Contre la
loi travail, il faut poursuivre et amplifier la lutte!
« Hollande, Valls, Gattaz, on ne sera pas de
la chair à patron » ; « Ça sent le Gattaz, ça va péter »,
« Loi El Khomri, vie pourrie » ; « Séparation du Medef et
de l’Etat ! » ; « Regarde ta Rolex, elle est à l’heure de
la révolte » : avec leurs slogans percutants, les jeunes
ont défilé encore plus nombreux jeudi dernier contre la loi travail.
Ils
sont peut-être jeunes, mais ils ne sont pas dupes des mensonges patronaux sur
les pseudo- rigidités du marché du travail. Stages en entreprise, CDD, missions
d’intérim, petits jobs sans rapport avec leurs diplômes, ils sont bien placés
pour savoir que les patrons ont toute la flexibilité qu’ils veulent. S’ils ne
la subissent pas eux-mêmes en tant qu’étudiants salariés ou jeunes apprentis,
ils la connaissent par leurs aînés ou leurs parents, et ils n’en veulent pas.
La
mobilisation de la jeunesse est grandissante, il faut que celle des salariés le
soit aussi car la coupe est pleine.
Cela
fait quatre ans que Hollande est au pouvoir et que le gouvernement, censé être
« socialiste » et de « gauche », fait une politique
anti-ouvrière. Quatre ans que le patronat, surtout le grand, est choyé quand le
chômage et la précarité explosent.
Le
patronat a voulu une réforme des retraites ? Il l’a eue, avec
l’allongement de la durée de cotisation. Il voulait le droit de baisser les
salaires et d’allonger le temps de travail ? Ayrault, alors Premier
ministre, le lui a accordé avec la loi sur la compétitivité de 2013. Le patronat
voulait des baisses de cotisations et d’impôts ? Entre le CICE et le pacte
de responsabilité, Hollande lui en donné pour 41 milliards.
Et,
pour finir en beauté le travail demandé par le Medef, Hollande et Valls veulent
maintenant dynamiter le code du travail. Il est grand temps de transformer
l’écœurement en colère et en action.
On
nous rabâche que le summum de la modernité serait la flexibilité. Mais les
loyers, les factures et les échéances des crédits ne sont pas flexibles. Il
faut payer, pouvoir se déplacer et nourrir sa famille, que l’on ait du travail
ou que l’on soit au chômage ou en fin de droits. Alors, pour les travailleurs,
cette flexibilité n’a rien de moderne, elle est synonyme de précarité, de
surendettement et de galère à vie.
Travailler
12 heures par jour, 46 heures et même 60 heures par semaine n’est certainement
pas moderne. S’épuiser au travail, y perdre sa santé, être licencié au moindre
aléa, c’est ce que des générations de travailleurs ont subi avant nous et ont
combattu.
Quant
au prétendu dialogue social et à la possibilité de déroger aux conventions
collectives par accord d’entreprise, c’est aussi un retour en arrière. Car qu’y
a-t-il de moderne à ce que les patrons puissent faire leur propre code du
travail dans l’entreprise ? Cette légalisation de la loi patronale,
c’est-à-dire de la loi du plus fort, c’est le retour au 19ème siècle.
L’ultime
chantage des défenseurs de la loi consiste à dire que l’on n’a pas tout essayé
contre le chômage. Oui, tout n’a pas été essayé.
On
n’a pas essayé d’interdire aux grands groupes de supprimer des emplois par
milliers. On n’a pas essayé de répartir la charge de travail et de diminuer le
temps de travail, sans baisse de salaire pour faire de la place aux jeunes. On
n’a pas essayé de se servir des profits, non pour arroser les actionnaires,
mais pour créer des emplois.
Ce
projet de loi est une attaque en règle des droits des travailleurs qui frappera
tous les salariés. Il faut se battre pour son retrait pur et simple.
Depuis
le début de cette mobilisation, le gouvernement a déjà été forcé de baisser
d’un ton. Il a tenté vainement de faire diversion en brandissant la promesse
d’une garantie jeune et le dégel du point d’indice dans la Fonction publique.
Et s’il a lâché du lest sur le plafonnement des indemnités prud’homales, on le
doit aux 500 000 personnes qui ont fait grève et manifesté le 9 mars.
Mais
une journée d’action ne peut suffire. Chaque appel, chaque débrayage, chaque
manifestation doit être l’occasion de se rassembler et d’entraîner un, dix,
vingt camarades de travail à entrer dans l’action. Les appels à se mobiliser
jeudi 24 mars en donneront l’occasion et aideront à préparer la journée du 31.