Dans tous les cas, grand frais pour la condition ouvrière
Le magasin « Grand
frais » d’Orgemont à Argenteuil s’est imposé comme un magasin au succès
croissant. Il est dédié au « frais », à la viande, et aux fruits et
légumes en particulier. S’il a l’avantage d’être facilement accessible par des
voies routières favorables, le système entrée-sortie face à la butte d’Orgemont
laisse pour le moins à désirer. On se demande comment les autorités
départementales et municipales d’alors (la municipalité précédente
d’Argenteuil) ont pu l’accepter.
Mais
ce n’est pas cela qui nous préoccupe présentement. Et la correspondance
ci-dessous, si elle nous en apprend sur le système « managérial » de
l’enseigne, ne nous dit directement rien sur ce qui se passe dans le magasin
d’Argenteuil au niveau de la condition ouvrière des employés. On peut imaginer
qu’elle est ici sur bien des plans identique à celle des salariés de Grenoble.
Mais nous ne pouvons en préjuger car, si l’objectif du « résultat »
est partout le même, la manière d’y parvenir pour les responsables, peut être
bien différente selon les magasins. Si l’occasion nous en est donnée, nous
vérifierons pour Argenteuil, et toutes les informations sur le sujet sont donc bienvenues.
DM
« Nos lecteurs
écrivent : Coup de chaud chez Grand Frais
30 Mai 2018
Comme à toutes les périodes de
fêtes, le ramadan est synonyme d’un renforcement de l’exploitation pour nombre
de travailleurs de la grande distribution. Le supermarché Grand Frais
d’Échirolles, en banlieue de Grenoble, ne fait pas exception.
Ce magasin appartient à un
puissant groupe réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et
qui a ouvert en quelques années des dizaines de magasins dédiés aux produits
frais dans les grandes villes. Les six semaines avant et pendant le ramadan
entraînent une surcharge de travail importante pour la quarantaine d’employés.
« Deux dimanches matin d’affilée
les chiffres de vente ont été d’abord doublés, puis triplés pour certains
rayons. Dans celui où je travaille, on a même battu le record du magasin ! Mais
évidemment, malgré nos demandes répétées, il est hors de question d’embaucher
pour nous aider dans cette période particulièrement chargée. Pourtant,
l’enseigne reçoit régulièrement des CV de travailleurs cherchant un emploi.
Ce refus de la direction n’est
pas étonnant, quand on sait qu’une bonne partie du salaire des responsables est
constituée d’une prime calculée sur le bénéfice de leur rayon. Ils ont donc
tout intérêt à faire travailler un minimum de personnes pour un maximum de ventes,
car ils peuvent ainsi espérer doubler leur salaire. Et surtout le système Grand
Frais, qui utilise toutes les ficelles de gestion à la mode, comme la division
de ses magasins en secteurs qui sont autant de micro-entreprises et de moyens
d’empêcher que les travailleurs s’organisent, est une véritable machine à cash
pour ses actionnaires.
Mais pour nous, qui sommes le
plus souvent payés au smic, ce n’est pas la même histoire.
Nous devons tenir et organiser
les approvisionnements, avec des heures supplémentaires imposées, pas toujours
payées, et une cadence souvent infernale. Les semaines de 44 voire 48 heures ne
sont pas rares et nous découvrons régulièrement des heures ajoutées à nos
plannings sans avoir été consultés. Et la dernière innovation de Grand Frais ce
sont les promotions de dernière minute, reçues à 19 h 30, alors que la journée
est terminée. Il faut alors rester pour mettre les prix à jour et faire
l’affichage, pour que tout soit prêt pour le lendemain à l’ouverture du
magasin. Et cela c’est du bénévolat !
Autre conséquence de taille : les
règles d’hygiène ne sont plus respectées. Par exemple, nous n’avons plus le
temps de renouveler les bacs des aliments vendus en vrac comme il le faudrait.
Des aliments peuvent donc rester en fond de bac pendant plusieurs semaines.
C’est donc sur notre dos, et sur
celui des travailleurs venus faire leurs courses, que Grand Frais se sucre. Et,
en période de ramadan, il a la main lourde. »
Un
lecteur de Grenoble »