La
Rochelle : Le Point au secours du maire
Depuis qu’il tente d’imposer aux
fonctionnaires territoriaux une augmentation non rémunérée du temps de travail,
le maire de La Rochelle, Jean-François Fountaine, ne peut plus montrer son nez
à une réunion sans y être pris à partie par des dizaines de travailleurs en
colère.
Après
deux conseils municipaux perturbés ou annulés, il a même été obligé de réserver
une salle de réunion, en cachette du service municipal de réservation des
salles.
Alors,
l’hebdomadaire Le Point du 21 janvier est venu à son secours, dans un
article de cinq pages, concentré de haine antiouvrière, dont la une a été
placardée sur affichettes dans les rues de la ville.
Le
maire « ose demander » aux territoriaux d’effectuer « les 1 607 h
légales », ironise l’article, qui oublie seulement de préciser que ces 1
607 heures ne sont qu’un maximum légal. Et, comme ces travailleurs avaient
obtenu lors des négociations des 35 heures un temps de travail annuel de 1 525
heures environ, la journaliste écrit même, dans un encart en gras : « Cela
fait quatorze ans que les fonctionnaires de La Rochelle prennent des jours de
vacances dans l’illégalité », mensonge éhonté que même la presse régionale
favorable au maire n’avait pas proféré aussi ouvertement. Quant au maire,
l’article, flagorneur, le qualifie d’« ancien navigateur de haut niveau
habitué à dompter les bourrasques ».
Mais
au fait, à qui appartient Le Point ? Quelle surprise ! À la holding
Artémis – c’est-à-dire au milliardaire François Pinault – qui en juillet 2 015
est entrée au capital de l’entreprise du maire de La Rochelle, Fountaine-Pajot
(440 salariés, 50 millions d’euros de chiffre d’affaires).
C’est
une leçon à retenir : pour les bourgeois comme le maire Fountaine, comme pour
la presse qui leur est liée, il n’y a pas d’acquis sociaux. Dans le vocabulaire
patronal, les conquêtes ouvrières deviennent même parfois des « avantages
illégaux », et dans tous les cas elles doivent être reprises. Sauf si leurs
projets sont mis en échec par les travailleurs en lutte, comme c’est le cas
jusqu’ici à La Rochelle.
Correspondant LO