L’accident
de Brétigny : les experts en dissimulation de
Jour après jour, les révélations
se succèdent, qui montrent les stratagèmes utilisés par la SNCF pour dissimuler
des éléments pendant l’enquête sur l’accident ferroviaire de Brétigny survenu
le 12 juillet 2013.
Après
Le Canard enchaîné, Europe 1 et Le Figaro en ont donné à leur
tour divers exemples. Ainsi une juriste de la SNCF a conseillé à un agent
devant être entendu par les enquêteurs de se rendre à la convocation sans aucun
document, pour ne pas leur faciliter la tâche. L’ordinateur d’un cadre chargé
du secteur de Brétigny a aussi été déclaré volé. Les policiers l’ont pourtant
retrouvé dans un local SNCF quelque temps plus tard… expurgé d’une partie de
son contenu.
Les
écoutes téléphoniques mises en place pendant l’enquête prouvent aussi que les
responsables techniques de la SNCF étaient au courant de l’état lamentable du
réseau : « Le matériel est en fin de vie, il y a des incidents tout le temps
», « cette traversée-jonction, elle est pourrie », étaient leurs
commentaires. Ils ont d’ailleurs pointé du doigt les mêmes problèmes de vétusté
sur d’autres secteurs du réseau.
Le
dossier d’instruction révèle enfin que la SNCF a eu connaissance trois mois
avant sa sortie du rapport du Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport
terrestre (BEA-TT) fait sur l’accident de Brétigny, alors que cet organisme
d’État doit théoriquement garder son indépendance vis-à-vis des entreprises sur
lesquelles il enquête. Ce rapport a clairement mis en cause « le
vieillissement général du réseau ferroviaire entraînant une multiplication des
interventions de maintenance de la voie effectuées dans l’urgence pour faire
face aux besoins de l’exploitation ». La SNCF est donc au courant depuis
des mois de ces conclusions accablantes pour elle, mais cela ne l’empêche pas
de continuer à affirmer, par l’intermédiaire de son avocat, qu’« aucune
explication crédible » n’a encore été fournie sur le drame. C’est ce
cynisme, doublé d’une inconscience criminelle, qui a conduit à l’accident
dramatique de Brétigny.
Valérie FONTAINE