Les
assassins d’un peuple
Alors que les télévisions du
monde entier faisaient de la coupe du monde de football un spectacle
planétaire, le territoire de Gaza était noyé sous les bombes de l’aviation
israélienne. Ce petit territoire laissé par l’État d’Israël aux Palestiniens
est une des régions du monde les plus densément peuplées. L’expression « bombardements
ciblés » n’est qu’hypocrisie. Parmi les centaines de victimes, morts
ou grièvement blessés, il y a nécessairement une majorité de civils, et on
retire des corps ensanglantés d’enfants des ruines de leur maison.
Le
point de départ de l’enchaînement de la violence – l’assassinat de trois jeunes
Israéliens suivi de l’exécution d’un jeune Palestinien – a été l’étincelle qui
a fait exploser une fois de plus le baril de poudre israélo-palestinien. C’est
le énième épisode d’une guerre d’oppression menée depuis plusieurs décennies
par l’État d’Israël, soutenu par toutes les grandes puissances contre un peuple
palestinien parqué dans des territoires dispersés, soumis à boycott, entourés
de murs et de barbelés. Un peuple privé de tout droit, soumis à des vexations
incessantes.
Cela
fait des décennies que sur un petit territoire – l’équivalent de trois départements
en France – où coexistent deux peuples, il y en a un, les Palestiniens, qui est
enfermé dans une prison à ciel ouvert dans son propre pays, tandis que l’autre,
les Israéliens, est transformé en gardien de prison.
L’État
d’Israël a beau posséder une des armées les plus modernes et les plus efficaces
(avions, hélicoptères, drones), il n’arrive pas à étouffer les révoltes
successives du peuple opprimé. Il n’a réussi qu’à susciter, du côté des
Palestiniens, des organisations qu’il dénonce comme terroristes car elles
utilisent à petite échelle les mêmes méthodes dont il use, lui, à grande
échelle.
L’ampleur
de la répression a amené des dirigeants des puissances impérialistes, parmi
lesquelles la nôtre, à prononcer quelques phrases de feinte indignation. Le
Drian, ministre français de la Défense, a recommandé benoitement à son compère
israélien de « faire preuve de mesure dans sa riposte ». Une
nouvelle série de conférences internationales est convoquée pour pérorer sur la
paix pendant que les bombes continuent à tuer…
L’attitude
des dirigeants de l’Occident impérialiste ne relève pas seulement de
l’hypocrisie. Et ce n’est surtout pas une politique de l’autruche. Leur
politique est sciemment menée, et de longue date.
Les
chefs d’État se succèdent aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni, le parti
démocrate prend la relève du parti républicain, la gauche celle de la droite,
les conservateurs celle des travaillistes, mais pour mener avec constance la
même politique. Dans ce Moyen-Orient à l’emplacement stratégique, dont nombre
de régions sont gorgées de pétrole, la politique des grandes puissances
impérialistes a toujours été de diviser pour régner, de morceler les
populations, de dresser les États les uns contre les autres, afin de
sauvegarder la mainmise de leurs grands trusts sur les ressources.
Leur
politique a toujours été de lâcher une part des énormes richesses accumulées à
des potentats locaux, de leur vendre des armes pour mener la guerre les uns
contre les autres et, surtout, à leurs propres peuples qui crèvent de pauvreté.
Dans ce
jeu de division, l’État d’Israël a toujours joué un rôle particulier. Il est
l’allié et le bras armé le plus fiable de l’impérialisme contre les peuples
arabes voisins. De surcroît, il permet aux régimes arabes les plus dévoués
eux-mêmes à l’impérialisme, comme l’Arabie saoudite ou les émirats du pétrole,
de dissimuler leur politique réactionnaire derrière des déclamations contre
Israël. Voilà la réalité des rapports impérialistes qui sont derrière les
affrontements fratricides entre deux peuples entremêlés dont l’écrasante
majorité aurait tout intérêt à une cohabitation fraternelle.
Regardons
les images que rapporte la télévision, de ces enfants, femmes et hommes, aux
yeux hagards, qui fuient les bombardements. Pour éloigné que soit le
Moyen-Orient, il n’en est pas moins bien près de nous.
Le
foyer de tension qu’il est n’a de spécifique que sa permanence. Mais de l’Irak
à l’Afrique en passant par la Syrie, combien d’autres zones de guerre
surgissent, où des peuples ou des fractions de population sont jetés les uns
contre les autres au nom du nationalisme, de l’ethnisme ou de la
religion ? Même lorsqu’un impérialisme se pose en pacificateur, comme le
nôtre en Centrafrique ou au Mali, il est en fait un pompier pyromane.
Le
capitalisme, ce n’est pas seulement l’exploitation, l’oppression,
l’accroissement des inégalités, c’est aussi l’impérialisme. Les guerres dont il
est porteur menacent toute l’humanité.