Attentats
de Bruxelles : la barbarie du terrorisme aveugle et ses racines
23 Mars 2016
Au moins 34 morts et plus de 200
blessés : les attentats qui ont eu lieu mardi 22 mars à Bruxelles ont fait
rejaillir l’horreur en plein cœur de l’Europe, quatre mois à peine après ceux
de Paris.
Quelles
que soient les motivations qui animent les auteurs et les commanditaires de ces
attentats, il s’agit de meurtres qui ne peuvent que provoquer la révolte et le
dégoût. L’organisation Daech, qui les a revendiqués, présente le geste de ses
kamikazes comme celui de héros. Il n’y a en réalité rien de plus lâche. Car
c’est de la lâcheté que d’organiser et de perpétrer ces crimes qui visent des
passagers qui allaient prendre un avion, ceux qui les accompagnaient à
l’aéroport, ceux qui y travaillaient, ou encore la foule d’une rame de métro
bondée à une heure de pointe, avec des femmes, des hommes et des enfants.
Ceux
qui tuent ainsi sont les pires ennemis des opprimés et d’abord les ennemis des
populations auxquelles ils imposent leur domination en Syrie et en Irak. Le
soir même, des réfugiés syriens bloqués en Grèce ont dénoncé les attentats avec
leurs moyens, des petites pancartes écrites en anglais montrées devant les
caméras. Ils rappelaient que ce sont justement les horreurs de la guerre, dont
celles de Daech, qu’ils ont fuies.
La
barbarie des attentats de Bruxelles ne tombe pas du ciel. Les grandes
puissances, notamment européennes, par toutes leurs manœuvres diplomatiques,
leurs interventions militaires et leurs bombardements qui eux aussi tuent
aveuglément, sont en grande partie responsables du chaos en Syrie et en Irak.
Et bien plus fondamentalement, depuis plus d’un siècle, elles ont fait du
Proche-Orient le terrain de leurs rivalités, pour s’emparer de ses richesses
naturelles, comme le pétrole, ou pour tous les marchés qu’il représente à
commencer par celui des commandes d’armements. Depuis plus d’un siècle, les
manœuvres des grandes puissances ont déchiré les peuples et les ont dressés les
uns contre les autres. Elles ont alimenté les guerres en armant tel ou tel clan
au pouvoir ou bien telle ou telle milice servant leurs intérêts du moment.
En Irak et en Syrie depuis cinq
ans, les populations payent par des centaines de milliers de morts la guerre
qui dévaste leur territoire, victimes des barbares de Daech, certes, et surtout
victimes de la politique impérialiste des grandes puissances. Aujourd’hui, ce
sont les populations des capitales des pays riches européens qui en sont
également victimes. Car une région entière ne peut être mise à feu et à sang,
sans que cela se répercute ici aussi, d’une manière ou d’une autre.
C’est
pour cela que les victimes de Bruxelles, comme avant elles celles de novembre à
Paris, sont aussi indirectement les victimes de la politique des dirigeants
européens. C’est précisément leur politique au Proche-Orient qui a contribué à
engendrer les monstres de Daech et continue d’en engendrer d’autres.
Alors,
les travailleurs n’ont pas à se laisser entraîner par la politique d’union
nationale que Hollande et Valls se sont empressés de relancer. Union avec qui ?
Avec la droite qui a semé la désolation en Irak, en Libye, en Afghanistan ?
Avec cette gauche, elle aussi responsable des politiques guerrières menées dans
cette région du monde ? Avec l’extrême droite qui veut fermer toutes les
frontières, attisant ainsi les préjugés réactionnaires et anti-immigrés ? Les
travailleurs n’ont pas à accepter que tous ces dirigeants qui sont responsables
de la montée de la barbarie à des milliers de kilomètres, comme de son
explosion récente ici, parlent en leur nom.
Pierre ROYAN