mardi 8 décembre 2015

AB-Habitat : voilà où la gestionnite conduit



L’apparatchik et l’inquiétude des personnels

Le personnel fonctionnaire d’AB-Habitat vient de recevoir un courrier personnalisé lui demandant de choisir avant le 15 décembre prochain son avenir : pour résumer, soit de démissionner de la fonction publique pour intégrer en tant qu’agent du privé la nouvelle structure Seine Accession, soit de demander à la rejoindre en tant que fonctionnaire détaché de la fonction publique. Pour cette dernière possibilité, il est toutefois précisé « sous réserve de l’accord du CIG », le Comité Intercommunal de Gestion qui gère les carrières des agents de la fonction publique territoriale. Cette précision a tout de même de quoi maintenir l’inquiétude des personnels que les protagonistes de toute cette affaire de la liquidation d’AB-Habitat maintiennent ainsi jusqu’au bout.
         Le courrier en question ne manifeste aucune solidarité, aucune commisération avec les personnels qui sont les premières victimes de toute cette affaire. C’est un courrier de technocrate qui ressemble à tout courrier officiel venant des décideurs qui n’ont rien à faire des destinataires.
         Seulement le nom du signataire nous a dit quelque chose, lui qui s’intitule aujourd’hui « Le président Directeur Général SEINE ACCESSION ». Oui, nous l’avons connu naguère, il y a longtemps, lorsqu’il était militant et syndicaliste.
         C’est vrai il avait déjà de gros défauts.
         Le voilà finissant « PDG ».
         Voilà une « belle illustration » des problèmes de l’effondrement d’un mouvement ouvrier qu’il nous faut reconstruire.

Elections : compléments électoraux



Les résultats de Lutte ouvrière

320 000 électeurs ont voté pour Lutte ouvrière à l’échelle du pays, soit 1,51 % des voix en moyenne.
Ce score modeste marque un progrès partout en pourcentage et en voix par rapport aux régionales de 2010. Surtout, il est le fait d'hommes et de femmes qui ont choisi clairement de se situer dans le camp des travailleurs, que Lutte ouvrière représentait dans ce scrutin.
Ce choix est un gage d'avenir. Car la classe ouvrière a besoin que renaisse un mouvement ouvrier organisé qui défende ses intérêts politiques contre ses exploiteurs et les politiciens à leur service.

Pour éclairer les électeurs

C’est anecdotique, mais révélateur.
         On nous parle de sécurité, de plan Vigipirate, d’état d’urgence. Mais dimanche, à partir de 17 heures 30, il fallait avoir bien du courage pour aller voter dans certaines écoles de la Ville. Nous ne reviendrons pas sur les problèmes d’éclairage sur la commune, toujours aussi présents, mais nous évoquerons seulement la difficulté pour se rendre dans certains bureaux de vote.
         En tant que délégué de notre liste, j’en ai fait le tour. La palme de l’obscurité revient ainsi aux bureaux installés dans les écoles Paul Langevin maternelle et Ambroise Thomas.
         Pour la première, au bout d’un long non man’s land d’ombre, vous pouviez arriver dans une salle éclairée. Quant aux secondes, attention aux pieds. Les grilles des arbres présentaient de nombreux obstacles dans le noir s’entend.
         La prochaine fois, la municipalité organisatrice peut toujours faire envoyer une lampe de poche avec la propagande électorale.

lundi 7 décembre 2015

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d'entreprise de ce lundi 7 décembre 2015



Les leçons du premier tour des élections régionales

Les résultats de ce premier tour des élections régionales reflètent l’évolution réactionnaire de la société en même temps que la désorientation de l’électorat populaire et la perte de repères de la classe ouvrière.
         Son expression la plus frappante est la progression en voix du Front national dans la quasi-totalité des régions, ce qui lui a permis d’arriver en tête dans six d’entre elles.
         L’expression électorale du recul ne se limite cependant pas à cela. La campagne électorale de la droite a été entièrement dominée par sa compétition avec l’extrême droite sur le terrain de cette dernière.
         Quant au Parti socialiste, non seulement il a repris à son compte le langage sécuritaire du FN, mais étant au pouvoir, il en a réalisé l’application en instaurant l’état d’urgence, d’une efficacité limitée pour combattre le terrorisme mais qui étouffe la contestation de la politique gouvernementale sur sa gauche et pèse sur les mouvements sociaux.
         Le FN encaisse les dividendes électoraux de la banqueroute du PS au pouvoir. Une partie de l’électorat traditionnel du PS et du PC, écœurée par la politique du gouvernement, ses reniements et sa servilité vis-à-vis du grand patronat, s’est abstenue. D’autres électeurs se sont ajoutés à l’électorat traditionnel de l’extrême droite. C’est une partie de son propre électorat que la gauche réformiste a poussée dans les bras du FN.
         C’est l’aboutissement de décennies d’évolution politique où les partis qui prétendaient représenter le monde du travail ont renié au fil du temps toutes les valeurs du mouvement ouvrier et foulé aux pieds les intérêts des travailleurs dès qu’ils étaient au gouvernement.
         Le FN est un parti aussi dévoué aux intérêts de la grande bourgeoisie que les partis de droite et le PS, mais avec un langage plus réactionnaire encore et, si les circonstances s’y prêtent, avec des méthodes plus ouvertement anti-ouvrières.
         La classe ouvrière n’a cependant rien perdu de la force que lui donnent son nombre et sa place incontournable dans l’économie. La tâche la plus importante de notre époque pour les militants ouvriers est d’œuvrer pour qu’elle retrouve confiance en elle-même et la conscience du rôle qu’elle est la seule à pouvoir jouer, celui de transformer la société.
         Le règne de la bourgeoisie, c'est non seulement l’exploitation et la dictature des actionnaires sur la société mais c'est aussi une société de plus en plus barbare. En contestant le pouvoir de la bourgeoisie, la classe ouvrière est la seule capable d’inverser le cours de cette société de plus en plus injuste, inégalitaire, irrationnelle et inhumaine.
         Les travailleurs n’ont jamais eu à espérer un changement de leur sort par les élections. Ils n’ont pas non plus à s’en désespérer. Le rapport de force entre la bourgeoisie exploiteuse et les masses exploitées ne se détermine pas dans les urnes, mais dans les affrontements de classe.
         Dans les régions où le FN risque de conquérir l’exécutif régional, ce sont les coalitions de droite qui viennent en deuxième position.
         Tout en rejetant le Front national, il n’est pas question pour Lutte ouvrière de défendre auprès de son électorat l’idée que des hommes de droite, avec des idées aussi crasseuses que celles du FN, puissent servir de rempart contre le parti d’extrême droite. Quant à voter pour une liste socialiste, ce serait remercier le PS d’avoir fabriqué le succès de l’extrême droite.
         Gauche gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles qui ont une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les classes populaires.
         Il ne reste aux électeurs du monde ouvrier, qui refusent au deuxième tour de choisir entre la peste et le choléra, qu’à glisser dans l’urne un bulletin affirmant leur appartenance au « camp des travailleurs ».
         Les élections passées, les travailleurs auront à se défendre contre le grand patronat et l’État par le seul moyen efficace : la lutte collective.
Quant à Lutte ouvrière, elle continuera à œuvrer pour que le « camp des travailleurs » se donne un parti qui représente réellement ses intérêts.
         Même s’ils ne constituent qu’une petite fraction de l’électorat populaire, ceux qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière peuvent être fiers de représenter l’avenir, la renaissance du mouvement ouvrier capable de combattre la société d’exploitation et d’y mettre fin.