population
de se déplacer sous peine d’amendes, sauf pour aller se faire exploiter
évidemment. Il aligne des centaines de milliards pour garantir les profits et
n’offre aux travailleurs que vaines promesses, licenciements, baisse des
allocations chômage et recul de l’âge de la retraite.
Cette campagne politique pour
rendre obligatoire la vaccination des soignants vise à décharger les Macron,
Castex et autre Véran de leurs responsabilités et à faire porter le chapeau aux
travailleurs de la santé. Pire encore, elle contribue à opposer les soignants
les uns aux autres sur un terrain pourri. Les travailleurs qui doutent de la
vaccination, et dont personne ne connaît le nombre réel, ne sont pas les
adversaires de ceux qui se sont déjà fait vacciner, qui sont sans doute
l’écrasante majorité.
Car, pour ou contre se faire
vacciner, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, chaque travailleur sait qui
est responsable de la catastrophe sanitaire : ceux qui ont massacré
l’hôpital public, favorisé les surprofits des laboratoires, profité de la crise
pour s’enrichir encore plus, ceux qui, par leur rapacité, mènent la société à
la catastrophe : le grand patronat et ses laquais politiques.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2762)
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