La révolte est dans le pré
A l’usine Renault de Flins, « le 4 juin, les grévistes avaient
brûlé les urnes pour empêcher un vote sur la reprise du travail. Mais le 6
juin, dans la nuit, les half-tracks des CRS défonçaient les grilles de l'usine.
En réponse, le vendredi 7 juin, 5 000 ouvriers se rassemblaient devant l'usine,
bien décidés à ne pas reprendre le travail. Les policiers, eux, continuèrent
leur chasse à l'homme. Le lundi 10 juin dans l'après-midi, ce fut le drame : un
lycéen maoïste, Gilles Tautin, 17 ans, poursuivi par des gendarmes, se jeta
dans la Seine pour leur échapper et s'y noya. Devant l'émotion soulevée, la
direction de Renault fit marche arrière. Les CRS abandonnèrent l'occupation.
Les ouvriers de Flins la reprirent et celle-ci continua jusqu'au 17 juin. »
(Lutte ouvrière du 5 juin 2008).
Sans
doute le 11 juin au matin, après la mort de Gilles Tautin, j’entends parler
d’un rassemblement à la porte de Saint-Cloud. Je m’y rends, et je retrouve des
élèves de l’école normale de Versailles. Ils sont en voiture. Ils m’emmènent du
côté des usines Renault-Flins. Nous nous retrouvons dans le village
d’Elisabethville, à flanc de coteaux de la Seine, non loin de l’usine. J’y
resterai dans la soirée, et une partie de la nuit, mais les CRS interviennent
et je me retrouve sur le plateau à les fuir en courant à travers champ. De
champs de choux dans mon souvenir. Je leur échapperai. On est plus leste quand
on a seize et que l’on est couvert léger, à la différence des casqués dont le
lourd harnachement n’aide pas au déplacement.
Je
ne sais pas comment je suis revenu à Versailles, mais j’ai un souvenir magique
de quelqu’un qui court par les chemins, alors que le petit matin ensoleillé de
juin se lève…
(A suivre, la fin, et petite conclusion)