Le combat pour la conscience des jeunes et de tous, loin des addictions
Dans sa petite tribune (eux occupent au moins leur espace), le groupe du conseil municipal « Argenteuil tous ensemble » aborde la question de la légalisation du cannabis. Certes, c’est leur droit, même si nous pouvons penser qu’il y a bien d’autres choses à réfléchir dans la situation d’aujourd’hui. La montée de la misère, des licenciements, des difficultés sociales sont pour nous des questions qui méritent autrement l’intérêt et le combat. En revanche, ce qui nous a amusé, c’est le titre qui s’adresse au maire d’Argenteuil, Georges Mothron : « Légalisation du cannabis ! Courage Monsieur Mothron ! ».
Que Georges Mothron se rallie à l’injonction d’ « Argenteuil tous ensemble », cela est toujours possible, s’il y trouvait demain un intérêt électoral ; voilà les limites du « courage » que nous connaissons du maire d’Argenteuil.
En tout cas, nous voilà bien loin de ce que nous avons à dire, nous militants communistes révolutionnaires, à la jeunesse.
Nous, nous en appelons à la conscience de la jeunesse du monde du travail du travail comme du reste de la société. Et c’est un combat qui a toujours été celui du mouvement ouvrier révolutionnaire, la lutte contre l’alcoolisme comme la recherche de tout paradis artificiel, véritables poids historiques et sociaux qui pèsent sur cette conscience.
Pour en rester à ce sujet, voilà ci-dessous un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière d’il y a une dizaine d’année. Il garde tout son intérêt. DM
Légaliser le cannabis ? La toxicomanie... Et la société qui l'engendre
22 Juin 2011
Daniel Vaillant, ancien ministre socialiste de l'Intérieur, et plusieurs autres députés socialistes ont présenté un rapport préconisant une légalisation du cannabis, mettant en avant l'échec de la législation actuelle en la matière. Cette question de l'attitude face à la drogue revient régulièrement dans le débat politique, mais au final il n'y a guère eu de modification législative significative depuis 1970.
Certaines drogues sont interdites mais d'autres, comme l'alcool et le tabac, sont réglementées. La loi prévoit des peines d'amendes et de prison y compris pour la simple consommation, mais en pratique ces peines sont rarement appliquées. En revanche les trafiquants de toutes les drogues interdites, dont le cannabis, sont effectivement condamnés.
Pourtant, depuis vingt ans environ, le cannabis est d'un usage courant. Son interdiction ne l'a pas empêché de se répandre et sa consommation de se maintenir à un niveau élevé. C'est ce qui fait parler Daniel Vaillant de situation d'échec.
L'ancien ministre dit avoir changé de position par rapport à la période où il était aux affaires dans le gouvernement Jospin. Il prône maintenant une levée de l'interdiction ainsi qu'une production et une distribution encadrées par l'État, ce qui conduirait à une situation un peu semblable à celle du tabac. Le fait qu'il n'ait rien entrepris de ce genre lorsqu'il était au pouvoir, montre que les calculs politiciens ne sont pas absents de sa démarche d'aujourd'hui. Il n'en reste pas moins que les drogues constituent un véritable problème de santé publique.
Dans la société actuelle, de nombreux facteurs concourent à l'existence de ces toxicomanies : la misère, la dureté des relations humaines dans un monde très individualiste, les habitudes... Les drogues, par définition, créent une dépendance faisant qu'une fois qu'on a commencé à en prendre, il est très dur de s'arrêter, et qu'au final on se retrouve avec des problèmes de santé graves, car les drogues sont également toutes toxiques.
Il faut tout de même rappeler que les deux drogues qui font le plus de dégâts en France sont le tabac et l'alcool, c'est-à-dire deux drogues tout à fait légalisées. Cela ne prouve donc pas l'efficacité d'une légalisation. Là aussi, on pourrait parler de situation d'échec.
La toxicomanie quelle qu'elle soit est un fléau pour les sociétés humaines. La recherche de paradis artificiels est une fuite devant une réalité souvent triste et décevante, qui tient de l'autodestruction. On ne peut donc que la combattre. Reste à savoir comment faire reculer les toxicomanies dans une société qui tend à les entretenir, à les développer et même à en engendrer de nouvelles.
Alors, dans une telle société, la légalisation serait-elle un progrès ? Il est bien difficile de le dire. Des médecins ou d'autres professionnels de ces questions devraient pouvoir y réfléchir, en ayant pour seul objectif de combattre les toxicomanies. Mais, vu les enjeux financiers dans ce secteur et les intérêts politiques que certains trouvent à agiter ces questions, on ne peut guère s'attendre à des conclusions sûres, un tant soit peu indépendantes, des polémiques intéressées du moment.
Jean POLLUS