Contre
Macron, la force des travailleurs est dans la lutte
Des dizaines de milliers de
manifestants se sont retrouvés samedi 26 mai contre le gouvernement Macron,
contre ses mesures qui incarnent les intérêts de la minorité de très riches qui
dominent la société. Le gouvernement et les médias ont répété que la journée de
mobilisation n’avait pas fait le plein. C’est leur rengaine : depuis près de
deux mois, ils affirment que la contestation ne prend pas. Malgré leurs
souhaits d’enterrer la grève des cheminots et d’en finir avec le climat de
protestation qu’elle favorise, les deux continuent.
Au fil des manifestations, des
centaines de milliers de travailleurs ont saisi l’occasion d’exprimer leur
haine de Macron. Et du côté des cheminots, en première ligne dans le combat,
l’écrasante majorité a confirmé, dans le référendum organisé par les syndicats
de la SNCF, le rejet de la réforme, déjà exprimé par la grève.
Que leur répond le gouvernement ?
Il a le culot de présenter la reprise par l’État d’une partie de la dette de la
SNCF comme un cadeau qui devrait inciter les cheminots à accepter la réforme.
Comme s’ils étaient en quoi que ce soit responsables de la dette ! Et pour
dresser l’opinion publique contre les cheminots, ministres et commentateurs y
vont de leur couplet affirmant que la reprise de 35 milliards de dette va
coûter aux contribuables.
Mais ceux au profit de qui la
SNCF s’est endettée, ce ne sont pas les cheminots ! Ce sont de grandes
entreprises et leurs actionnaires, les Bouygues et autre Vinci, ainsi que les
banques, qui continuent à encaisser les intérêts de cette dette. Si quelqu’un
doit rembourser ces milliards, ce sont ces gens-là. Pas les cheminots !
Voilà la politique de Macron,
comme de ses prédécesseurs : faire payer par les travailleurs qui font
fonctionner toute l’économie, les milliards que l’État déverse sur la minorité
capitaliste. C’est pour assurer leurs dividendes à tous les Arnault, Bolloré,
Dassault et leurs semblables au petit pied, qu’on pèse sur les salaires, qu’on
développe la précarité, qu’on sacrifie tout ce qui, dans les services publics,
est utile à la population, des transports à l’école en passant par les
hôpitaux.
Les cheminots ont raison de
refuser ces mensonges et cette escroquerie. S’ils sont en grève, c’est pour
exiger le maintien des conditions d’emploi et de travail de l’ensemble des
travailleurs du rail.
Les cheminots peuvent être fiers
d’avoir relevé la tête et de montrer, même à leur échelle, que lorsque les
travailleurs agissent, utilisent leur arme de classe, ils perturbent le petit
jeu de cette prétendue démocratie où une minorité de politiciens, dévoués à la
grande bourgeoisie, peut prendre des décisions qui foulent aux pieds les
conditions d’existence de milliers, de millions d’exploités.
Le mouvement des cheminots s’est
imposé dans la vie politique. D’un seul coup, le ronronnement des débats du
Parlement, le petit jeu des différents partis, apparaissent dérisoires. Cela
donne une idée de la puissance avec laquelle la classe ouvrière pourra peser
sur la vie politique lorsqu’elle se dressera contre ses exploiteurs.
C’est le mouvement des cheminots
qui a démystifié le jeu politique de la droite et de l’extrême droite. La
droite traditionnelle a voté la réforme et clame son enthousiasme pour
l’ouverture à la concurrence. Le Front national, qui n’aime les travailleurs
que soumis et résignés, se dit opposé à la réforme… mais surtout à la grève !
Les partis de gauche,
organisateurs de la manifestation du 26 mai, ont affiché leur opposition à
Macron et à sa majorité. Mais pas un mot sur ceux qui, derrière Macron, le
manipulent, ceux qui, en monopolisant le grand capital, dictent sa politique. À
quoi servirait-il d’écarter Macron pour une nouvelle version d’un Mitterrand,
d’un Jospin ou d’un Hollande ? C’est-à-dire pour des politiciens et des partis
qui font des promesses pour être élus mais qui, une fois au pouvoir, mènent la même
politique qu’un Macron, car il n’est pas question pour eux de s’en prendre à la
grande bourgeoisie et, à plus forte raison, à l’ordre capitaliste.
Les grévistes de la SNCF ont
refusé de se laisser faire sans se battre. Macron espérait pourtant leur imposer
sa réforme à marche forcée, comme il impose tous ses coups. Eh bien, il n’a pas
pu ! La grève des cheminots est un premier grain de sable dans la machine à
écraser le monde du travail ! Seuls, ils ne peuvent pas inverser le rapport de
forces. Mais ils montrent la voie à tous les travailleurs. Et l’arrogance de
Macron associée à la rapacité du patronat qu’il sert finiront par transformer
le mécontentement du monde du travail en révolte.